Insécurité et recrudescence des vols avec violence à Bamako : quand nos enfants deviennent des malfrats.

Jadis on entendait dans les rues de Bamako que “la mère d’un malfrat n’a pas eu d’enfant”. Aujourd’hui combien sont ces maliens pouvant tenir ses propos sans penser à un proche ? Ceci est dû à l’effet multiplicateur du nombre de braquages et de braqueurs. D’autant plus que ces derniers sont de plus en plus jeunes et de plus en plus violents.

S’il est vrai que depuis quelques années le phénomène de braquage avec violence parfois meurtrier est inquiétant, il serait judicieux de chercher à comprendre ce phénomène à l’expliquer et surtout à trouver ses racines pour enfin espérer y remédier. Les plus radicaux d’entre nous diront que l’article 320 fera l’affaire, les septiques diront qu’ils sont de connivence avec la police et qu’il n’y a aucune solution possible. Ceux qui se permettent d’espérer diront que l’état doit jouer son rôle en condamnant lourdement ces bandits sans scrupule.

Nous traitons ces individus comme des vulgaires déchets de la société. Ils n’ont de mérite que d’être méprisés et répugnés par tous. La société ne les voit qu’à travers leurs forfaits de malfaiteurs. Indexés du doigt ils sont fils de personnes. Leurs mamans les aiment, mais tel un amour malsain, elles n’osent pas le montrer. Elles sont convaincues d’avoir manqué à leur éducation. Elles culpabilisent à chacun des forfaits de leurs progénitures. Ils ne sont frères de personnes, les autres osent parler de lui devant ses frères comme s’ils n’étaient pas du quartier.

Lorsqu’on constate ce phénomène malheureux, on se pose certaines questions.
Comment on devient ainsi?
Quel est processus qui mène à une telle situation de délinquance généralisée?
Qui sont les véritables responsables?
Ces enfants fils de personnes devenus les toxines de la société sont-ils victimes ou bourreaux?

Nous ne pouvons pas  nous hasarder à répondre à ces questions, mais seulement à émettre quelques éléments pouvant aider à la construction des réponses adéquates à ces questions.
Le système scolaire au Mali est tout sauf un moyen de s’en sortir pour la majorité des enfants maliens. Chaque année ils sont des milliers à être éjectés du système. En 20 ans l’école a été déstructurée et démembrée. Si elle a été longtemps considérée par les parents comme échappatoire pour leurs enfants, de l’école aujourd’hui il ne reste que le souvenir des années où le Mali était un modèle en la matière. Le système s’est pétrifié d’année en année sans que personne ne bouge le petit doigt, des mauvaises politiques ont hypothéqué l’avenir de milliers d’enfants.

Le Mali avec ses différents gouvernements à préparer une bombe à retardement car plus de la moitié de sa jeunesse est désœuvrée.
Cette situation est également du pain béni pour la police. De nombreux policiers ont fait fortune grâce aux grands bandits et certains sont à la solde des hommes politiques. La population est quant à elle exaspérée. Elle a compris la cohésion entre la police et la délinquance. Des bandits arrêtés quelques semaines plutôt se retrouvent en liberté, et, souvent ils retournent sur les lieux de leur forfait.
Dans les quartiers ces voyous sans scrupules suscitent l’administration chez certains enfants pendant qu’ils traumatisent d’autres.

Mais que fait l’état pour endiguer ce fléau? Comment expliquer une telle recrudescence de voles avec violence? Il ne s’agit pas d’un plaidoyer pour défendre l’indéfendable, ou comme certains aiment à le dire, faire l’avocat du diable mais essayer de poser un nouveau regard qui jadis nous ne connaissons pas et de mener une réflexion autours dudit phénomène. Car s’il y a autant de questions auxquelles nous aurons du mal à répondre, mais il convient de se demander si ces jeunes braqueurs, voleurs et meurtriers sont des bourreaux ou tout simplement des victimes d’un système qui ne les a laissés aucune autre issue possible?

Moussa Badjè DOUMBIA

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