Pourquoi il y aurait toujours des coups d’Etat au Mali ?

Autopsie du Mali par TRAORE Bouraima

Pourquoi il y aurait toujours des coups d’Etat au Mali ?

Peut-on éviter les coups d’Etats au Mali? Quel modèle de gouvernance pour le Mali ?
« Quand les autres n’étaient pas, nous étions » IBK
Cette phrase renvoie à un passé glorieux dont le malien est nostalgique. Pays de Soundjata Keita, de Kankou Moussa, de sonni Ali Ber, de Modibo Keita, le Mali a toujours été un pays de référence pour les africains à travers le monde : Tombouctou, Gao, la charte de kuru kan fuga sont quelques symboles de la civilisation malienne. Jadis, pays d’hospitalité, d’autosuffisance alimentaire et militaire, de bonne gouvernance. En effet, le Mali fort de son autosuffisance alimentaire apporta une aide alimentaire à la chine, à la Libye vers les années 60. Le Mali, par son leadership fut toujours un médiateur de premier plan dans la sous-
région. La médiation du feu président Modibo KEITA entre le Maroc et l’Algérie en est une  illustration parfaite.

Après 60 ans d’indépendance, le pays est éprouvé par une instabilité institutionnelle. En 60 ans le
Mali a connu cinq présidents. Quatre parmi eux furent renversés par un coup d’Etat militaire.

AINSI, QUELLES SONT LES CAUSES DES COUPS D’ETAT AU MALI ?
I. Contextes et points communs entre les coups d’Etat au Mali : Une crise socio-politique récurrente
A. CONTEXTE ET POINTS COMMUNS
1. CONTEXTES DES COUPS D’ETAT DE 1968, 1991, 2012, 2020
Avec le père fondateur Modibo Keita, le Mali a connu une gouvernance de référence, tant au niveau interne, régional et international. Huit ans de stabilité, d’autosuffisance alimentaire, de santé, de la sécurité etc. Mais suite à la dépréciation du franc malien en 1967, et ses conséquences. Un lieutenant alias général Moussa Traoré renverse le régime socialiste de Modibo Keita le 19 novembre 1968, « coup d’Etat inévitable, dictature militaire non souhaitée, s’est construite au grand dam des aspirations du peuple malien désemparé dorénavant, A bas Modibo, vive Moussa Traoré (…)»

Après une décennie de gouvernance du Général, un regret sans précédent s’installe de tous bords. « (…) Désengagement de l’Etat dans la sphère économique, privatisation et dénationalisation des entreprises publiques pour motif de réduire le déficit budgétaire sans vision stratégique. (…) la corruption (qui a entraîné la fragilisation du lien social) dans toutes ses formes devient l’arme fatale de la classe dirigeante pour s’éterniser au pouvoir »
.
Qu’est-ce que le Général apporta à l’édifice malienne pendant sa gouvernance de 22 ans ?
Donnons la parole à Manassa Danioko ( présidente de la cour constitutionnelle malienne de 2015 à 2020 ), lors du procès de l’ex président Moussa Traoré : « les enfants n’iraient pas à l’école , le Mali a le taux le plus bas d’alphabétisation, pas d’écoles ,pas d’infrastructures, il n’y a que celles qui étaient depuis les années 60 , pas de pédiatrie pour les soigner, pas de centres de protection maternelle et infantile , les enfants étaient exposés à la délinquance et affamés car les parents sont démunis (…) Les jeunes sont sans emploi (…) ils sont anéantis et n’ont aucun sentiment patriotique car depuis 22 ans, on a rien enseigné de l’éducation civique, ils n’ont pas appris à aimer le pays. Quant aux femmes, elles étaient sans statut, elles n’étaient ni célibataires, ni mariées, ni veuves. Les familles disloquées par manque de salaire ou le chômage, l’autorité parentale détruite car ils ne pourront plus subvenir aux besoins de leurs enfants. Quant à l’armée, elle était divisée, division entre elle et le peuple, au lieu de défendre l’intégrité territoriale, leur mission noble, elle était utilisée pour un moyen de répression (…)».

Le Général Moussa Traoré n’a-t-il rien réalisé pour le Mali après son coup d’Etat de 1968 ?

