Stage : la difficulté des étudiants noirs pour en trouver 

Trouver un stage quand on est noir

Stage : la difficulté des étudiants noirs pour en trouver 

L’origine, le nom de famille, la couleur de peau et la religion restent des facteurs discriminants quand on recherche un emploi ou un stage, particulièrement chez les jeunes, selon un rapport publié par le Défenseur des droits.

« J’ai appréhendé ma recherche de stage. » Janine, 20 ans, est une étudiante d’origine capverdienne qui a cherché un stage pendant des mois. Comme elle, ils sont plus d’1,6 million d’étudiants français à rêver d’être pris dans une entreprise afin d’acquérir une expérience professionnelle. Toutefois, pour les personnes de couleur, c’est un véritable challenge. 

En effet, nous vivons dans un monde où seules les apparences comptent. 

Le physique est d’autant plus important, que nos sociétés véhiculent des canons de beauté. Ainsi, une femme blanche, mince et aux yeux verts aura d’autant plus de chance de trouver un stage ou un emploi qu’une femme noire arborant fièrement son afro. 

Ayant peur d’être écartée trop rapidement, Janine a décidé de mettre en place une stratégie : « Je ne mets pas de photo sur mon CV ou mon portfolio. »

D’autant qu’avec le coronavirus, trouver un stage relève du parcours du combattant. 

Une pandémie qui n’a pas aidé

En 2020, le nombre d’entrées en stages déclarées par les entreprises diminue de 22 % par rapport à 2019. Il chute aux mois de mars, avril et mai, suite au premier confinement lié à la crise sanitaire. Les personnes de moins de 20 ans sont les plus touchées par cette baisse. À l’exception de la santé, la totalité des secteurs d’activité sont affectés. 

Malgré toutes ses contraintes, Janine a pu trouver un stage au sein de l’entreprise Première Vision.C’est un salon de mode situé dans le 5e arrondissement de Paris. Pour elle, « dans le domaine de la mode, c’est déjà très compliqué, en temps normal, de trouver un stage. »  Et la pandémie ne lui a pas rendu la tâche facile : « Forcément, à cause du Covid, des entreprises ont fermé. J’ai fait beaucoup d’entretiens ! »  Explique-t-elle. 

Une fois intégrés, les étudiants noirs se heurtent à une réalité : le manque de diversité dans leurs entreprises. 

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« Je suis la seule noire »

Les recruteurs sont encore nombreux à privilégier des parcours similaires aux leurs pour éviter de se confronter à leurs idées reçues. « Le milieu de la mode est très fermé donc il n’y a pas beaucoup de personnes de couleur. », dénonce Janine. 

« Je suis la seule noire », poursuit-elle. 

Un manque de diversité qui pénalise pourtant les entreprises. En effet, selon une étude réalisée par l’institut Elabe pour la Fondation Mozaïk, 86 % des Français estiment que la diversité sociale, culturelle et ethnique est un atout pour le monde du travail. D’abord, parce qu’elle constitue « un atout pour la créativité et l’innovation » en favorisant la pluralité des points de vue. Mais aussi parce qu’elle « favorise la performance économique de l’entreprise. »

Cependant, le combat pour la diversité en entreprise est loin d’être fini. En effet, 35 % des Français refusent d’en parler. Un chiffre révélé dans une étude publiée par Indeed le 4 février dernier. 

D’après une enquête RégionsJob réalisée en 2015 auprès de 1028 personnes, 85 % des stagiaires considèrent leur stage comme formateur. Sur cet échantillon, seulement 22 % des interrogés ont par la suite trouvé un emploi. Toutefois, en France une personne issue des minorités à quatre fois moins de chance de trouver un travail qu’une personne blanche. 

 

Stella Diabé, stagiaire

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