Bilan sur le Forum économique international sur l’Afrique

Hier, le 6 octobre 2014, s’est déroulé le forum économique international sur l’Afrique mais en dehors de l’Afrique.

Nous avons eu le droit aux interventions de grandes personnalités politiques africaines. Ces personnalités nous ont expliqué pourquoi l’Afrique est sous-développée. On nous a également expliqué qu’il fallait être optimiste car l’Afrique est un continent jeune qui dispose de beaucoup de ressources et d’énergies potentielles.

Fallait-il réunir un si beau monde pour comprendre que l’Afrique ne pourra pas se développer si elle ne puise pas dans le vivier de sa jeunesse ou encore si elle n’implique pas davantage les femmes dans l’économie ? Fallait-il réunir un si beau monde pour comprendre que l’Afrique doit pratiquer un protectionnisme intelligent plutôt que d’enchainer les privatisations ? Pour constater que l’Afrique doit produire des biens à forte valeur ajoutée et non vendre des matières premières que l’on ne transforme pas ? Qu’il faut privilégier l’accès aux énergies renouvelables ? D’une certaine manière nous n’avons rien appris de nouveau mais seulement entendu une série de constats que l’on connaît tous. Nous connaissons aussi les solutions, mais elles n’ont toujours pas été appliquées.

On entend cette série de constats depuis une dizaine, voire une vingtaine d’années. Si l’on prend un livre traitant du commerce international et datant des années 90, nous arriverons certainement aux mêmes constats et conclusions. Qu’ont fait nos dirigeants depuis ce temps ?

Durant cet évènement, une question fut posée à Carlos Lopes – sous-secrétaire Général et Secrétaire exécutif de la Commission Economique des nations Unies pour l’Afrique (UNECA). Il s’agissait de comprendre ce que les africains allaient faire pour le transfert de technologie. La réponse fut étonnante : il n’y a plus de transfert de technologies à réaliser car celle-ci est déjà accessible en Afrique. Cette réponse est loin de refléter la réalité. Au Sénégal par exemple, les panneaux solaires sont utilisés pour l’éclairage public. Néanmoins, la nuit, on constate l’inefficacité de ces panneaux face à l’obscurité subie.  Cela signifie que la technologie paraît accessible mais n’est pas maitrisée. De plus, l’argumentaire de M. Lopes entre en contradiction avec les constats que l’on a fait : si la technologie était si accessible, l’Afrique serait industrialisée et cesserait d’importer des biens industrialisés. Il a d’ailleurs lui-même souligné l’absurdité d’importer du chocolat alors que l’Afrique est le principal producteur de cacao…

Le forum s’est clôturé avec un discours du Premier ministre du Mali Moussa MARA (vidéo publiée sur le site www.rpmedias.com).

En seconde partie de journée a eu lieu une conférence traitant de la problématique de la sécurité au Sahel.

L’amateurisme de l’armée malienne fut soulignée pendant cette conférence – du moins le fait que qu’elle ne soit pas préparée à la guerre. Il a en effet fallu du temps à l’armée française pour former les FAMA et les rendre à nouveaux opérationnels. Néanmoins, en sortant de cette conférence, nous connaissions de manière claire les positions de chacun (la France et le Mali) : Mara a dénoncé les passe-droits accordés aux groupes rebelles armés qui facilitent le travail des terroristes. La France a quant à elle dénoncé l’amateurisme de l’armée et a rappelé qu’elle était intervenue à la demande du Mali. De plus sa mission n’est pas la sécurité intérieure du Mali mais bien la lutte contre le terrorisme. La Minusma est là pour la « stabilisation » du pays et les FAMA gèrent la sécurité intérieure. Nous avons également appris que la France est prête à collaborer avec tous les acteurs qui amèneraient à la stabilité. Etant donné que certains groupes armés sont considérés ainsi, elle négocie avec ces derniers et pousse le Mali à faire de même.  Maintenant que nous avons eu ces éclaircissements, il n’y aura plus de malentendus sur le rôle et la position de chacun.

Mansa Moussa

 

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