Les maliens de France pris en otage par le HCMF et le CBMF

En France, pays des droits de l’homme, terre de l’hospitalité, patrie de la tolérance vivent de nombreuses diasporas africaines depuis bien des décennies. Le Mali, ami et frère de la mère patrie est largement représenté. La communauté malienne compte environ 120 000 personnes (source : Ambassade du Mali en France). Une partie de cette population s’est regroupée en fédérations d’associations, en associations ou en conseils.
Il est bien connu que la Diaspora malienne est représentée par un nombre affolant d’associations et consort. Aujourd’hui, deux d’entre elles nous intéressent : le Haut Conseil des Maliens de France (HCMF) et le Conseil de Base des Maliens de France (CBMF).
Tout a commencé lors de la Conférence Nationale de 1991, où il a été décidé de créer le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME). Le HCME est décrit comme un organe consultatif à caractère associatif, apolitique, laïc, non discriminatoire et à but non lucratif. (Source : Wikipédia)
Ensuite fut décidé de créer un Haut Conseil des Maliens dans chaque pays où il y avait une forte concentration de maliens, d’où la naissance du Haut Conseil des Maliens de France en 1998.
Le Haut Conseil des Maliens de France (HCMF) se décrit aujourd’hui comme étant une fédération d’associations. Ces associations sont constituées par des personnes originaires du Mali. Né en 1998, basé en Ile de France mais ayant des représentants en province, le HCMF représente à lui seul 380 associations en France.
Leur mission principale : représenter les maliens de France auprès des instances et des institutions maliennes.
Monsieur Hamedy Diarra en est à sa tête depuis un peu plus d’un an. A l’image du Président malien, le bureau du Haut Conseil compte plus de 50 personnes. Malheureusement, aucun membre n’a été affecté à la représentation des maliens présents hors de la région parisienne. Ces derniers se plaignent de leur non représentabilité au sein des structures maliennes françaises.

Le HCMF ne doit-il pas représenter tous les maliens de France sans exception et sans distinctions ?
Quand des compatriotes dormaient dans les rues de Montreuil, quand des maliens se faisaient violenter parce qu’ils n’ont pas de papiers, quand des maliens dénonçaient les massacres, tortures, violences faites à leurs frères et sœurs au pays, quand tout simplement le peuple malien de France avait besoin d’eux, nous n’avons pas eu la chance de constater la présence des dirigeants de cette structure.
Paradoxalement, ils sont présents à chaque visite officielle malienne en France : lors de la venue de Son Excellence Monsieur le Président de la République du Mali Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta, de Monsieur Moussa Mara, ancien Premier Ministre ou celle de Tiéman Hubert Coulibaly alors Ministre de l’urbanisme et de la politique de la ville.
Pourquoi donc aucun écho de leurs missions en région parisienne ou en province ?
En 2008, suite à des querelles internes de leadership au sein du Haut Conseil des Maliens de France, naquit le Conseil de Base des Maliens de France (CBMF) Des médiations avaient été mises en place, sans succès. La création du CBMF était donc inévitable. Une très belle image de cohésion fut envoyée aux maliens !
Le principal objectif du CBMF est décrit comme suit : « rassembler tous les maliens de France sans distinction d’origine ethnique, régionale, confessionnelle, sociale ou de sexe et les soutenir dans leurs actions d’insertion en France »
Suite à ces mésententes, mais surtout suite à la création d’une structure concurrente, le CBMF favorisera une division au sein même de la communauté. Elle enverra des mauvais signaux et désolidarisera une bonne partie de la diaspora de France. En 2009, la sanction tombe de Bamako : le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur décide de ne plus reconnaître la structure du CBMF comme étant représentative des maliens de France.
Cette fédération est donc illégitime et est censée être dissoute il y a déjà plus d’un an pour fusionner avec son meilleur ami de toujours le HCMF ! Cette décision fut d’ailleurs entérinée à la Bourse du Travail de Paris. C’était un jour d’été, les oiseaux chantaient et les hommes étaient heureux ! Toutes les conditions étaient réunies pour une belle journée. Un homme était arrivé spécialement de Bamako pour l’occasion. Il avait pour mission principale de réunir à nouveau les deux meilleurs fédérations d’associations maliennes en une seule. Il fut chaleureusement applaudit et remercié par une poignée de main historique.

Malheureusement le succès fut de courte durée. Suite à l’organisation de l’élection du nouveau Président des deux entités fraichement rabibochées, Monsieur Hamedy DIARRA, alors Président du HCMF est devenu le Président de l’union du HCMF et du CBMF. Malgré cette victoire et la venue du chargé de mission de Bamako, le CBMF existe toujours. A sa tête Monsieur Mahamadou CISSÉ. Il a plus de 70 collaborateurs fraichement investis d’une mission similaire aux précédentes. Il y a donc une volonté d’exister en dépit du fait que la dissolution aurait dû être effective dès la signature du document.

Quelles sont donc leurs motivations ? Seuls eux les connaissent ! Malgré leur désamour, le HCMF et le CBMF ont des points communs décrivant parfaitement leur état d’esprit : ils brillent par leur absence sur la question de la crise malienne et sont des instances hautement politisées. Hamedy DIARRA ne jure que par les intérêts de L’ADEMA et Mahamadou CISSÉ par ceux du PARENA.

La rédaction RP Médias leur a d’ailleurs proposé à plusieurs reprises un débat pour expliquer aux maliens les raisons de leurs éternel désaccord. Le mutisme fut leur seule réponse.

La diaspora malienne de France est donc prise en otage par des associations qui répondent à d’autres logiques. A quand la cohésion ?

Les dénonciateurs d’un camp sont aussi les imitateurs de l’autre. A trop vouloir briller, bon nombre y perdent leurs ailes. La solidarité, la fraternité qui a fait le Mali n’est plus. Il serait sans doute temps de revenir à l’essentiel ?

 

Mariam Sissoko

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