Connaitre les revendications du Collectif mains propres

les maliens d'Espagne

Connaitre les revendications du Collectif mains propres

Le Vendredi 23/12/2016, le collectif mains propres a pris possession du consulat général du Mali à Paris avec un chapelet de revendications et une motion transmis aux autorités consulaires et diplomatiques du Mali en France. Pour mieux comprendre cet événement, il convient de prendre connaissance des requêtes du collectif.

Pour mieux faire connaitre ses demandes, les revendications du collectif mains propres ont été adressé aux autorités  consulaires et diplomatiques bien avant le blocus.

Motion conjointe du collectif mains propres et du collectif citoyen Mali

Excellence monsieur l’ambassadeur, le Mali a engagé depuis 2010 une démarche de sécurisation des documents officiels à travers le processus d’enrôlement, de confection et de distribution de la carte NINA (RAVEC)

Déjà en 2013 à la veille de l’élection présidentielle, les maliens vivant en France ont vécu un psychodrame tant ils ont été effaré de constater le non aboutissement de cet opération qui avait suscité tant d’enthousiasme. Moins de 30% des maliens qui se sont enrôlés n’ont pas eu leur carte. Parmi ceux qui l’ont eu, un nombre innombrable contient des erreurs.

En 2016, cette situation décrite ci-dessus est bien plus que d’actualité à tel point qu’il y a quelques mois, le consulat a engagé une opération ambulante d’enrôlement et de distribution de carte NINA qui sillonne les différents foyers des travailleurs immigrés d’Ile de France.

Cet opération qui a été initié dans un état d’esprit de proximité donc de facilité les choses s’avère aujourd’hui être un véritable cauchemar pour les maliens de France. Les raisons sont entre autre la mauvaise condition d’accueil dans certains foyers ne disposant pas des structures adéquates pour une telle affluence, le déficit d’information malgré les efforts déployés lié au changement incessant des lieux, le rackette que constitue le paiement d’une somme allant de 10 à 40 euros pour pouvoir se faire enrôler dans certains foyers. Toute chose qui transforme les lieux d’enrôlement à des véritables champs de bataille tant la tension est à son comble.

A ce jour, il reste des dizaines de milliers des maliens de France qui se sont faits enrôlés en 2010 mais qui n’ont pas encore leur carte sans compter les néo enrôlés et ceux qui continuent désespérément à chercher à se faire enrôler.

C’est dans cette situation chaotique que le gouvernement a décidé sans aucune concertation et sans délai conséquent, dans le cadre du lancement du passeport biométrique, de conditionner l’obtention du dit passeport à la possession de la carte NINA.

Cette décision a eu comme conséquences immédiates non seulement l’exacerbation des tensions au niveau des points d’enrôlement dépourvus de toute mesure de sécurité, d’entraver la liberté de circulation des maliens de France et pire faire de certains des sans-papiers car ne pouvant renouveler ou se faire une carte de séjour sans passeport. Toute personne même ayant déjà fait le ravec et disposant du reçu, ne peut faire une demande de passeport sans NINA. Pour toute solution, le consulat les propose de s’adresser au centre de centralisation sis à Bamako korofina nord en vue d’obtenir la fameuse fiche NINA permettant de faire le dépôt. Le comble de l’histoire est qu’un véritable crime organisé s’est mis en place autour de cela à Bamako. La fiche se négocie entre  25000 FCFA à 150000 FCFA selon la rapidité de délivrance du sésame. Toute personne refusant de payer pourra attendre sa bonne étoile sans aucun espoir de voir son vœux exaucé et n’ayant aucune chance de se faire rembourser si par malheur elle avait prépayé les frais de confections de passeport qui s’élèvent  de 85 euros car le consulat n’a pas songé à ce cas de figure.

Sur un tout autre plan, les maliens de l’extérieur et ceux d’Europe en particulier n’ont pas pu s’empêcher de contester la pression de l’Europe tout entière, profitant de la fragilité du pays due à la crise que le mali traverse depuis 2012, sur nos autorités afin de signer un accord permettant d’expulser ceux qui ont bravé la mort dans l’espoir d’une vie meilleure, en violation du droit international. Une telle pratique nous indigne en tant qu’êtres humains et nous inquiète en tant maliens car, dans la situation de tension extrême que connait le pays, le renvoi des milliers des jeunes dont certains ont vu la mort passée sous leurs yeux à tel point que certains compagnons d’infortune en ont péri, c’est la garantie que le Mali sombre une bonne fois pour toute.

Ce que propose l’Europe n’est ni plus ni moins le concept de l’immigration choisie de Sarkozy de 2008 que le Mali avait été le fer de lance du refus de signer.

Mais ce qu’il y a de pire en 2016, c’est que le système est érigé au niveau européen avec un mali bien plus fragile voir explosif. Face à un tel dessein, le peuple malien en générale surtout les maliens de France en particulier ne peuvent rester impassibles.

