Discours à la nation de IBK suite au drame de Mina: c’est de la concurrence déloyale aux imams

Plus d’une semaine après le drame de Mina qui a vu selon plusieurs sources la mort brutale par bousculade d’environ 700 pèlerins dont une soixantaine de maliens, le président de la république du Mali a daigné se fendre d’un discours à la nation. Comme à son habitude, IBK ne s’aligne jamais sur l’opinion malienne, il est passé expert dans l’art du contre-courant. Certes des journées de deuil national ont été décrétées mais ce n’est pas suffisant. Des pèlerins maliens ont déboursés des sommes astronomiques pour le pouvoir d’achat de la majorité des maliens. Ces pèlerins ont tous pris des billets aller/retour dans l’espoir de rentrer au Mali après le hadj pour raconter leurs expériences. En tout cas, le rêve de chaque musulman est de faire le hadj et de revenir dans son lieu de vie pour continuer à vivre. Une soixantaine de maliens ne rentrerons jamais pour embrasser leurs familles, leurs remettre les souvenirs du hadj et raconter ce qu’ils ont vu lors du plus grand rassemblement humain en période de paix. Oui le hadj représente la plus grande logistique humaine hors période de guerre.

Le fait que le président IBK prenne la parole pour exprimer la tristesse de la nation face à ce drame est à saluer même s’il aurait dû le faire 72heures maximum après le drame. Son discours n’a rien à envier à celui d’un imam ou d’un prêcheur. On peut se demander s’il a écrit tout seul son discours ou si c’est Mahamoud Dicko qui a rédigé ce discours creux venant d’un chef d’état. Il présente ce drame comme le fruit de la fatalité qu’il faut accepter sans broncher. La responsabilité des organisateurs du hadj est dénoncée par des pèlerins et par l’Iran qui pourtant est culturellement plus proche des saoudiens que les descendants de Soundjata Keita. Dans son discours, le président IBK ne fait pas cas de la responsabilité de l’Arabie Saoudite dans ce drame. Que ce soit pour le hadj ou pour du tourisme, la responsabilité de la sécurité des étrangers présents sur le sol saoudien incombe aux saoudiens. En affirmant que la bousculade est de la faute des pèlerins d’origine africaine sans attendre les conclusions de la commission d’enquête créée, les autorités saoudiennes ont montrés le caractère condescendant et raciste de leurs rapports avec le continent africain. En accusant le pèlerin africain, ceux du Mali sont de fait accusés d’avoir créé les conditions nécessaires de leur propre mort. Le président IBK aurait dû dans son discours défendre la mémoire des siens.

Nous avons en mémoire le président en évoquant le jeune Damien Boiteux et tous ces soldats français tués sur le sol malien. le président IBK a toujours exprimé une certaine profonde douleur au point de verser des larmes toutes les fois où il a évoqué ces morts français. Qu’il soit émotif compulsif ou acteur studio, cela peut se comprendre et se repecter et d’ailleurs on ne doit pas juger un homme selon qu’il soit émotif. Ce qui devient insultant pour les maliens c’est le “deux poids deux mesures” décomplexé instauré par le président IBK qui ne pleure que les morts de couleur blanche et français. Chaque malien se souvient du nom des soldats français morts au combat au Mali mais personne n’a entendu le président malien prononcer le nom d’une victime malienne de la guerre, aucune famille de défunt n’a été visitée pourtant à 6000 kilomètres de Bamako IBK est venu pleurer les morts français de Charlie hebdo et de l’épicerie kasher qui ne sont ni mort au Mali ni mort pour le Mali.

La soixantaine de morts maliens et la trentaine de blessés du hadj 2015 ne dérogeront pas à la règle des discours du président. C’est ce qui s’appelle une formalité dans les règles de l’art. La fatalité ne saurait expliquer le laxisme et la condescendance des saoudiens envers les pèlerins africains et maliens. Demander aux maliens d’accepter de payer des sommes aussi importantes pour aller mourir dans les conditions du hadj 2015 est une fuite devant ses responsabilités. C’est une entreprise de construction du malien définitivement passif. Le Mali n’a pas paraphé d’accord de paix avec l’Arabie Saoudite au point d’être obligé de se taire face à cette boucherie hallal. Personne ne détient la liste des entrants au paradis, alors faire croire aux maliens que tous ces morts l’ont été sur la voie de la foi et qu’ils entreront au paradis est un raccourcit inacceptable. Si IBK avait la liste des élus au paradis, hollande serait premier sur cette liste et les maliens n’y seraient pas forcement second. Si le prix du paradis avait été fixé à deux millions par IBK, certainement dieu lui-même n’est pas au courant et vu le niveau de l’inflation, ça reviendrait très abordable le mètre carré du paradis.

Un discours digne d’un imam et qui ne sied pas à un chef d’état d’un pays qui se dit laïque.  Le président malien étant dans l’esprit Charlie, il n’a pas le droit d’accuser dieu pour un acte causé par l’irresponsabilité des pétro dollar pour qui le hadj n’est ni plus ni moins qu’un business du tourisme. Il est temps de cesser de voir les maliens comme des gueux. Ils méritent plus de vérité et plus d’action que ça. La soumission et la passivité sont un cocktail qui mène au fanatisme et à l’obscurantisme.   Le président gagnerait à muscler ses discours un minimum et à donner plus de place aux maliens pour un peu de dignité. Il doit accorder plus de respect aux morts maliens qui l’ont élu. Il aurait été bienvenu de parler de justice, d’enquête et remise en cause de ceux qui ont le clé du hadj. IBK est de passage alors que le Mali sera…

 

Elijah de BLA

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