Les violences obstétricales en Afrique de l’ouest, inégalité sociale ou non ?

Les violences obstétricales en Afrique de l’ouest, inégalité sociale ou non

Les violences obstétricales, on y pense pas mais nous avons tous une personne de notre entourage qui a accouché dans un hôpital public et dont l’expérience n’a pas été très bonne.

Les violences obstétricales : Les raisons

Des expériences douloureuses, souvent expliquées par la culture ou la condition sociale. Par exemple les violences obstétricales se traduit dans certains cas par la violence verbale. Lors de l’accouchement le personnel médical adresse souvent des propos dégradants aux femmes en souffrance plutôt que des propos encourageants. Par exemple des paroles faisant référence à l’acte sexuel et leur demandant de ne pas montrer leurs douleurs du type ‘c’était bon non ? tu aimais ça ?’. Ou encore un rappel à l’ordre concernant le respect de la tradition, en effet dans certaines cultures l’honneur de la femme et de sa famille dépendent de la capacité de celle-ci à taire sa douleur lors de l’accouchement.

Donc le corps médical lui intime l’ordre de n’émettre aucun signe de souffrance. Mais aujourd’hui la raison la plus fréquente est le statut social, les hôpitaux publics sont majoritairement fréquentés par les populations les plus pauvres. Il s’agit de personnes peu éduquées et peu informées.

Elles subissent tout d’abord l’état de délabrement des infrastructures hospitalières et du matériel. Ici à Lagos beaucoup d’hôpitaux ne disposent ni d’électricité ni d’eau en continu, les femmes qui accouchent sont réunies dans une même pièce avec les bébés dans leur lit. Beaucoup ne peuvent s’offrir une péridurale afin de soulager leur douleur ou bien une césarienne lorsque c’est vitale pour l’enfant.

Lors d’une visite au sein de la maternité de Shagamu dans un des quartiers populaires de Lagos, nous avons recueilli le témoignage d’une jeune mère de 23 ans venant d’accoucher. Mme Amadu nous confie avoir eu un avortement particulièrement difficile, des injures de la part du personnel soignant et le corps médical réticent à lui pratiquer une césarienne par peur qu’elle ne puisse pas payer sa facture.

Les violences obstétricales en Afrique de l’ouest, inégalité sociale ou non ?
Les violences obstétricales en Afrique de l’ouest, inégalité sociale ou non ?

Les violences obstétricales : Les femmes aisées en sont protégées

Lorsqu’on a visité l’une des cliniques spécialisées en gynécologie les plus réputées du pays, sur l’île de Victoria Island l’un des quartiers cossus de Lagos nous avons été agréablement surpris. Des locaux modernes, un personnel aux petits soins, un système électrique qui fonctionne, des sanitaires propres, on pourrait continuer ainsi longtemps. Les femmes qui accouchent peuvent faire le choix entre plusieurs formules d’hébergement (être seule ou non).

Les infirmières s’occupent des bébés qui restent dans la pouponnières et leur sont amenés. Et les mères bénéficient de soins personnalisés pendant toute la durée de leur séjour. Nous avons interrogé Mme Chidu agée de 29 ans qui vient d’accoucher, elle se dit vraiment très contente de son séjour, une équipe médicale très professionnelle. Chaque étape de l’accouchement lui était expliquée et on lui demandait constamment son accord avant tout acte. Elle précise tout de même que le coût est très élevé, mais qu’elle accouchera à nouveau dans cet établissement.

La différence de traitement est évidente, les violences obstétricales sont presque un passage obligé dans les hôpitaux publics. La quasi-majorité d’entre elles se déroulent dans le public. Tandis que dans un établissement privé cela est quasi inexistant. Par exemple dans la structure visitée des affiches incitent même les patients à questionner le personnel médical sur les soins pratiqués.

Les violences obstétricales : Les chiffres

Une récente étude de l’OMS réalisée au Ghana, au Nigéria, en Guinée et en Birmanie auprès de 2000 femme révèle que 42% d’entre elles ont subi des violences physiques (des claques, des coups de poings…) ou verbales (insultes) pendant l’accouchement. Le corps médical justifie ces actes par leur manque de coopération. L’absence de consentement est également répertorié comme une violence, dans le cadre d’une césarienne ou d’une épisotomie.

On reporte que 13% des césariennes et 75% des épisotomies sont pratiquées sans le consentement de la patiente. Et 57% des femmes affirment ne pas avoir bénéficié de soins pour atténuer les douleurs liées à l’accouchement.
Une situation qui pourrait s’améliorer selon l’OMS avec des moyens plus importants dédiés aux soins de santé maternels.

Des soins de qualité ont malheureusement un coût très élevé dans les pays où le système de santé est totalement déficitaire. Les femmes et les enfants sont les premières victimes de cette situation. L’accouchement est un acte douloureux et risqué même dans les meilleurs conditions. Mais le monde médical tente de faire évoluer la situation. Les professionnels de la santé maternelle se sont réunis à Dakar fin octobre afin de discuter de ces violences et y remédier.

Sisi Abeni

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