Itinéraire d’un jeune diplômé français au Sénégal

Habituellement les personnes se battent pour quitter l’Afrique et aller vivre dans en Europe ou dans d’autres pays développés. Dans mon cas c’est exactement l’inverse.  On peut se demander pourquoi. Qu’est ce qui peux pousser un jeune français d’origine malienne diplômé à immigrer en Afrique ou même à faire son stage la bas ? Qu’est ce que je pourrais apprendre la bas ? Et surtout qu’est ce que cela va m’apporter ?

Actuellement je suis étudiant en Master 2 dans le commerce et les relations internationales, avant j’avais étudié l’entrepreneuriat. Ce qui me donnait un profil assez polyvalent.  Pour valider mon master il me fallait faire un stage.  Etant donné que c’est ma dernière année en tant qu’étudiant j’étais face à deux obstacles. Le premier est de trouver un stage en rapport avec ma formation, le second est d’obtenir un stage suffisamment intéressant et long pour avoir une expérience reconnue et pour pouvoir espérer par la suite obtenir un emploi.

J’avais d’énormes difficultés à trouver un stage, car même pour les stages on demande la plupart du temps de l’expérience et certaines entreprises excluent les universitaires comme postulants.

Et je commençais à rentrer dans un cercle vicieux, je ne trouve pas de stage car je n’ai pas d’expérience, je n’ai pas d’expérience car je n’ai pas de stage. Mes seules possibilités étaient de travailler dans les  jobs précaires.

Le manque de réponses et l’absence de réponses à mescandidatures minaient mon moral. Je commençais à douter de moi. Est ce je suis compétant ? Est ce que j’ai des compétences ? Est ce que mes diplômes servent à quelque chose ? Est ce que je sers à quelque chose.  En attendant de trouver un stage, j’essayais de trouver aussi un emploi. Mais c’était sans doute pire. On demandait  exclusivement de l’expérience même pour des jobs  moins qualifiés. Les seules propositions que j’avais étaient des emplois précaires. Ensuite à force de patience j’ai été convoqué à deux entretiens pour des stages.  Malheureusement pour moi aucun n’aboutis à un résultat positif.  Dans le premier cas, l’entreprise reporta la période de stage ce qui ne m’arrangea pas. Dans le second cas, j’aurais manqué de dynamisme pendant l’entretient.

C’est peut être vrai le premier était dans un secteur qui m’intéressais plus, les NTIC et offrait la possibilité de voyager au Congo ce qui était beaucoup plus intéressant pour moi. Tandis que le second était dans un secteur qui m’attirais moins. Ce n’était pas un secteur auquel j’aurais refusé de travailler. Mais inconsciemment je n’ai pas du afficher la même détermination et donc je n’ai pas pu travailler à convaincre mes recruteurs. En additionnant mon caractère introverti et m’a peur d’échoué à l’entretient la somme a sans doute du jouer en ma défaveur.

Cette succession d’échec n’ébranla pas ma détermination et grâce à ma vie associative que je menais avec RP Medias, j’arrivais à tenir le coup mentalement. Puis j’aperçu une offre de stage d’une organisation que j’admirais ainsi que le fondateur : GIVE 1 Project. Elle recherchait un gérant pour un incubateur d’entreprise.  Malgré que le poste soit basé à Dakar je décida de tenter ma chance.  Mon profil correspondait bien à l’offre et en plus ils ne demandaient pas d’expérience. J’avais plusieurs raisons de postuler à cette offre, elle répondait à mes besoins professionnels et personnels. J’ai pu décrocher un entretien et par la suite obtenir le poste.

Je voulais à tous pris participer à cette aventure. L’incubateur est une structure d’entreprise qui accompagne les porteurs de projets dans la création de leur entreprise. Cette structure forme, coach, met en relations et finance les incubés.  Ce qui me motivait à intégrer ce projet c’était qu’il me permettait de répondre à mes ambitions. Je voulais aider l’Afrique, et j’estimais que la manière la plus efficace d’aider l’Afrique est de l’aider économiquement et donc de devenir un chef d’entreprise qui créer de la richesse et de l’emploi. C’était ça qui m’avait poussé à vouloir devenir entrepreneur. Essayer de changer les choses à ma propre échelle.  Rejoindre une organisation qui promeut cet entrepreneuriat social était une motivation supplémentaire.

