Mali : la guerre des dieux aura bien lieu

La guerre des dieux de l'islam du Mali

Dire que le Mali est un pays musulman à 90% suppose qu’il n y a qu’un seul dieu pour ces 90% de maliens. Si on ne réfléchit pas, on peut se laisser bercer par cette statistique brute qui s’avère très différente de la réalité. La réalité n’est pas si homogène que ça. Si nous pouvons être d’accord pour dire que tous les aspects de la vie publique au Mali sont politisés, nous devons aussi accepter que la religion a pris le pas sur l’état. Les dieux sont aussi nombreux que leurs guides. Ces guides qui raffolent de signes extérieurs de richesses remplacent les dieux au fur et à mesure que le temps passe. Ils n’ont pas toujours le même message, ils parlent le plus souvent d’eux-mêmes que des messages du dieu qu’ils prétendent porter la parole. La guerre des dieux est inévitable au Mali.

La religion musulmane plus que l’éducation, les infrastructures, la santé et le niveau de vie est devenue la variable sociétale la plus importante. Si les vecteurs d’enseignement de la religion n’ont guère évolué au Mali depuis l’aube des temps, l’influence de la religion musulmane s’est accrue à un rythme exponentiel. A tous les niveaux de la vie politique, de l’administration publique et même du privé, l’influence de l’islam est devenue une évidence. L’instauration de nouveaux jours fériés pour contenter les influenceurs de l’islam malien en est une illustration. Chaque ministre s’est lui-même assujetti à un imam influent. Dans le pays où la qualité des hommes n’est pas le critère de choix, avoir un parrain imam influent est un viatique.

Nous sommes clairement dans une guerre d’influence des « hommes de dieu » qui va découler systématiquement sur une guerre des dieux.

L’état à son plus haut niveau s’en remet aux changements d’humeur des leaders religieux. Au lieu de favoriser la création de richesse par le travail, l’état organise les prières pour implorer dieu. Il a été contraint de crée un département ministériel consacré au culte. Outre le besoin d’influence ostentatoire des imams, on voit difficilement l’utilité publique d’un tel outil budgétivore. L’état se montre si complaisant avec ces « ambassadeurs des dieux » au Mali que ces derniers sont capables de tout. Le statu des associations maliennes calqué sur le modèle français (loi 1901) interdit aux associations de collecter des fonds dans le seul but de les offrir à un individu. L’état malien a suffisamment de preuves pour que la justice demande des comptes à l’association Ansar Dine de Ousmane HAIDARA. Cette association expose à qui veut l’entendre la finalité de ses cotisations et de ses levées de fonds. Tout est destiné à l’entretien de la famille de son guide demi dieu Ousmane HAIDARA ce qui est clairement assimilable à du détournement des fonds d’une association. Les recèles de grosses voitures et de fonds auprès des responsables politiques est une autre marque de fabrique de nos demi dieux. Le président n’a pas hésité à offrir 150 Hectares de terrain au guide des Ansar dine contre toute logique de gestion d’un état. Il a offert des voitures de standing à un certain nombre d’imams influents. Les imams devenus influenceurs n’hésitent pas à monnayer leur influence contre fidélité au prince du jour.

Le chérif de Nioro, Ousmane Haidara, Mahamoud DICKO, Chouala Bayaya et Harouna SANGARE flirtent plus avec la classe politique qu’avec les fidèles.

Arrivés sur la scène à l’origine pour porter la parole divine, ils ont petit à petit remplacé dieu et enseignent leurs propres sciences. Ces petits dieux qui occupent tout l’espace commencent à trouver cet espace trop étroit pour être partagé. Un seul dieu survivra lors de la guerre des dieu.
Quid de la connaissance de cette religion musulmane, de tous les nouveaux dieux qui en découlent et de son enseignement Mali ? Pour comprendre le niveau de retard d’une nation, prenez ce qui est le plus important aux yeux de la population et observez qui le contrôle. L’islam est le phénomène le plus influent au Mali avec des branches diverses que la majorité des maliens ignorent.

Les branches de l’islam du Mali ont tous érigé des dieux à leurs têtes. Comme le dieu unique, ces dieux maliens sont omnipotents, omniscients et transcendant.

