Scanner du Mali: les circonstances de Mars 2012 existent aujourd’hui en Mars 2016

Le déterminisme, base de toutes sciences proclame que dans les mêmes  circonstances les mêmes causes produisent les mêmes effets. Par ailleurs certaines pensées disent que les mêmes circonstances ne peuvent jamais se reproduire dans le temps et dans l’espace. Quoiqu’il en soit, nous sommes maître d’une grande partie de ce qui nous arrive.  Nous avons un contrôle quasi-total sur certains événements de notre vie.  Les autres événements tels la maladie et le décès nous sont imposés. Malheureusement nous consacrons plus de temps à vouloir contrôler ce qui nous échappera quoi qu’il arrive au détriment de ce dont nous avons les capacités de contrôle.

Chacun de nous peut être considéré à juste titre comme un expert de son propre vécu.  Une part de nos vécus est rendue publique de part notre caractère à interagir avec les autres. Ces interactions produisent des enseignements qu’aucune école n’enseignerait. Certains individus font très bonne utilisation de ce vécu collectif pour anticiper et d’autres l’ignorent.

Le vécu collectif récent du Mali est une donnée déclassifiée puisque nous y avons tous accès pour l’analyser selon nos angles de vision. De fin 2011 à début 2012 , des bouleversements majeurs ont ravagés le Mali. Chacun de nous est passé maître de l’analyse à posteriori. Les événements ayant concouru à ce bouleversement politique, sécuritaire et social sont en partie liés aux comportements des dirigeants. Autrement dit le type de gouvernance mis en vigueur par le président ATT durant ses deux mandats a constitué un nid favorable à la décomposition de l’armée et à la démoralisation des troupes. La vocation pour la grande muette est morte avec ATT. La corruption, le clientélisme et le favoritisme familial ont touchés  un niveau jamais atteint sous ATT avec l’irruption de nouveaux riches qui n’avaient auparavant rien et rien autour. Les enfants et leurs mères voyant leurs pères et époux au front ont été les premiers à donner l’alerte sur l’état de misère dans lequel les soldats au étaient plongés. Le commandement militaire  s’était spécialisé dans l’intendance oubliant la stratégie militaire et le maintien du moral des soldats. Certains soldats devaient s’acheter leurs propres armes. D’autres n’avaient pas le strict minimum qu’est l’uniforme. Les primes étaient dérisoires en plus de ne pas être payées. Le clan ATT avait construit sa propre chute avec les moyens qu’il fallait. Le coup d’état militaire de Mars 2012 a surpris au début puis de fil en aiguille, les maliens se sont rendus compte de son évidence. A trop tirer sur la corde raide on a fini par la rompre. C’est tout le Mali qui a rompu.

Quatre années plus tard nous voilà en 2016 en Mars , mois de tous les possibles au Mali avec cent fois plus de médias et donc de médiatisation du moindre événement. A part le fait d’avoir vieilli de quatre ans, rien n’a changé dans le mode opératoire de la gouvernance familiale et clanique. Rien n’a changé dans la gestion de l’armée et dans les comportements de bas étage des dirigeants. Avec des centaines de médias alternatifs en plus , les faits et gestes des responsables étatiques sont suivis au microscope. Cette nouveauté aurait dû être un avertissement sur le risque d’être pris la main dans le sac. Mais il n’en est rien, d’ailleurs le pouvoir actuel apparaît comme un groupe étant dans le besoin d’afficher son trophée. La première personnalité et la seconde à la tête du Mali sont de la même  famille par alliance. Le président de la commission défense de l’assemblée nationale  qui pourrait inquiéter le président sur sa gestion de l’armée est le fils du président de la république. Les seuls qui s’enrichissent sont autour du président et les décisions importantes sont prises par ceux qui n’ont reçu aucune caution du peuple pour le faire. De plus en plus de maliens tirent le diable par la queue et l’expriment plus qu’à l’époque du président ATT.

Aux dernières nouvelles , des officiers pas très honnêtes auraient détournés les primes destinées aux soldats. Faut-il rappeler que ces soldats font l’objet d’un décompte macabre chaque jour au front? Quelle sera la réaction des familles quand elles apprendront que les minces primes destinées à leurs époux sont détournées par des officiers généraux  de salon? Faut-il craindre une descente des femmes de Kati à Sebenikoro? Quelle sera la réaction des maliens si l’un d’entre eux venait à mourir suite à une contamination  consécutive à la consommation des glaçons alimentaires issus de la morgue de l’hôpital Gabriel Touré? Jusqu’à quel degré les maliens accepteront – ils de vivre dans l’insécurité absolue alors que la cour présidentielle fanfaronne? Suite à la disparition inexpliquée du journaliste Birama Touré, les maliens accepteront ils une entorse supplémentaire aux libertés individuelles et à la liberté d’expression pendant le premier mandant d’un président Charlie Hebdo compatible?  Allez demander au rappeur Mylmo N Sahel si ce pays est sérieux.

Plusieurs événements qui surviennent aujourd’hui  concourent à établir une similitude avec les événements de  la veille de la chute du président ATT. ATT aussi a été démocratiquement élu à la suite d’un plébiscite au premier tour. Les tensions pouvant entraîner une implosion existent bel et bien au Mali en général et à Bamako en particulier. L’entourage du président est incapable de redresser la courbe négative de la santé du Mali. Le président, sa famille et les officiers de l’armée donnent de  mauvais  signaux au peuple. L’hôpital Gabriel Touré, en plus d’être très sale se fout de la charité. Les ingrédients de Mars 2012 sont plus que présent. Ne pas les voir est aussi impossible que de voir l’avion présidentiel stationner pendant un mois.

Tous les experts du vécu sont capables de confirmer que la gouvernance actuelle est du ATT dans la lettre sans ATT.

 

Elijah De BLA

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