En tout cas, les maliens estimèrent que Moussa n’est plus la solution. Son régime est qualifié de « dictature du Général Moussa Traoré ». Le peuple sort pour demander son départ et l’avènement de la démocratie et la liberté d’expression. Le 22 mars 1991, une manifestation à Bamako composée de milliers d’étudiants est réprimée par les armes, faisant une centaine de morts. Au courant du même mois le 26 mars 1991, un coup d’État militaire mené par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré renverse Moussa Traoré. Après une transition, « Bienvenue la démocratie, la démocratie s’est traduite en démocrature, le développement a été de justesse édictée dans la loi, mais inexistant dans la vie du quotidien à cause de la mal gouvernance et le comportement de mauvais gestionnaires d’Etat nourris à des intérêts égocentriques ». Guindo Issiaka.

Pourquoi le président Konaré Alpha Oumar n’a pas été renversé par un coup d’Etat ?

Premier président démocratiquement élu. Il effectua deux mandats de 5 ans, malgré la persistance des différents problèmes socio-économiques. Notons qu’il fut le seul président malien qui n’a pas été renversé par un coup d’Etat militaire. Konaré Alpha Oumar affirma qu’« une démocratie n’a pas besoin d’une armée forte ». Il a fait brûler une bonne partie de l’arsenal militaire malien. Mais, les Etats Unis d’Amérique, référence en démocratie dit-on ne sont-ils pas la première puissance militaire ? Disons-le : Là où le dictateur Général Moussa Traoré a divisé l’armée, le démocrate Alpha Oumar Konaré l’a détruit. La fin du deuxième mandat d’Amadou Toumani Touré et le coup d’Etat du 22 Mars 2012 Après le renversement du panafricaniste et Guide libyen Mouammar Kadhafi par L’OTAN et ses partenaires, une crise sécuritaire s’installe au septentrion du Mali qui connaissait déjà une crise socio-économique notamment à Kidal. Des groupuscules sont armés grâce à la descente aux enfers de la Lybie. Ainsi, on assiste au foisonnement des groupes terroristes (AQMI, MUJAO, MNLA …). La rébellion touarègue, la corruption, le laxisme, l’iniquité, l’injustice allaient avoir raison de celui qui a mis fin à la dictature. Ainsi, dans la nuit du 21 au 22 mars 2012, un peu plus de deux mois avant la fin de son mandat, ATT est renversé par un coup d’État dirigé par le capitaine Amadou Aya Sanogo. Ce dernier reproche à
ATT sa gestion du conflit du septentrion entre les FAMA et la rébellion touareg. Mais, le conflit du septentrion a-t-il été résolu après le coup d’Etat ?
Le deuxième mandat de IBK le bien aimé des religieux et le coup d’Etat (dit-il) d’Août 2020 Faisant de « InchaALLAH » sa marque de fabrique, il bénéficia du soutien total des chefs religieux, lors des élections de 2013, le mouvement SABATI 2013 en est la preuve. Élection qu’il remporta avec une majorité écrasante au deuxième tour. Le peuple voit en lui Soundiata Keita, l’espoir d’un Mali  nouveau. Le divorce entre le peuple et le locataire de Koulouba commence à la fin de son premier mandat : (BOUA BA BLA et BOUA TA BLA).
Toutefois, IBK est réélu pour un deuxième mandat. Deux (2) ans après, les élections législatives se tiennent dans un contexte de crise sanitaire mondiale (coronavirus), mais pendant ce temps le Mali connait pire. Tout d’abord le chef de file de l’opposition fut kidnappé au nord par des inconnus lors
de sa campagne. Après la proclamation des résultats du 2e tour de la dite élection par la cour constitutionnelle, 30 députés élus (par le compte du ministère de l’administration territoriale) se sont vus dépossédés de leur place. Des manifestations diverses commencèrent dans les régions de Kayes, Sikasso, Mopti
(donnant 2 morts) et les communes 1, 5 et 6 du district de Bamako pour réclamer la justice et la restitution de leurs voix. Deux semaines plus tard, plus précisément à la fin de la première moitié de l’année 2020, un mouvement vit le jour (M5 RFP: partis politiques, société civile, chefs religieux) avec comme objectif la démission du président IBK et de son régime.