Ainsi je débarquais dans un nouvel environnement celui d’un pays développé mais saturée en terme d’avenir pour les jeunes pour passer dans un pays sous développé mais qui offre de belles perspectives d’avenir.

L’un des premiers constats que je pouvais faire c’était que l’on pouvais trouver à Dakar tout ce qu’on pouvais voir à Paris. Il n’y a plus d’écart technologique comme auparavant, les jeunes ont mêmes des IPhone que je n’ai pas.  Le deuxième constat, la jeunesse éduquée n’a plus de complexe vis à vis des Français. La France n’est plus perçue comme un Eldorado ou ça vaut la peine de risquer sa vie pour y parvenir. Désormais les jeunes leaders préfèrent construire leur avenir au pays.

Cependant tout n’est  pas roses, malgré que le Sénégal a accès aux nouvelles technologies et bénéficie d’une jeunesse éduquée et talentueuse il reste de nombreux points à améliorer.

Il y’a un fort taux de chômage (en particulier chez les jeunes)car les entreprises et l’état ne peuvent fournir assez d’emplois pour l’ensemble de la population.

Mais contrairement à la France il y’a tout à faire, les marchés sont loin d’être saturés.

Donc il est nécessaire de créer des entreprises qui répondront aux besoins non satisfait et qui permettront de créer de l’emploi. Cependant au Sénégal il manque des structures qui accompagnent ces porteurs de projets. C’est dans ce contexte que l’incubateur que j’ai rejoins a été créer.

Ainsi ma mission est d’accompagner et de former les créateurs d’entreprises.

Pendant cette mission j’ai put connaître les réalités sénégalaises dans les affaires et notamment les freins qui minent à l’entrepreneuriat.

Le Sénégal a hérité de certaines tares la culture française qui est la peur du risque, le désire d’être fonctionnaire pour avoir un emploi «  sûre  » ou de travailler dans une grosse entreprises après avoir finis ses études.

Plus d’autres tares locales comme la pression familiale pour abandonner l’entrepreneuriat. La majorité s’attend à ce que l’enfant après ses études tente un concours pour rentrer dans l’administration ou s’intègrent dans une boite. Mais ce temps où l’avenir est tracé est bel et bien fini. On décourage les gens à prendre des risques même s’ils sont mesurés. Et les personnes aussi ne partagent pas la vision sur le long terme que peut avoir l’entrepreneur. Pire encore certains sabotent des potentiels busines en copiant mal. Et bien entendu le manque de moyen.

Cependant mon séjour m’a permis de découvrir une jeunesse qui avait la volonté d’entreprendre, de changer leur avenir. Cette jeunesse pragmatique met en place des petits projets réalistes qui répondent à un problème donné tout en adaptant leur concept à la réalité locale. C’est aussi l’une des raisons qui m’a poussé à venir. Chaque problème que l’on peut rencontrer dans notre vie courante n’est pas un obstacle  mais justement un nouveau moyen de conquérir un marché.

Je me sens plus utile, je peux utiliser mes compétences et ce qui me réconforte c’est que mon travail a un impact sur le développement du pays.

J’encourage les personnes qui ont des difficultés à trouver un emploi ou un stage comme moi, ou encore un emploi à la hauteur de leurs compétences de revenir en Afrique. Toutes les grandes nations se préparent à s’attaquer au géant gâteaux qu’il y’a en Afrique. Je vous conseille africains de la diaspora de mettre de l’argent de coté pour créer vos sociétés et aller conquérir les marchés africains avant que d’autres personnes le fassent à votre place. Si vous ratez cette étape clé, il sera trop tard.

Moussa Mansa WAGUE

Give1 tournée Saint louis Gorée Moi au micro

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