Bénin: Patrice sur ses talons à l’Elysée pour sa première visite de chef d’état

Patrice Talon le nouveau président béninois a effectué sa première
visite de chef d’état  à Paris le 26 avril dernier, choix étonnant pour le
candidat  de la « rupture ». En effet sa campagne fut menée sur ce
thème en opposition aux dix années effectuées par Yayi Boni au
pouvoir.

Les années Yayi Boni furent marquées par le lancement de grands
projets d’infrastructures qui restent inachevés à ce jour (routes,
centrale électrique, aéroport, développement du port, reconstruction
du marché international Dantokpa…), une corruption en constante
augmentation et un recul des droits de l’homme. Le taux de chômage
frôle les 40% et celui-ci touche essentiellement les jeunes diplômés
qui se voient obligés pour la majorité de travailler dans
l’informel.

C’est avec consternation que nous avons observé un rapprochement
évident avec  la France au cours de la dernière année de son mandat.
On se souvient tous des larmes du président béninois lors de la marche
pour les attentats de Charlie hebdo ainsi que sa tenue tricolore et des
trois jours de deuil nationales qui ont accompagné cet événement pour
ne citer que ces gestes de sympathie.

Et pour couronner le tout il a nommé à quelques mois des élections un
premier ministre réputé pour défendre les intérêts français sur le
continent africain.

Le choix de Patrice Talon par les béninois fut essentiellement motivé
par le besoin de « rupture », la volonté d’être dirigé par un
homme se mobilisant pour l’intérêt national et non celui de
l’ancienne puissance coloniale. Les béninois attendent du nouveau
président qu’il donne une véritable impulsion au pays et qu’ils
collaborent avec les états voisins. L’économie du Bénin repose
beaucoup sur le Nigéria, et l’insécurité dont souffre la
sous-région à cause des groupes terroristes exigent un travail de
coopération avec ses voisins.

C’est donc dans les différentes capitales des pays frontaliers que
Patrice Talon devrait être reçu afin de mettre en place cette
politique de « rupture ». Pourquoi se rendre à Paris aussitôt élu?

Pourtant cette visite semble être un signe avant coureur du
rétropédalage du président Talon sur sa volonté de rupture
compte-tenue des propos tenus lors de la conférence de presse conjointe
avec le président Hollande. En effet il a tenus les propos suivants :
«_NOUS VOUDRIONS COMPTER SUR LA COOPÉRATION FRANÇAISE POUR NOUS
APPUYER, POUR NOUS DONNER LES MOYENS D’ACHETER, DE PAYER DE
RÉMUNÉRER LA COMPÉTENCE, QUEL QUE SOIT LE PRIX (…)NOUS VOULONS
POUVOIR COMPTER SUR VOUS POUR NOUS APPORTER, POUR NOUS DONNER DES
CADRES, DE L’ASSISTANCE TECHNIQUE PENDANT QUELQUES MOIS, QUELQUES
ANNÉES, LE TEMPS QUE NOUS PARVENONS NOUS-MÊMES, À FORMER LES CADRES
DONT NOUS AVONS BESOIN_ ». Cela ressemble plus à un appel au secours
en direction de la France plutôt qu’une demande de rupture. Les
béninois ont été outrés par ces propos qui sont presque insultant en
vers toute une nation et se demande maintenant vers quelle orientation
le nouveau président va vraiment mener le pays.

Dans la région le Sénégal et la Guinée ont été confrontés à la
même situation lors des élections ayant menés au pouvoir Macky Sall
et Alpha Condé, et le bilan de ces deux présidents restent mitigés.

En ce qui concerne la Guinée, le pays a traversé une importante crise
à cause de la mauvaise gestion de l’épidémie d’Ebola, d’un chef
d’état concentrant la majorité du pouvoir ou bien encore une
transition interminable (un retard de presque deux ans concernant les
élections législatives entachées de violences qui ont causées la
mort de 50 personnes). Quant au Sénégal le bilan est bien plus
encourageant, le gouvernement de Macky Sall a mis en place fin 2012 une
nouvelle stratégie de développement  économique et social pour la
période de 2013 à 2017 appelé « Plan Sénégal émergent ». Des
améliorations importants dans le domaine de la santé (gratuité des
soins pour les moins de 5 ans et les plus de 65 ans, l’attribution de
bourse de sécurité sociales aux familles les plus démunies) ainsi que
le contrôle de l’inflation concernant le prix des produits de
premières nécessités.

Mais beaucoup reste encore à faire en matière d’agriculture ou
d’emplois.

Il serait dommage qu’un autre pays tombe à nouveau dans le piège du
vote sanction, les béninois doivent veiller à ce que les promesses de
campagne soient tenues afin d’éviter une autre déception concernant
le choix de celui qui dirige le pays.

Les prochains mois seront très importants en ce qui concerne la
gouvernance du Bénin durant les cinq prochaines années.

Sisi Adouni,

stagiaire

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