Le peuple sort à nouveau. L’injustice, la pauvreté, l’insécurité, crise communautaire, les grèves en pleine expansion d’une année à l’autre dit-il. Le locataire le plus légitime de Koulouba fut éreinté. Le peuple sous désespoir, affliction totale, pointe du doigt à IBK. Plusieurs missions de la CEDEAO avec la participation d’au moins 5 chefs d’Etats membres firent échec. Après deux mois de turbulence, de manifestations diverses, les militaires prirent le contrôle du pays et le président annonça sa démission le 18 Août.
2. POINTS COMMUNS
Nous constatons depuis l’indépendance, un changement anticonstitutionnel du pouvoir. Les mêmes requêtes en redondance, A chaque soulèvement ou pas populaire on dénonce les mêmes problèmes : la corruption, l’injustice, l’insécurité et surtout la pauvreté. Après une multitude changement du président avec un résultat insignifiant, imperceptible, et hiéroglyphique voire inexistant, ne devons-nous pas réfléchir autrement ? La connaissance du problème et ses causes font
la moitié de la solution dit-on ; Savons-nous réellement qui est le responsable de ces maux ? Surement non, si ce n’était que les présidents, aujourd’hui le Malien allait vivre dans un paradis terrestre. Nous n’assistons pas à une dégradation du niveau de vie ? Chaque levé du soleil est une journée d’enfer pour le Malien, hier n’est-il toujours pas mieux qu’aujourd’hui. Ne tendons pas vers une disparition du pays ? Pourtant, le président a toujours été altéré. B. Une crise socio-politique récurrente, bienvenue aux coups d’Etat : Ignorance ou mauvaise gouvernance (souffrance) ? Les mêmes causes produisent les mêmes effets, le cas malien n’échappe pas à la règle. Pour le Malien un coup d’Etat doit être salué car il s’agit d’une justice divine pour la population souffrant de la mauvaise gouvernance. Malgré tout, est-il logique de se réjouir, de saluer le renversement d’un président que vous-même avez élu par la voie des urnes ?
Prenons juste un exemple : « Si vous confiez un bien à quelqu’un et qu’une autre personne vienne lui arracher ce bien pour s’enfuir avec», allez- vous applaudir ? Seriez-vous heureux ? Qu’allez-vous faire ? C’est la même logique en gouvernance du pays. Sans exagérer, le coup d’état entraîne l’arrêt total du fonctionnement du pays : sans constitution ni institution, pas d’activité, pas d’import ni export « bienvenue à l’inflation, récession économique ». Est-ce l’ignorance de tous ces maux ? N’avons-nous rien appris des coups d’Etat précédents ? Pourtant, il y’aurait une solution pour faire le coup d’état chaque année: c’est le travail pour assurer l’autosuffisance alimentaire et l’autonomie financière sinon l’économie malienne à l’heure est incapable de riposter face à l’embargo. Dans un pays où ne sont consommés que les produits importés, un pays sans industrie avec une économie totalement extravertie, il serait presqu’impossible d’affronter les forces internationales (CEDEAO,….) : dépendance totale de l’extérieur. Nous avons moins de marge de manœuvre face à l’étranger, alors travaillons et devenons autonome.
La conséquence directe de l’embargo est l’inflation, une population au PIB/hab. de moins de 1000$ annuel est-il capable de riposter contre l’inflation ? Sans les transactions financières, comment allons-nous payer les fonctionnaires, comment les banques fonctionneront ? Des actes de vandalisme contre les biens publics et privés après chaque coup d’Etat, peuple malien, vous vous êtes demandés comment ces immeubles seront construits (financement)? C’est encore avec vos
impôts et taxes. Est-ce le Mali le seul pays à subir la corruption, l’injustice, l’insécurité, le chômage….? Absolument non, Il faudrait alors se demander comment les autres sont parvenus à les surmonter, à juguler leurs maux. Il n’y a aucun pays à zéro problème, malgré que le cas malien soit pire. Les problèmes sont
inhérents au fonctionnement d’un pays. Le Mali est-il le dernier pays Africain en matière de développement ? Selon Afrik mag, parmi les pays ayant eu plus de coup d’états en Afrique, on peut compter le Burkina Faso, le Benin, la Mauritanie, le soudan (5 coups d’états) ; Est-ce ces pays sont les plus développés d’Afrique ? Leur population a- t-il la meilleure condition de vie ?
