Le film “TIMBUKTU” : une idéalisation des Touaregs ?


TIMBUKTU est un film d’Abderrahmane Sissako, réalisateur mauritanien qui a grandi au Mali. Il a entre autre réalisé le film BAMAKO avec Aissa MAIGA.

TIMBUKTU est sorti dans les salles en décembre 2014. Il s’inspire librement d’évènements qui ont eu lieu au Mali et notamment à TOMBOUCTOU en 2012. Il a été primé au festival de Cannes et nominé aux Oscars.

Ce film porte sur la ville de TOMBOUCTOU tombée entre les mains des islamistes, le nom du groupe en question ne sera jamais énoncé dans le film.

On ne parle pas non plus du MNLA qui a pourtant été un acteur des troubles du Nord Mali.

On y suit principalement la vie de la famille de touareg Kidane, famille sans histoire qui vit en périphérie de la ville et n’est pas concernée par les évènements. La terreur ne la concerne pas jusqu’à ce qu’un des membres ne tue avec une arme à feu, un pêcheur, Amadou, qui avait tué sa vache préférée. Incapable de payer le prix du sang, il sera condamné à mort par les occupants.

Ce film illustre la stupidité de ces soi-disant combattants de Dieu venus d’ailleurs qui viennent imposer des règles surannées dans un lieu qui n’est pas le leur. Un bon nombre d’entre eux n’est même pas malien (libyen, arabe, nous avons même un jeune avec un accent français)

Avant d’aller voir ce film, j’ai lu la critique assez virulente qui avait été faite par Faty, du blog « les nouvelles du Mali » que je vous invite à visiter via le lien suivant : http://faty.mondoblog.org/2014/05/16/le-timbuktu-de-sissako-nest-pas-le-tombouctou-ou-je-vis/

Sa critique m’a semblé pertinente dans la mesure où elle était présente en 2012 à Tombouctou, lieu et période recouverts par le film. Elle y dénonce les mensonges et approximations du cinéaste, la place de choix laissée aux Touaregs, la dénaturation et la transformation des faits.

Elle semble reprocher principalement au réalisateur d’être mauritanien, de spoiler l’histoire et d’effacer le fait que les soulèvements dans le nord étaient d’abord le fait de Touaregs.

On a effectivement une sorte d’idéalisation des Touaregs dans ce film et certains membres du groupe occupant Touaregs finissent par vous être sympathiques si vous n’y prêtez pas attention.

On retiendra principalement cette phrase de la bloggeuse: « ce film illustre parfaitement le holdup dont nous faisons l’objet au nord du Mali, les touaregs se révoltent, invitent tous les bandits du Sahara sur nos terres et ce sont eux qui deviennent les victimes de l’oppression, du racisme ».

Sur ce point, je ne saurais contredire cette jeune femme encore que je ne pense pas qu’il soit question de racisme contre les touaregs dans ce film.

Des questions me viennent tout de même à l’esprit : tous les touaregs sont-ils indépendantistes ? Soutiennent-ils tous le MNLA ? N’y a-t-il donc pas eu de touaregs victimes de l’occupation ?

Je pense qu’il est important de ne pas stigmatiser toute une part de la population.

Dans ce film, s’il est vrai que les Touaregs ne sont pas montrés du doigt, que les faits ne sont pas exactement retranscrits, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’un film. Un film qui vise à dénoncer en premier lieu.

Une dénonciation de ces hommes qui interdisent de jouer au foot, comme si l’Islam l’interdisait, mais qui parlent des joueurs de clubs européens ; Qui entrent dans une mosquée armés et avec leurs chaussures ; Qui interdisent de fumer mais fument en cachette ; Qui interdisent les relations hors mariage mais vont voir des femmes mariées une fois leur mari partis ; Qui procèdent à des mariages forcés contre l’avis des parents de la jeune fille ; Qui, au début du film, chassent une biche avec des kalachnikovs et en jeep.

Armes qui seront par ailleurs très présentes tout au long du film comme pour y dénoncer leur violence.

Ces éléments, vrais ou inventés, nous montrent que finalement le Djihad, le nom de Dieu n’est qu’une couverture pour ces individus. Ce film dénonce la violence et le manque de discernement, les contradictions qui caractérisent ces groupes. Il souligne le courage des femmes sur place.

A travers  ce film, sans prendre en compte la légitimité ou non de Sissoko, j’ai d’abord vu une dénonciation de la situation.

La mise en exergue du courage des femmes. De cette vendeuse de poisson, qui ose tenir tête à ceux qui tentent de lui imposer de porter des gants.

De cette femme qui chante alors qu’elle est fouettée pour avoir, entre autres, fait de la musique.

Bien sûr on aurait aimé que ce film soit plus proche des faits réels. Bien sûr qu’il semble manquer d’objectivité en ce qui concerne le rôle, j’ose le dire, d’une poignée de touaregs mais je pense qu’il y a également certains points positifs qu’il était important de souligner.

Certains touaregs se considèrent comme maliens, il est important de le rappeler.

 

Kankou Soukouna

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