C’est pourquoi, nous, maliens de France regroupés entre autre au sein du collectif mains propres qui avait déjà alerté face aux dysfonctionnements du service consulaire et dont les doléances demeurent sans réponse à ce jour et le collectif citoyen-Mali qui assure un Veil citoyen sur tout ce qui touche le Mali et les maliens en France, considérant :

  • La désorganisation, l’instabilité et le trafic autour des opérations de ravec dans les foyers
  • Le non aboutissement pour le moment du ravec en France
  • Le passeport comme un besoin vital au quotidien pour les maliens de France
  • La souffrance des familles entières à cause du conditionnement de l’octroi du passeport à la possession de la carte NINA
  • Le crime organisé autour de la délivrance de la fiche ravec à Bamako
  • Le caractère inhumain de l’accord de réadmission
  • Le danger que constitue un renvoi massif des jeunes qui sont parfois venus en Europe au péril de leur vie vers le Mali

Exigeons :

  • La recentralisation des opérations d’enrôlement et de distribution des cartes NINA à un endroit sécurisé et pouvant accueillir dignement les maliens.
  • L’augmentation des moyens d’enrôlement.
  • La suspension du conditionnement de l’octroi du passeport à la possession de la carte NINA ceux jusqu’à l’aboutissement suffisant du ravec.
  • Le refus pur et simple de la part de nos autorités de signer les accords de réadmission entre l’EU-Mali

 Manifestons notre solidarité vis-à-vis des jeunes maliens qui sont dans une situation désespérante en Algérie en ce moment même.

 

Paris le 10/12/2016

 

Le collectif mains propres                                                                             Le collectif citoyen Mali

 

 

Memorandum du collectif mains propres au consulat général du Mali

La communauté malienne de France est estimée aujourd’hui à plus 200000 (deux cent milles)  personnes. Malgré ce nombre conséquent aux besoins administratifs immenses,  notre pays ne dispose à ce jour que d’un seul consulat sur le territoire français.

Au-delà de la lenteur que cette situation peut engendrer, les maliens de France souffrent depuis des années des tracasseries de toutes sortes au sein du service consulaire. Ces tracasseries au nombre desquelles figurent entre autres le manque de respect et de considération de la part des agents, l’absence d’informations et de conseils, un délai exorbitant dans la délivrance des documents administratifs, les passes droits,  le trafic des documents, des erreurs incessantes sur les documents, des prises de décision unilatérales. Toute chose qui engendre des situations dramatiques telles que la perte d’emploi, de titre de séjour ou des pertes financières.

Face à cette situation, rapport après rapport, plaidoyer à plaidoyer auprès des plus hautes autorités de notre pays, les maliens de France n’ont cessé d’alerter, de dénoncer et de proposer  et cela sans résultat ; à tel point que nous maliens ne nous sentons plus chez nous  au consulat. Cette situation relève purement et simplement de l’aberration d’autant plus que sans les maliens de France, point de consulat du Mali en France. Pas un jour ne passe sans que des maliens ne subissent une situation de mépris au sein de ce qu’est notre maison.

C’est pourquoi,  face à l’insupportable,  la patience de bon nombre d’entre nous a atteint son paroxysme.

Ainsi en désespoir de cause, le samedi 30/04/2015, des citoyens maliens en France se sont rassemblés dans l’enceinte du consulat afin de réfléchir aux voies et moyens permettant le respect de notre dignité. Toute chose qui a abouti à la mise en place d’un collectif nommé « collectif mains propres au consulat » dont le but est d’élaborer un mémorandum avec  des propositions concrètes et de suivre leurs mise en œuvre permettant l’efficacité du service consulaire pour le bien des maliens de France.

À cet effet nous, COLLECTIF MAINS PROPRES, exigeons ce qui suit:

1 – L’abandon pur et simple du système de quota fondé sur le comptage à la porte.

2 – La mise en place d’au moins trois lignes téléphoniques d’information

3 – La mise à jour permanente du site internet du consulat avec possibilité de prise de rendez élargie à toute sorte de document.

4 – L’ouverture au dépôt et retrait de tous les jours ouvrables avec distribution de tickets jusqu’à midi.

5 – La mise en place d’un dispositif d’identification de tous les agents du consulat par le biais d’uniforme et de badge avec nom et prénom

6 – La mise à disposition d’un registre des incidents.

7 – L’ouverture permanente d’au moins un guichet de paiement de 8h30mn à 16h30mn avec possibilité de remise de monnaie

8 – Le marquage visible du guichet prioritaire pour les femmes enceintes,  les personnes handicapées, les maliens des provinces et les personnes âgées.

9 – Le raccourcissement significatif du délai d’octroi des documents (aucun délai+ ne doit dépasser une semaine y compris le passeport).

10 – L’indication de la date de retrait sur chaque reçu de dépôt et la mise en place d’un système d’alerte et d’information de l’usager  en cas d’impossibilité de respect du délai de retrait (SMS, appel téléphonique …).

11 – Le traitement équitable entre les binationaux et les seuls nationaux désirant se rendre au Mali excepter l’obligation de posséder le passeport malien.

12 – La gratuité du laisser passer pour tout malien ou malienne ayant fait une demande de passeport et l’établissement de  sa validité auprès des agents de l’aéroport de Bamako jusqu’à la disponibilité du passeport.

13 – L’organisation des forums de sensibilisation des maliens sur les accords bilatéraux entre le Mali et la France concernant la vie des maliens de France

14 – Interdiction de tout système d’intermédiation dans la demande des documents consulaires.

15 – La mise en place ou élargissement du service social et juridique à la protection des maliens victimes d’accident et ou de bavure de toutes sortes ainsi que l’adhésion à la convention rapatriement de corps comme en disposent les pays du Maghreb.

16 – La rédaction et l’affichage d’une charte de bonne conduite au sein consulat

17 – La création d’un poste de médiateur social pour traiter les cas de souffrance sociale.

 

 

Le collectif est  déterminé à suivre la satisfaction des présentes revendications dont la mise en place ne devra sous aucun prétexte dépasser un délai maximum de trois mois.<  

 

 

Elijah De BLA

 

 

 

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