Quant aux politiciens, qui sont censés le condamner, sont les premiers à acclamer. La constitution malienne dans Son article 121 déclare « …Tout coup d’état ou putsch est un crime imprescriptible contre le peuple malien. », alors pourquoi ce même peuple acclame un crime contre lui ? Pourquoi ces politiques le portent aux nues ? N’est-il pas de l’égoïsme ? En Afrique, l’opposition n’a qu’une seule charge : critiquer et critiquer. Ils n’ont qu’un seul objectif, la chute du président en exercice. Ces opposants sont prêts à tout investir pour l’échec du président, hors ils ignorent que son échec équivaut à l’échec des politiques, finalement à l’échec du pays. Simple Analyse pour mieux comprendre cela, tant que les politiques maliens ne sont pas aux commandes, ils sont automatiquement déclarés chômeur : ils n’ont aucun métier. Connaissez-vous le métier de ces politiques ? Comment ils arrivent à subvenir leur besoin ?
1. A qui la faute ? : situons la responsabilité de chacun dans la défaillance actuelle du Pays ?
Au côté du management Étatique, il faudrait revoir les choses. N’avons-nous pas utilisé tous les systèmes économiques (socialisme, capitalisme). Sur le plan politique, ni la dictature ni la démocratie n’a résolu le problème malien : le Malien est resté insatisfait. Alors que faire ? A qui la faute ?
Sur le plan scolaire (Education) :
D’une part, le président est-il responsable du déraillement de l’AEEM ? Une association pour la recherche d’intérêt collectif et la défense du droit des étudiants dit-on. La défense des étudiants est devenue le dernier souci de l’AEEM. Qu’a-t-elle fait sur la grève des enseignants ? Les enseignants qui se font agressés par les apprenants, est-il de la mauvaise gouvernance ? Que des fêtes et bagarres inutiles dans les écoles et universités. L’organisation des journées scientifiques est devenue un gâchis pour les administrations car personne (élèves/étudiants) n’y participe. Plus de respect ni de sérieux entre apprenants et enseignants. Quant aux enseignants, ils ne suivent plus leur mission noble (La majorité). Les examens et les contrôles sont vendus. L’harcèlement sexuel envers les jeunes filles en recrudescence.
D’autre part, Les études au Mali servent-ils à quelque chose ? Au Mali, non seulement les enfants sont contraints d’étudier pour faute de moyen : pas d’écoles (au nord et au centre) ni universités publiques (juste 2 sur le territoire) mais aussi aucun plan de recrutement n’est établi à la fin du processus universitaire. Le chômage est en plein accroissement d’une année à l’autre. A la fin des études, on est obligé d’être enseignant (IFM) ; chose qui devrait se faire par amour. Le Mali ne forme-t-il pas les chômeurs ? Est-ce cette formation répond aux besoin/réalité malienne ? Il est vraiment temps que l’Etat s’assume, 5 ans pour la licence est loin d’être sérieux. Aucune nation ne serait construite sans l’éducation. Le problème du Mali n’est-il pas éducatif ? Car la majorité ne connait ni ses droits loin de ses devoirs. Pourquoi toutes ces personnes dans la rue ? L’Etat n’a-t-il pas failli à sa mission ? Le fameux article 39, mis dans les oubliettes par le  gouvernement. Un an de grève scolaire dans un pays sérieux, c’est un crime. Le gouvernement refuse d’honorer son engagement « d’augmenter le salaire des enseignants » : Ils pensent qu’elle est coûteuse. Pourtant Abraham Lincoln dixit « si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance ». De passage
Nelson Mandela aussi annonce que « l’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde », alors les dirigeants maliens sont-ils prêts à faire changer le Mali ?
Sur le plan sanitaire:
Le président de la république est-il l’auteur du retard des médecins dans les hôpitaux ? Le président est- il responsable des médicaments volés dans les hôpitaux ? Les médecins qui font moins de 4 heures de services, le président est-il responsable de cela ? , alors pourquoi incomber tout sur le président ? Etant pauvres, mieux vaut s’acheter des remèdes traditionnels que de passer à l’hôpital, « foutaise totale ». Tous les médecins ont une clinique privée qu’ils s’adonnent 24h/24 en même temps fonctionnaire d’Etat. Alors la responsabilité de chacun de nous est engagée. L’Etat à son tour doit veiller à ce que la population ait la santé, la santé avant tout et pour tous ; est ce cas au Mali ? Trois grands hôpitaux publics pour une population de vingt millions d’habitants,
