Soumaila Cissé aurait-il le contrôle de l’UEMOA, la BECEAO et Ecobank Mali ?

Avant de construire une défense ou une accusation contre Soumaila Cissé second poids lourd de la vie politique malienne après le président IBK, il faut rappeler qu’il est fait du même bois que le président et est allé à la même école politique que ce dernier. Ceux qui nourrissent les antagonismes entre ces deux par presse interposée ont oublié que pendant deux décennies ces deux ont cohabité sur le partage sans égal du gâteau Mali. Lors du second tour de la présidentielle en 2013, les maliens avaient le choix entre la peste et choléra.

Une fois qu’on a remis un peu d’ordre dans les archives, on peut analyser l’onde de choc causée par le journal l’Observateur qui accuse le président de l’URD de détournement de fonds à hauteur de 27 milliards de franc CFA. Sans pouvoir avancer les arguments qui confirment ou infirment ces accusation, on peut se pencher sur la forme employée par le journal sénégalais. Un journal qui lâche une telle bombe médiatique ne pouvait pas ignorer l’impact sur l’opinion malienne. En effet le journal ne fournit aucun document et ne fait intervenir aucun témoignage clé pour agrémenter son récit. Le circuit présenté par le jour semble farfelu pour qui connait un minimum le fonctionnement d’une banque centrale. Un individu fut-il ex président de la commission de l’UEMOA ne pourrait détenir un compte courant à la BCEAO. Réussir à transférer 27 milliards de la banque centrale vers un compte courant dans une banque d’affaire relève de l’amateurisme. La banque centrale ne prête pas à un individu, en tout cas pas dans le système bancaire en vigueur en Afrique de l’ouest. Il n’existe pas d’interaction entre un individu et la banque centrale. Si cette opération avait une chance de se réaliser, cela mettrait la lumière sur un autre scandale. Cela signifierait que Soumaila Cissé contrôle aussi bien l’UEMOA qu’il a quitté depuis des années et la banque Ecobank.  Si tel avait été le cas, pourquoi avoir attendu 2016 soit plusieurs années après son départ pour extraire les 27 milliards planqués? Il existe un certain nombre d’incohérences dans le mode opératoire attribué à Soumaila Cissé. L’avenir nous dira si réellement les accusations sont fondées mais elles semblent grotesques.  Le système de gouvernance de l’UEMOA est fait de sorte que les états et leurs ministres de l’économie détiennent le pouvoir et la discrétion sur certaines décisions. Le président du Mali et son ministre de l’économie seraient informés en premier si une telle affaire était en cours. Dans ce cas précis, le gouvernement malien aurait saisi le procureur de la république à moins qu’il accepte une partie du magot pour se taire. A l’inverse, parier sur la bonne moralité des parrains de la pseudo démocratie malienne est de la folie. Si Soumaila Cissé est impliqué dans une affaire de détournement de fonds, le scénario évoqué semble tiré par les cheveux. Tout est possible avec cette caste de politiques mais pas n’importe comment.

Un communiqué de Soumaila Cissé est venu contredire les accusations, il se pourrait que l’accusé en reste là. Si réellement il y a diffamation, la victime doit porter plainte mais connaissant le passé récent de Cissé qui n’a pas porté plainte contre le général Amadou Sanogo qu’il a accusé de lui avoir fêlé des côtes pendant la période de grâce de ce dernier, on peut désespérer.

Les pros IBK qui veulent régler des comptes avec Cissé eu égard à l’opposition entre les deux au second tour de la présidentielle et dans la dualité opposition et majorité présidentielle, sont en retard sur l’histoire. Soumaila Cissé comme tous les cadors de la politique malienne vivent au-dessus de leurs moyens. Ils vivent comme des gens qui ont réussi dans la vie.  Ils incarnent une bourgeoisie politique dont le train de vie et le patrimoine ne reflètent pas la richesse créée à l’échelle nationale et individuelle. Si certains maliens souhaitent mener une guerre contre Cissé, ils n’ont pas besoin du prétexte fourni par le journal sénégalais. Ils peuvent également faire un procès pour gouvernance hasardeuse en compagnie du président IBK pendant trois décennies.  Ce serait une bonne raison de le punir en effet. Pour le « petit monsieur » qui s’est érigé en donneur de leçon au système de gouvernance IBK qui collectionne les pires modèles subit de plein fouet les retombées négatives de cet article qui l’enfonce. Il faudra beaucoup d’eau pour laver cet affront si toute fois les faits ne sont pas confirmés.

 

Elijah de BLA

 

 

 

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