Le plus célèbre de tous les dieux maliens est Ousmane HAIDARA. Il a réussi à faire fortune dans un malentendu socio-spirituel phénoménal. Il a ouvert la voie au commerce de la foi. Par petits morceaux il vend dieu et les clients viennent du monde entier. Les autres tels que Chouala Bayaya HAIDARA, Mahamoud DICKO et Harouna SANGARE… suivent. Le cas du chérif de Nioro est encore plus occulte. On lui attribue une fortune et un savoir sans limite. Il a une énorme influence sur les musulmans du Mali. Tout comme Ousmane HAIDARA et ses fils qui ont hérité de l’industrie de la foi de leur père, Chouala HAIDARA et Mbouillé HAIDARA sont marqués du sceau de descendants du prophète Mohamed. Ils ont réussi à construire cette légende pour mieux asseoir leur emprise sur la conscience des musulmans du Mali. Ils ont lancé une OPA hostile sur la foi des musulmans du Mali. Où est-ce que tous ces nouveaux dieux ont-ils étudié la religion musulmane ? Quels sont leurs productions intellectuelles ? Ont-ils écrit des livres ? Ont-ils été membre de collèges scientifiques islamiques quelque part dans le monde ? Sont-ils reconnus dans le monde musulman pour leurs contributions au travail de recherche sur l’islam ? Ont-ils étudié la théologie quelque part ? En recherchant les réponses à ces questionnements, on se rend compte du vide sidéral qui entoure ces fameux nouveaux dieux de l’islam malien. Si aucune production intellectuelle propre n’existe dans leurs bibliothèques, si aucun d’eux n’a fait des études de théologie, s’ils ne sont pas reconnus par les cercles scientifiques islamiques à travers le monde, il faut croire que nous assistons à une organisation structurée de l’obscurantisme au Mali. Cet obscurantisme est d’autant plus significatif que les nouveaux dieux n’hésitent plus à occuper leurs temps de parole par l’exercice de l’apologie de leurs propres personnes et de leurs prétendues œuvres. Ils vont jusqu’à justifier leurs agissements par les textes du coran. Ils fabriquent en plein jour, des mythes dignes de l’époque du prophète Mohamed.

Ousmane HAIDARA et IBK
Ousmane HAIDARA Le plus influent leader religieux du Mali

C’est ainsi qu’il a été attribué à Ousmane HAIDARA des miracles. Il aurait été à l’origine de la naissance d’une source d’eau naturelle dans un village du Sénégal. Il faut rappeler au passage que dans son quartier au Banconi, le manque d’eau est l’une des souffrances des populations. Il aurait été repêché d’un profond puis par l’ange Gabriel en personne pour échapper à un complot qui visait à lui donner la mort. Il dira lui-même qu’il est monté aux cieux puis aurait eu une discussion avec dieu. Toutes ces affirmations gratuites et ces miracles non vérifiables concourent à ériger Ousmane HAIDARA en une sorte de dieu à vénérer. Pour l’instant les autres leaders n’ont pas révélé de miracles qui leur sont attribués mais la concurrence est rude entre eux. Si aujourd’hui certains semblent être du même camp, les divergences structurelles auront très rapidement raison d’eux. La nature ayant horreur du vide, dès que la dualité entre les imams pro IBK et les autres n’aura plus lieu d’être, il faudra s’attendre à une radicalisation des divergences historiques entre Sunnites et Chiites à la sauce malienne. La complaisance du gouvernement malien a laissé s’installer des influences Chiites ces dernières années. Le chiisme importé par les représentations diplomatique et consulaires iraniennes au Mali a trouvé une figure en la personne de Chouala HAIDARA. Le Mali est de culture musulmane sunnite comme toute l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb mais la quête d’influence sociale et politique du leader chiite malien Chouala HAIDARA va heurter un moment donné dans notre histoire celle de Ousmane HAIDARA. D’ailleurs l’entente entre ces deux n’est que de façade. Certains enregistrements audios du frère de Chouala HAIDARA ayant fuité sur les réseaux sociaux attestent que l’impacte de la collision entre ces deux HAIDARA n’est qu’une question de temps. La cohabitation entre chiites et sunnites n’est pas une réussite entre l’Iran terre de l’imam Ali et l’Arabie Saoudite terre de l’islam tout court et du prophète Mohamed. En ces décennies de guerre de croisade et de crise de la foi, les autorités maliennes auraient dû et doivent dessiner un islam du Mali qui respecte le tissu culturel malien dans sa diversité sans importer les problèmes des autres. Ousmane HAIDARA a un avantage comparatif dans le jeu de dupe des imams influents du Mali. Il a réussi à bâtir une industrie fleurissante autour de la spiritualité au Mali et dans le monde. Il n’hésite plus à exposer ses trophées acquis à la sueur des fronts des pauvres qui sont membres de son association Ansar dine. Il fait le plein du stade du 26 Mars chaque année lors de la célébration de l’anniversaire du prophète Mohamed. Il a tout une machine bien ficelée pour récolter les milliards de ses millions de sympathisants dans le monde. Il a fondé son média audiovisuel qui lui sert de machine de propagande.