condition de vie déplorable des médecins, Absence de matériels médicaux. Selon la banque mondiale en 2018, il n’y avait que 0.13 médecins /1000habitants. Une chose importante à savoir, Où sont partis les 6 milliards de fond contre la COVID 19 ? Les 500 milliards ? Ou les fond collectés ? C’est ainsi le fonctionnement de tous les services.
2-Le Mali est- il le seul à connaitre la corruption ?
La corruption est omniprésente, il y a toujours eu un minimum de corruption imbattable (relationnel et conflit d’intérêt). Le cas malien n’est-il pas exceptionnel et attigé ? Ne dit-on pas que la relation vaut mieux que le diplôme ? Est-il nécessaire encore d’aller à l’école ? Payer pour étudier et payer encore pour travailler à défaut du relationnel. Avec un bac +5, les jeunes trainent dans la rue (le thé devient le moteur du PIB). Les autorités ne comptent-ils pas booster la consommation du thé par le chômage ? La corruption est devenue le synonyme du Malien. C’est quoi la suite de l’affaire d’engrais avec Bakary Togola (9 milliards de FCFA)? Avion présidentiel sans facture, des blindés en carton dit-on. Incapable d’amener les corps des soldats tombés alors que le président de la
commission de la défense de l’AN Karim Keita (malgré que ce soit sa vie privée) fit du show aux
plages d’Espagne.
Pourquoi limitons nous la corruption aux dirigeants ? Est-ce le président seul corrompt? Les billets que nous glissons pour contourner la queue n’est-il pas de la corruption ? Les billets que nous glissons pour se faire traiter les documents hors loi n’est-il pas de la corruption ? Le billet que nous glissons à la douane pour éviter le contrôle fisc n’est-il pas de la corruption ? Des chefs qui cumulent les salaires des non nés et cadavres est-il permit ? Alors quand nous voulons combattre la corruption, il faut un changement systémique. Le cas du Mali est pire qu’il ne faut imaginer, les dirigeants doivent changer leur état d’esprit, le peuple aussi. La corruption est devenue une fierté, les milliards se perdent sans audit ni sanction.
3. Le Mali ne souffre-t-il pas d’une crise de gestion de relève ?
La crise malienne est plus profonde, plus de confiance entre gouvernants et gouvernés. Le Mali ne souffre-t-il pas de l’absence de leader (Homme politique) ? Qui peut-on pointer du doigt aujourd’hui comme Homme de confiance ? En tout cas personne n’aurait la chance comme IBK d’encaisser la confiance entière du peuple. Des vieux crocodiles au pouvoir depuis 1991 sans changement ni amélioration des conditions de vie. L’Esperance de vie au Mali selon la banque mondiale en 2018 était de 58 ans sachant que la majorité des prétendants acteurs du changement et corps politiques ont plus de 60 ans. Ne sont-ils pas des fantômes qui gèrent le pays ? En 2020, Qui vote pour eux ? Sans doute c’est le même peuple. N’apprenons nous pas de leçons ? Mais souvent, malgré la
corruption, l’incompétence de ces vieux, faudrait-il leur choisir au détriment des jeunes ? Au moins ces vieux ont étudié et sont instruits. Peut-on faire confiance à cette jeunesse ? N’avons-nous pas une jeunesse de chicha, de stupéfiants et du show ? Sérieusement, même un aveugle aurait du mal à confier un pays à cette jeunesse ? Jeunesse sans éducation, Quel avenir pour le Mali alors ? On parle  du changement, qui va-t-on choisir ? N’est-il pas mieux de garder ces vieux ? Changement générationnel, comportemental ou de mentalité ? Clément Dembélé dixit « il y’a pas d’expérience dans la politique malienne, s’il y en a, c’est de la mauvaise» Ce qui signifie qu’il faudrait plus faire confiance aux anciens de 1991? Il affirme aussi que le pouvoir peut donner à un politique de 100 ans
s’il s’avère qu’il fit quelque chose pour le pays. Alors jeunesse malienne, étudiez, instruisez-vous pour mériter et être acteur de ce changement. Avons-nous toujours besoin de ce changement anticonstitutionnel du pouvoir ? Qu’avons-nous tiré de profit ? Le Mali évolue-t-il ? Où est le Mali de Modibo Keita, Soundjata Keita ? Le Mali a-t-il besoin d’un nouvel mode de gouvernance ? Comment optimiser les ressources Etatiques ? Cela nous pousse à la deuxième phase de ce travail, qui proposera des solutions de management politique que l’Etat malien doit revoir.

