Nuance : les conseillers du président IBK n’ont pas menti, ils ne peuvent pas parler tout court

Chaque jour, il se passe des choses qui étonneraient un extra-terrestre et qu’un écrivain n’oserait pas inventer. Quand ça se passe au sommet d’un état alors Satan lui-même est dépassé.  La visite du président de la république Ibrahim Boubacar KEITA est en elle seule une école, celle de la gouvernance en cours au Mali. La première analyse qu’on en fait est celle d’un président qui semble vouloir équilibrer la balance entre hyper mobilité hors du Mali et abonné absent au Mali. La dessus on peut espérer qu’il n’y a qu’une école.

La méthode

Qu’on l’aime ou pas on n’a pas d’autres choix que de s’accommoder au faste qui entoure le président. Ne pouvant faire atterrir son avion présidentiel dans les provinces maliennes, le président y va en visite tel un président qui a réussi son mandat

On pourrait par moment oublier les profondeurs abyssales dans lesquelles sa gouvernance plonge le Mali.  Pour son cortège, le protocole n’a pas fait dans le détail. Un gros 4X4 décapotable conduisait le président qui s’est mis debout pour saluer la foule tel un vainqueur. Lunettes de soleil et chapeau melon de rigueur sont les accessoires choisis pour aller sympathiser avec les maliens dont l’impatience ne peut plus être couvert par les chants de l’ORTM. Les poignées de mains sont plus pour la télé que conviviales. D’ailleurs sur l’étape de Bla,  le président refusera d’accepter la main tendue d’un jeune venu le rencontrer. Peut-être qu’il n’avait pas l’étoffe dû à son rang de mansa. IBK n’a jamais semblé être en communion avec les petits messieurs qu’il a pu rencontrer.

Le discours

Plongé dans les querelles partisanes du RPM local de Ségou, le président dira qu’il est au courant de tout.  En même temps il n’aurait pas pu être autrement pour l’autoproclamé roi soleil.  Demandez au “petit monsieur” Tiebilé Dramé, il en a fait les frais. Si les nombreux déplacements du président nous ont appris quelque chose, c’est bien l’improvisation de ses prises de parole. Elles ne sont jamais en phase avec les attentes de son public.  Pour le roi soleil qui sait tout à Ségou,  la nuit à Bla et son obscurité légendaire lui ont fait dire le contraire au point de développer une allergie de certains de ses conseillers qui lui auraient maquillé la réalité.

“On m’a menti” est ce qu’on peut retenir du discours du président à Bla. Il n’a rien dit d’autre. Il faut croire qu’un autre discours n’était ni écrit ni préparé à l’avance. Rien qu’au latin employé à son habitude,  on peut déduire que personne dans l’entourage ne pourrait lui écrire ses discours.  Le seul autre malien comprenant le parler du président est Madani Tall du parti ADM or lui n’a pas été appelé malgré l’appel du pied.  Rien que pour la rédaction de ses discours le président pourrait compter sur Madani Tall qui a une plume honorable. Les deux font un culte de la vie parisienne et de la culture hexagonale.  Bref c’était une parenthèse que nous allons rapidement refermer avant de verser dans la provocation gratuite.

Les actes

Le président a posé quelques premières pierres d’infrastructures dont une route de quelques milliers de centimètres comme dirait l’ami Toto. Trois ans de gouvernance IBK pour ça.  Sur l’étape de Bla on nous apprendra que quelques groupes électrogènes auraient été envoyés dans la ville rebelle.  Si cela est vérifié c’est mieux que rien mais ce n’est pas encore bien. Sur un plan commercial, il faut pouvoir coordonner avec l’entreprise qui fournit de l’électricité depuis toujours.  Jusqu’à ce qu’EDM arrive, il faut protéger les emplois des blakas liés à cette fourniture. Faire face à l’urgence est une méthode qui a montré ses limites. Il faut établir un plan d’électrification général du Mali avec un calendrier clair en incluant la ressource soleil. Le Mali était présent à la COP21. Nous osons espérer que le président a apporté dans son avion des experts maliens de la matière dans ce sens.

La leçon

L’émotion est le fil conducteur de la communication du président. Contrairement au maire de Bla Soungalo Mallé qui a réussi à porter un message aussi fort sans trembler devant le président, ce dernier a fait appel à l’émotion une fois de plus.  Il n’a pas résisté à parler de lui.  Il a ramené la question à lui-même.  Il aurait pu faire un parallèle entre le cas de Bla et le reste du Mali puis dire qu’il y travaille.  Il aurait pu rassurer les blakas puis régler le cas de ses collaborateurs en privé. Au lieu de ça, il a perdu son sang-froid, il a accusé ses collaborateurs de lui avoir menti. Il a reconnu l’inutilité de son entourage qui ne lui remonterait pas les informations sensibles du pays.  On peut craindre pour le sérieux de ce mode de gouvernance. Logiquement dans un Etat normal où le président est normal, on envoie une équipe en repérage sur le terrain avant la visite du président. Cette équipe prend le pouls des populations et anticipe sur l’ambiance. Les actes et la communication du président sont ensuite adaptés à l’humeur locale.  Cela aurait permis d’éviter de découvrir un discours raide du maire et des banderoles. Le président très bavard à son habitude aurait continué son one-man-show en apportant les réponses sans émotion. Le problème du président vient du fait qu’il s’entoure de personnes qui l’appellent “Tonton” ou “Poua”. Une fois qu’on instaure la familiarité à ce niveau, on ne peut pas exiger l’efficience ni l’efficacité.

Les prochaines visites du président

Toutes les régions attendent une visite du président de la république avec à la clé une réalisation de taille. Connaissant le couple capacité et volonté de ce gouvernement à faire face aux chantiers,  on peut craindre une montée en puissance de discours de revendications comme chez les voisins de L’AEEM. On peut effectivement s’interroger sur la ligne de conduite des populations de toutes ces régions qui désespèrent.

Bla deviendra sans aucun doute un exemple à suivre d’autant plus que le président a juré de résoudre le problème soulevé.  Soit le président programme ses prochaines sorties en zones dirigées par des élus RPM, soit il commence à remplacer tous les bras cassés qui l’entourent et qui l’appellent affectueusement «Tonton”. La question est de savoir s’il va lui-même résister au sevrage car il affectionne ce mode de soumission de son entourage.

Il est toujours instructif de se rapprocher des populations. On y ressort avec des indications et des indicateurs.  Changer les choses ne dépend que des actes qui suivront.

Elijah De BLA

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