Harouna SANGARE
Harouna SANGARE l’imam élu de la république

Harouna Sangaré, l’imam narcissique, bling bling et clairement politicien ne compte pas demeurer dans sa position. Il voudrait gravir les échelons et prendre un jour la place du numéro 1. Pour l’instant il la joue élève de Ousmane HAIDARA. Mahamoud DICKO, certainement le plus cultivé et le plus stratégique compte évoluer en parallèle de Ousmane HAIDARA. De la confrérie Wahabite, il ne parle pas le même langage que les Ansar Dine. Les Wahabite sont opposés à toute forme d’idolâtrie des guides religieux or le clan Ansar Dine est adepte de l’idolâtrie de la famille de son guide. Ces deux branches finiront un jour par croiser le fer surtout que chacun des camps est identifiable à une position politique du jour. L’opposition parlementaire et le la majorité présidentielle trouvent une réplique dans la guerre de positionnement des religieux.

M'bouillé HAIDARA
M’bouillé HAIDARA et le président IBK à l’époque de la lune de miel

M’bouillé HAIDARA le chérif qui se donne une image de saint est tout aussi politisé. Il s’est tissé une nébuleuse autour de tout de ce qui contrôle l’activité économique dans sa zone. Il fait la pluie et le beau temps chez lui à Nioro. La douane, la police et l’état viennent après lui. Son influence est indiscutable sur les fidèles mais sa structure n’est pas l’équivalent de celle du guide des Ansar Dine.

Chouala AIDARA le chef de file du Chiisme au Mali
Chouala B Haidara est devenu un activiste pro gouvernemental

Pour l’instant, Chouala HAIDARA demeure une pâle copie de son homonyme Ousmane. Il rêve de tisser la même toile. Le plus à craindre est la montée en puissance du chiisme. La culture limitée des maliens en matière d’islam ajouté au discours radical des guides imams est une bombe qui va nous exploser à la figure. Le chômage, l’insécurité, la sous-culture de l’islam, l’influence des financement venus de l’étranger pour le Wahabisme (Arabie Saoudite) et le chiisme (Iran) vont heurter la puissance financière du guide des Ansar dine. Ce schéma triangulaire est très plausible dans un Mali laissé en jachère par les responsables politique et judiciaires. La guerre des dieux au Mali se prépare doucement mais surement avec la bénédiction de la présidence, de la primature et des élus. Les dirigeants politiques n’auront aucun scrupule à choisir un camp.

Pour les sunnites majoritaires au Mali, l’islam n’a pas de clergé et le coran est l’œuvre de dieu. Selon les chiites, encore minoritaires au Mali, l’islam a un clergé (Ayatollah et guides) et le coran est une œuvre humaine.

Nombreux maliens qui suivent ces deux courants ignorent ces différenciations structurelles. Ces variables de caractérisation de ces deux courants de l’islam vont devenir de plus en plus impossible à faire cohabiter les fidèles maliens dans les mêmes lieux de culte à l’avenir. Les guerres débutent à causes de ces types de détails. Tous ces ” dieux de l’islam malien” ont soutenu le régime IBK en 2013 sans exception. Aujourd’hui ils se retrouvent partagés entre opposition et majorité présidentielle. Certains comme Chouala HAIDARA se sont mués en activiste pro gouvernemental. Ce dernier n’hésite plus à vilipender l’imam Dicko. La crédibilité des “dieux du Mali” est similaire à celle de leurs fioles politiques. Si les ” dieux de l’islam du Mali” ne s’attaquent pas directement outre le cas de Chouala HAIDARA contre Dicko, leurs lieutenants ne sont jamais avares de noms d’oiseaux pour qualifier le camp adverse. La guerre de positionnement n’est qu’à sa naissance. La suite est du déjà vu ailleurs.

La meilleure façon de se cacher dans un pays ou en réalité la première religion est l’obscurantisme, s’est de se cacher en pleine lumière. Les sulfureux guides religieux maliens se sont cachés en pleine lumière avec le coran dans une main et la clé du coffre-fort dans l’autre. L’islam au Mali est la seule discipline confiée à ceux qui n’ont aucune légitimité académique pour l’enseigner. L’avenir du Mali sera pris en otage par la guerre des dieux sauf miracles or pour que le miracle se produise, il faut y croire. Les maliens croient aux hommes et non à la parole que les hommes sont sensés porter.

Elijah De BLA

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