II. Quel modèle de gouvernance pour le Mali ?

Alors que faut-il faire pour une bonne gouvernance au Mali ? Après deux semaines de renversement de pouvoir (la démission d’IBK dit-il), il serait indispensable de mettre en place un modèle de management optimal pour le peuple malien. Il est temps que le vol, la corruption, l’instrumentalisation de la justice s’arrête au Mali. Il faut désormais qu’on fasse la politique avec un projet spécial, résoudre un projet particulier et non un moyen d’enrichissement. Pour cela nous proposons un ensemble de mesures de management par objectif (MPO) et par le mérite.
A. Proposition au niveau de la gestion de la chose publique
*Le choix des postes ministériels via une offre publique avec des projets claires et les moyens mises en œuvre pour la réalisation :
La politique ne doit plus être un métier, au contraire, il faut avoir en avoir pour faire la politique.
Dans un pays comme le Mali, l’allégeance doit faire place à la compétence. Le Mali a besoin d’un gouvernement de technocrates (spécialistes). Il ne faut plus qu’un économiste dirige le ministère de l’énergie. Pour cela, toute personne voulant un poste ministériel doit se munir d’un programme précis en décelant les difficultés du secteur. En plus de cela, ils doivent mettre en exergue les moyens nécessaires dont ils disposent ou comptent pour la réalisation dudit programme.
Cela est valable et pour le chef du gouvernement, pour les ministres et pour tout poste de nomination. Des objectifs généraux seront fixés par le Premier ministre, qui seront dispatchés entre les autres ministres du gouvernement. Une évaluation est effectuée à la fin de chaque exercice. En outre il faut ajouter la réduction de postes ministériels à 20/25 maximum.
*Condition d’éligibilité des députés :
Au Mali, les députés n’opèrent qu’une partie de leurs fonctions : voter les projets de loi. Ne serait-il pas nécessaire de comprendre une loi avant de la voter ? Selon l’ex député et premier ministre Moussa Mara « plus de 100/147 députés maliens n’ont pas le bac ». Ces députés seront-ils capable d’interpréter une loi avant de la voter ? Sans oublier exceptionnellement des députés n’ayant pas été à l’école mais qui sont capable de défendre le peuple (fierté). Le problème n’est pas toujours lié à la langue, mais à l’acte. Il faut que chaque député arrive à défendre sa localité, le pays entier, Alors comment ? Ce sont des représentants du peuple dit-on, alors ils sont censés comprendre les maux de la société. Il est temps que Ces députés proposent aussi des lois, au lieu de passer les 5 ans à voter les projets de loi du gouvernement. En outre il faut ajouter que le bac doit être le minimum à avoir sous condition de validité des candidatures.
*Révision budgétaire :
Le Mali est un pays subissant une mauvaise répartition des richesses. Normalement, la répartition budgétaire doit se faire selon la nécessité et le besoin de la population. On devient ministre ou député pour l’amour du pays afin de juguler une difficulté dont souffraient ce secteur et non un moyen d’enrichissement. La politique n’est pas un métier mais une stratégie, un plan pour résoudre une problématique : c’est le management de la chose publique. Pour cela, les 2 millions d’indemnités des députés, les 500 millions annuel alloués au chef de file de l’opposition (inutile, c’est quoi sa fonction ?), le budget présidentiel de 150 millions mensuel en plus de sa rémunération de 4 millions (selon le journal VUDAF, comparé aux pays africains, il est 10e ) doivent être revu à la baisse, insupportables par un pays à majorité pauvre. La grande responsabilité est de pouvoir leur offrir un local, un véhicule de fonction et certains bons. En plus de cela la rémunération numéraire ne doit plus excéder un maximal qui pourrait être fixés par consensus. Ceci est valable pour tous les départements et services, le végal ou l’auditeur national doit établir un rapport dans ce sens d’une période à une autre. En outre il faut ajouter la diminution des partis politiques et la suspension du
fond qui leur sont alloués. Près de 200 partis pour une population de 20 millions d’habitants, y’a-t-il plus de 100 idéologies différentes au Mali ? Pourquoi ne pas se regrouper ? Il est temps que l’Etat agisse dans ce sens. Celui qui compte en créer, dois s’ajoute à un autre existant qui partage la même idéologie que lui sous condition de validité.
*Déclaration obligatoire du patrimoine :
La constitution malienne ne se prononce point sur ce caractère obligatoire de la déclaration du patrimoine. Pour une meilleure lutte contre la corruption, il faut un suivi serein et rigoureux du patrimoine des gouvernants. Pour cela, la déclaration des biens de tout gouvernant à l’entrée et à la sortie doit être une obligation. Tout enrichissement doit être justifié, le cas échéant, les actes seront répondus devant les juridictions compétentes. Ceci est un moyen de lutte contre la corruption.

