Bousculade meurtrière à Mina : à qui la faute ?

En ce jour d’Aïd el Adha, on peut dire qu’à Mina la grande fête du sacrifice porte bien son nom puisque plus de 717 pèlerins ont perdu la vie après une bousculade meurtrière. 
 
En sachant que deux semaines auparavant d’autres pèlerins ont été blessés ou ont perdu la vie à la suite de la chute d’une grue, on aurait pu penser que des mesures furent mises en place pour améliorer la sécurité des pèlerins. 
 
Le royaume saoudien va mener une enquête et se réorganiser afin de mettre en place des mesures qui vont améliorer la sécurité. Ce qui est normal face à ce type de situation. Par contre ce qui est n’est pas normal, c’est de fuir ses responsabilités. 
 
Le prince, suite à l’incident, a affirmé qu’une enquête allait être ouverte pour connaître les causes exactes de la bousculade. Cependant, le responsable du Hadj connaît déjà la cause de la bousculade meurtrière. Il affirme en effet que celle-ci a été provoquée par « des pèlerins de nationalité africaine» (bien entendu l’Afrique est un pays). Le chef du comité iranien du Hadj est lui même surpris qu’on accuse les pèlerins africains de ce drame alors qu’il est évident que cette catastrophe est due à une mauvaise organisation. 
 
Pour commencer, lorsqu’un incident se déroule, c’est l’hôte qui est responsable en principe. Ainsi, l’hôte est sensé assurer la sécurité de ses invités lorsqu’il les reçoit. Dans ce cas-ci le Royaume Saoudien est responsable de la sécurité des pèlerins visiteurs. 
 
De plus, il ne suffit pas de donner des instructions ou des règles pour qu’elles soient respectées. L’état hôte doit appliquer les mesures sécuritaires qu’il juge nécessaire pour la sécurité de tous ses invités. Ce qui n’est malheureusement pas le cas à Mina. On ne voit jamais ce genre d’incident à Rome. 
 
L’autorité religieuse accuse donc les pèlerins africains de ne pas avoir respecté les mesures sécuritaires (en ne respectant pas le planning de circulation). On peut dès lors se poser deux questions :
–  Quelles mesures le royaume saoudien a t-il mis en place pour bien veiller à ce qu’elles soient respectées ?
–  Dans le cas où elles ne seraient pas respectées, quelles sanctions ont-ils mis en place envers les personnes qui ne respecteront pas ces mesures ?
Il n’y a aucun éléments de réponse à ce niveau là.  C’est comme si rien n’avait été prévu ou fait pour gérer ce type de problème.
L’autre facteur aggravant pour le royaume Saoudien est que l’une des voies d’accès aux stèles a été fermée sans explications. Pourquoi fermer une voix d’accès en sachant que le nombre de voyageurs va augmenter ?
Le royaume saoudien sait qu’il va accueillir de plus en plus de pèlerins, il connaît le nombre de personnes qui accèdera à son territoire et dans la ville sainte. Il a même la possibilité de limiter le nombre de pèlerins en diminuant le nombre de visas s’il n’a pas la capacité d’assurer la sécurité de tous.
 
Le Département central de statistiques et d’Informations peut prévoir le nombre de pèlerins futurs. S’ils arrivent à prévoir le nombre de pèlerins futurs, ils devraient mieux gérer cette foule. On peut s‘ interroger sur  la pertinence de fermer une voie d’accès sans explications en sachant que le nombre de pèlerins sera plus important en ce jour de fête. 
 
Pour résumer, l’état saoudien a déjà subi par le passé des drames similaires, donc ce n’est pas la première fois que cela arrive.
L’état saoudien connaît à l’avance le nombre de pèlerins qui va arriver donc l’état a la possibilité d’anticiper les problèmes logistiques en amont et donc de prendre les bonnes mesures adéquates.
Il y a deux semaines une grue est tombée à la Mecque. 
 
Malgré toutes ces informations, les bonnes mesures ne sont pas prises et on préfère investir sur le confort plutôt que sur la sécurité. On va préférer rejeter la faute sur les pèlerins qui eux n’ont pas toutes ces informations. 
 
Quel est l’intérêt d’accuser les pèlerins africains alors qu’il est clairement évident que la cause est une mauvaise organisation ? La question reste entière.
Mansa Moussa

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