Mali: la révolution citoyenne de la diaspora de France, l’espoir est permis

la révolution citoyenne de la diaspora

Mali: la révolution citoyenne de la diaspora de France, l’espoir est permis

Nous avons été témoins d’un événement inédit et spectaculaire qui fera date dans l’histoire du Mali en général et de la diaspora malienne en particulier. Cet événement, est le “blocus du consulat du Mali” en France pendant dix jours par le « collectif mains propres » qui avait tenu en haleine la communauté malienne du monde entier avec un dénouement heureux.

Tout commence le Vendredi 23 Décembre 2016 à Paris, pendant que les uns avaient la tête aux vacances et aux dernières courses de Noël, un groupe d’individus répondant au nom de « Collectif Mains Propres » s’introduisit un à un au consulat du Mali comme de simples usagers pour éviter d’être repérés.
A 14h 25, les membres du collectif se présentent à l’accueil pour informer de l’occupation du consulat. Les agents consulaires tentent d’entamer une négociation vouée immédiatement à l’échec et c’est sans résistance, ni violence que le consulat général du Mali en France venait de passer sous contrôle du collectif.
A travers les réseaux sociaux, la nouvelle est très rapidement relayée; ce qui entraîne  une mobilisation impressionnante et un élan de solidarité de la part de citoyens frustrés et victimes du mauvais fonctionnement du consulat du Mali en France. Ainsi des maliens de tout âge vont sacrifier de leurs personnes, de leurs vies sociales et de leurs temps pour occuper le lieu 24h/24.

Assez bien organisé, le collectif brandit une liste de 17 revendications avec comme slogan notre dignité ne se négocie pas. Les points essentiels concernent l’amélioration des services consulaires notamment dans l’accueil et la délivrance des documents administratifs dont le passeport et la carte d’identité Nina.

Quand le simple fait d’obtenir un passeport peut prendre un an parfois (ndlr 48h au consulat du Sénégal), nous comprenons aisément la frustration et la colère de la communauté malienne de France.

Des autorités dépassées et limitées face à une crise inédite.

Coïncidence ou pas au même moment se tenait une rencontre entre le ministre des maliens de l’extérieur et la communauté à la mairie de Montreuil. Mis au courant de la situation, il se rendit au consulat pour entamer les négociations et “raisonner” les protagonistes afin de libérer le consulat. Malgré sa bonne volonté et une dose de courage, il échoua lamentablement.

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Le gérant intérimaire du consulat et le porte parole du CMP à la signature de l’accord

A partir de ce moment et pendant 10 jours, cet événement va mettre en lumière les limites techniques et humaines des autorités dans une gestion de crises. Nous assisterons à un spectacle largement évitable: fuite de responsabilité, tâtonnement, arrogance, amateurisme et démagogie…Le clou du spectacle fût de voir en public des représentants de l’Etat attribuer la responsabilité du dysfonctionnement de l’administration malienne à  l’incompétence des leurs et certains en ont profité pour régler des comptes personnels.
Si une des règles est de vouloir tout “politiser” ce qui permet de désigner un coupable idéal; une autre règle serait d’afficher une solidarité des membres d’une même équipe quitte à laver son linge sale en famille.

La détermination et surtout la méfiance du collectif vis à vis de l’Etat vont renvoyer nos politiques à une nouvelle formation de gestion de crise et de communication. Jusque-là ces derniers sur un piédestal ont adopté leurs techniques de gestion de crise: des promesses agrémentées de belles phrases, un soupçon d’émotion, une petite récompense sous forme d’enveloppe avec l’appui de griots pour faire passer le message.
Sûr de leur pouvoir de persuasion, affichant une confiance frôlant l’arrogance, les pseudos médiateurs entament les discussions sans avoir préparer en amont le dossier. Et c’était à chaque fois le même refrain “ je prends connaissance du dossier et je transmets”, de quoi perdre et du temps et l’argent du contribuable pour les frais de missions.

La multiplication des désillusions a rompue la confiance entre l’administration et ses administrés.
Suite au “consulatgate” la délivrance du passeport qui pouvait atteindre jusqu’à 1 an sera ramenée à 3 semaines à compter du dépôt du dossier…une promesse qui sera facilement contrôlable et vérifiable. Il suffira de se rendre au consulat et constater la réalité et vérifier si les autorités ont tenu parole.

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Les membre du collectif mains propres à l’origine de la révolution citoyenne de la diaspora

Cette nouvelle forme d’engagement et d’indignation qui consiste à bloquer et à gêner le fonctionnement d’une administration est beaucoup plus efficace que les manifestations qui sont circonscrits dans un temps limité, que les mouvements de violence qui font plus perdre à la société qu’elle n’en bénéficient.

Quand le rapport de force change de camps

Le citoyen n’est plus dupe et le rapport de force change. Ainsi l’opinion publique a dès le départ eu  apriori défavorable vis à vis du politique. La simple belle phrase populiste ne suffit plus, l’acte est devenu une caution pour mériter la confiance. Et ceux qui pensent que l’argent peut acheter des consciences auront des lendemains qui déchantent.

Mais doit-on s’étonner si une vague de protestations, de manifestations et d’indignations se multiplient.
Hélas, il y a un tel fossé entre les aspirations et les besoins du peuple et les aspirations politiques et personnelles de nos gouvernants que l’on peut s’attendre à tout et au pire.

Le peuple peut supporter des conditions difficiles de vies, peut se sacrifier pour un temps, pour un meilleur avenir mais une chose qu’il ne pourra supporter est l’injustice.

Alors l’espoir est permis car le rejet des hommes d’antan s’est mué au rejet d’un système de gouvernance politique.
Il est dommageable que la relation administration-citoyen pour un problème soumis ou une revendication légitime doit passer par un rapport de force.

Quand on dit que l’Etat doit se mettre au service de son peuple, le chemin est encore long.

Baba DÈME

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