*L’établissement du rapport annuel : Pour toute direction, service, postes ministériels ou autres,
un rapport mensuel et annuel doit être publié dans les journaux nécessaires. De plus, une explication du rapport sera organisée à la télévision nationale où le concerné détaillera « le pourquoi ce résultat » et la stratégie dont il compte pour se rattraper ou améliorer. *Déclaration obligatoire du projet présidentiel : A l’ouverture des candidatures pour l’élection présidentielle, les candidats sous condition de validité doivent avoir un projet clair social et économique pour juguler les difficultés du pays. Ce projet, comme le cas ministériel doit regorger les failles de l’ancien système et les moyens dont ils comptent mettre en œuvre pour le rétablissement du pays. Un débat sera organisé à l’ORTM (bambara) qui opposera les deux leaders arrivant au 2e tour.
B. Quel type de malien ?
La maxime populaire selon laquelle, « Tout peuple mérite son dirigeant ou chaque dirigeant est à l’image de son peuple », se confirme nettement dans le cas malien. Sinon, comment comprendre que des électeurs qui, après avoir, durant tout un quinquennat, se sont battus dans tous les sens contre un régime en y revendiquant, et demandant des meilleures conditions de vie, puissent encore accepter sans hésitation, de troquer leur conscience contre des miettes ? Deux ou cinq milles francs sur 5 ans, pas nécessaire d’être mathématicien pour savoir qu’il fait 1000f annuel. Alors si nous voulons une vraie alternance, il faut s’alterner d’abord.
« Le peuple sera soumis si vous promouvez des gens droits pour les placer au-dessus des retords » Confucius.
Le peuple malien a vraiment besoin d’éducation. On ne peut bâtir avec des ignorants. Et ça, Modibo Keita l’a compris. Aussi, Le malien doit savoir qu’il n’a qu’une seule nation, et c’est à lui de la bâtir à son image. Il revient à chaque malien de se demander : Qu’est-ce que je dois faire pour mon pays ? Ai-je fait quelque chose pour mon pays ? Le temps est venu pour que chaque malien fasse son bilan personnel. Etes-vous de ceux qui disent : « Tous les autres volent les deniers publics, ils sont bénis de leurs parents, moi aussi je les vole, je suis béni par mes parents, mais celui qui ne les vole pas est maudit par ses parents. » tel est le slogan du malien pour justifier ses forfaits. Que chacun soit responsable, maliens, soyons tous responsables.
Conseil spécial au CNSP et aux futurs dirigeants: Entre les marteaux du M5 RFP et l’enclume de la CEDEAO; comment doit-il agir ?
Dans cette situation exceptionnelle et pour mettre le pays sur les rails et faire fuir les populistes et sachant qu’on ne peut satisfaire tout le monde, d’où la notion de la démocratie ; il faudrait s’assumer. Il n’est pas possible de s’asseoir et discuter avec tout le monde. Pour cela, ils doivent faire fuir les flatteurs. Aujourd’hui, le CNSP est consulté, félicité, critiqué par tout le monde ; on n’est pas censé rencontrer tout un chacun. Ils doivent être prudents, choisir quelques hommes sages et leur donner à eux seuls de leur dire la vérité et poser des questions sur certaines choses. Ceux-ci sont consultés et les décisions reviennent au CNSP : ils jouent un rôle de conseillers. Il doit enfin ne vouloir entendre aucune personne. En essayant de faire autrement, il se ruine par les flatteurs, entrainant
