L’immigration dans le nouvel esprit du capitaliste

Une introduction sociologique à la problématique de l’immigration 

La première activité humaine que l’individu apprend est d’abord se déplacer, aller vers les choses. Dans les discours actuels du monde des politiques, des médias, des citoyens classiques comme vous et moi, l’immigration est liée à des concepts qui font l’objet de réflexion. Dans la conception actuelle, le migrant est l’incarnation du mal dans toutes ses formes : allophone, pauvre, refugié́, clandestin, étranger, criminel. Les lignes qui vont suivre ne sont qu’un descriptif du processus actuel de l’immigration.

En faisant une sociologie de l’immigration nous pourrions constater des variables suivantes.  Cette analyse serait crédible à partir du moment où nous prenons conscience de faire une critique sociologique de l’économie de l’immigration en suivant une méthodologie empiriquement dialectique (entre les deux concepts Nord-Sud). Le point rouge se situe au niveau du rapport à l’espace économique lui-même régi par « la division économique des nations ». Le terme « pays du sud » « pays du nord » n’est pas un fait du hasard. La logique est de diviser, sélectionner, opprimer et mettre en concurrence.  La différence entre les individus ou groupe d’individus est toujours d’ordre économique et c’est à partir de là que nous pouvons appréhender la véritable conscience humaine déterminant sa vie sociale. Pour dire simple, le comportement humain dans un monde capitaliste n’est que le reflet des conditions économiques d’une société, d’un groupe social et de l’individu lui-même. Nous sommes tous contraints d’être productifs pour faire fonctionner le cœur du capital et être utiles à la société. Notre part entière dans le partage du capital « économique » est mesurée en fonction de notre place dans les rapports de production. Les rapports de production ne sont pas simplement une récompense directe de notre implication dans le travail ou dans la production des biens, mais ils sont parfois les biens faits de l’usage de nos différents capitaux : culturel, social et même économique.

 

Face à cette matrice « capitale-monnaie », nous pouvons maintenant expliciter le sort de l’immigration qui ne peut pas en faire abstraction.  Dans un monde où l’argent est l’essence de la vie, où les idéaux sont conçus dans un cadre matérialiste, où les décisions concernant l’avenir des nations proviennent de la volonté d’une minorité « légitimée », nous marchons inconsciemment sur la braise. Quand on parle de l’immigration au travers des relais d’information officiels il est désolant de voir tous ces spécialistes, scientifiques ayant des discours indifférents aux principales caractéristique de ce phénomène. A travers le processus précédemment décrit, nous dirions que l’immigration devenue comme problème, est l’une des failles visibles de l’économie mondiale et de la division internationale du travail. Dans ce contexte, l’immigration n’est autre chose qu’un fait social situé dans un espace à la fois géographique, économie et politique très polarisé (nord-sud). Forcément, la logique de la dépendance et de la domination s’impose étant donné que les règles économiques sont établies par les pays du nord et cela en leur faveur. Il est sans conteste qu’aujourd’hui l’imaginaire capitaliste est égale à produire et s’enrichir même si cela peut coûter la vie à d’autres personnes. Dans le même contexte nous pouvons dire ceci : les pays du nord produisent avec la pénétration capitaliste dans les régions du sud une déstructuration des systèmes de production existants dans ces pays. Actuellement, selon toutes les bonnes consciences, la situation privilégiée du nord se nourrit du faible développement du sud. L’immigration est alors le fruit de ce décalage, et c’est aussi ce qui maintient, voire accélère le processus migratoire et la dépendance du sud face au nord. Donc vision qui s’écarte du push and pull car il y a la problématique de décalage économique, et non pas différentiel de revenu comme on nous laisse croire aujourd’hui. Suite à cette sauvagerie économique causée par le nouvel esprit du capitalisme, il existe actuellement une forte concentration de la misère dans les pays du sud et le fait de se déplacer n’est qu’une forme de réponse parmi tant d’autres pour minimiser ces risques liés à la vie des ressortissants de ces pays. Donc la principale caractéristique de l’immigré n’est autre chose qu’une personne qui abandonne un présent pour un futur incertain. La construction d’une vie humaine ne se fait pas en un seul jour ni dans un seul espace.

En somme, en situant l’immigration dans la cartographie actuelle de partage du capital, l’immigré serait une personne qui agit directement aux pratiques qu’elle subit dans son pays d’origine. Ce qu’il faut savoir, l’immigration n’est pas un acte volontaire, pensé, mais un acte forcé qui dévient mécaniquement exécutable suite à des réalités socio-économiques du pays d’origine. Alors, l’appel est lancé à toute personne (spécialiste, scientifique) qui ont fait de l’immigration leur objet d’étude de pouvoir regarder le monde dans sa globalité, dans ses réalités socio-économiques.  Aujourd’hui, si nous essayons d’établir une autre grille d’analyse, les problèmes liés à l’immigration sont ailleurs et le monde des spécialistes ne serait point victorieux tant que cette énigme reste non-résolue. Une solution est valable : il s’agirait de casser le formalisme scientifique, de sortir des écoles de pensée qui s’inscrivent dans la même ligne que la doxa dominante (pensée unique) du système actuel. Soyons tout simplement objectifs et cette analyse s’inscrit dans une logique de continuité car le chemin est sans fin pour pouvoir étudier l’immigration dans ses diverses formes.

La vie d’un immigré n’est que le fruit de son quotidien, il est la seule personne qui connaît le fond de ce qu’il traverse.

 

Bouka Niaré

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