une diversité de conseils, ce qui va diminuer beaucoup sa considération : c’est le scenario actuel du CNSP. « Ecouter tout le monde revient à ne prendre aucune décision ». C’est vous les soldats, c’est à vous de décider. On ne peut être dirigeant et s’entourer de tout le monde comme conseillers. Il faudrait venir sous format de coup d’Etat, car le démenti n’a rien servi : toutes les sanctions étrangères étaient présentes malgré la démission du président (si l’objectif était de se protéger contre les sanctions). Dès ce moment, il fallait réagir indépendamment et assurer leur responsabilité ; agir en militaire. L’erreur monumentale qu’il ne fallait pas commettre était de se présenter au monument de l’indépendance avec le M5 RFP, pour se crédibiliser mais malheureusement cela n’a rien servi. Depuis ce moment, ils n’arrivent plus à réagir face à la pression et du M5 et de la CEDEAO. Leur coup n’est-il pas un échec aujourd’hui ? Le Mali d’aujourd’hui a
besoin de vous les militaires à la tête pour contrôler la gestion et un civil pour diriger (pour préserver les relations internationales), « (…) les politiques doivent attendre les urnes ».dixit Moussa Mara, ancien premier ministre.
Selon Nicolas Machiavel dans son livre le prince « on peut combattre de deux manières : ou avec les lois, ou avec la force. La première est propre à l’homme, la seconde est celle des bêtes ; mais comme souvent celle-là ne suffit point, on est obligé de recouvrir à l’autre : il faut donc qu’un prince sache agir à propos, et en bête et en homme (….).le prince devant donc agir en bête, tachera d’être tout à la fois renard et lion : car s’il n’est que lien, il n’apercevra point les pièges ; s’il n’est que renard, il ne se défendra point contre les loups, et il a également besoin d’être renard pour connaitre les pièges, et lion pour épouvanter les loups. Ceux qui s’en tiennent tout simplement à être lions sont très malhabiles ». Alors, il faut qu’ils s’assument, il est compréhensible de subir la pression étrangère mais locale non.
Conclusion
Que doit-on retenir finalement ?
Nullement après ce nième coup d’état, si les problèmes ne sont pas maintenus, ils sont en accession. Si la totalité des présidents ont été braconnés pour les mêmes causes, et aucun changement n’est constaté, il serait important de déceler la cause réelle du problème malien. Si aucun président n’arrive à satisfaire le peuple, que faire ? Doit-on rester sans président ? A chaque coup d’état on se trouve face à un vide institutionnel et constitutionnel. Des sanctions venant de partout (embargo ….), la gestion imposée par l’extérieur, la perte d’autonomie etc. Le Mali a besoin alors d’une population plus mature. La population est censée savoir que le coup d’Etat n’est et ne sera jamais la solution, au contraire, un retour à l’initial. Le Malien doit savoir que le président est loin d’être le seul à gérer le pays, c’est tout un système composé d’une batterie de parties. Alors, chaque partie prenante est censée manager et assumer sa responsabilité, placer des
actes et surtout gérer avec honnêteté. La population à son tour doit savoir que la construction du pays n’est nullement reposée sur le président de la république mais de tout un chacun. Dirigeants maliens, la politique ne doit plus être un métier, mais il faut en avoir pour faire la politique : la politique, c’est du bénévolat.
Finalement, tant que ces différents maux (l’injustice, iniquité, la corruption etc.) persistent, tant que la population n’étudie et change son état d’esprit (gouvernants et gouvernés), il y’aurait toujours des coups d’Etat au Mali.
Enfin, Que représente le Mali d’aujourd’hui pour l’Afrique ? Le Mali a-t-il changé ? Si oui,
dans quel sens ?

TRAORE BOURAIMA, étudiant malien en M2 (corporate finance) à l’ISCAE Rabat, Maroc

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