Les burkinabés sifflent la fin d’un match qui a duré plus de deux décennies


Il y a de ces faits historiques qui étonneraient un extraterrestre et qu’un scénariste n’oserait pas inventer.  Depuis ces dernières semaines au pays des hommes intègres les événements se sont accélérés comme de la neige qui fonderait à Ouagadougou.
Chaque chose en son temps et chaque temps à ses actes. Le temps est comme une sorte de lion inoffensif qui n’attaque pas de manière visible mais qui ronge indéfiniment toute matière.
Le président Blaise Compaoré est de la matière et le temps n’a pas fait exception. Aucun scénariste n’a vu arriver ces évènements.

Presqu’une semaine après la manifestation géante qui a vu le peuple du Burkina Faso se lever tel un seul homme pour exprimer son refus d’accorder un nième remaniement de la constitution taillée sur mesure pour Blaise Compaoré,  l’onde de choc s’est ressentie partout où des hommes et des femmes aspirent à un monde juste.  Plus d’un million de personnes ont battu le pavé à Ouagadougou et dans les principales villes du pays pour exprimer leur ras le bol général.
Il faut rappeler que le président Blaise COMPAORÉ est arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’état militaire. Il a à l’occasion déposé physiquement son ami d’enfance Thomas Sankara  lui-même arrivé au pouvoir par les faveurs d’un coup d’état. Il fera mourir Sankara et s’en suivra plus de deux décennies de pouvoir sans partage émaillé de tortures, de meurtres, d’humiliations et d’oppression du peuple.  Il fera du Burkina Faso une société à capitaux dans laquelle il est actionnaire unique détenant toutes les parts. Il devient si puissant qu’il est directement impliqué dans la totalité des processus de déstabilisation connus par les pays d’Afrique de l’ouest.  C’est ainsi que du Liberia au Mali en passant par la Sierra Leone, la Guinée, la Côte d’ Ivoire et le Niger, il sera la pièce maîtresse des tractations post-crises de ses pays. Il fera du diamant sierra léonais un business juteux, du cacao ivoirien une arme de dissuasion massive, de l’immobilisme guinéen une source d’inspiration et de l’incapacité des dirigeants maliens une force de déstabilisation.  Il disposait du bâton magique pour déstabiliser les pays puis déroulait le tapis rouge pour les valses d’allers et venues des négociations avec son incontournable médiation.  Il est craint en Afrique de l’Ouest et reste l’interlocuteur privilégié de l’occident dans son œuvre mortuaire en Afrique.  Blaise Compaoré sert les intérêts du désintérêt de l’Afrique de l’ouest.  Il est détesté de la jeunesse progressiste africaine qui croit en l’idéal Sankara pour bâtir une union des destinées africaines.  Des pays comme la Côte d’Ivoire comptent une grande partie de sa population qui le rend responsable pour beaucoup dans la décennie de scission du pays.  De plus, nul ne doute de l’apport qui est le sien dans l’état actuel du MALI.  Il entretien le MNLA et le flou sécuritaire aux vues et aux sues de la communauté internationale.
Il n’a pas hésité un seul instant à mettre fin aux jours du journaliste Norbert Zongo, du chanteur Black So man et à ceux de nombreux collaborateurs.  Personne n’avait la solution pour débarrasser le Burkina Faso de cette emprise qui ne laissait aucune place à d’autres visions.

C’est connu, l’équilibre du monde dépendant de beaucoup de choses y compris celles des plus insoupçonnables. Le peuple burkinabé ignorait lui-même son pouvoir de réaction tout comme les observateurs. En voulant créer les conditions d’une éternité au pouvoir, sans le savoir du haut de son trône, le président Compaoré venait de donner le dos et le bâton au peuple burkinabé pour reprendre ce qui lui revient de droit c’est-à-dire chasser Compaoré du pouvoir. Très tôt ce matin du jeudi 30 octobre 2014, fort du capital confiance acquis lors de la manifestation géante, les burkinabés sont descendus dans les rues et plus puisqu’ils ont contraint l’assemblée nationale à annuler le vote de tripatouillage de la constitution pour permettre à Compaoré de demeurer au pouvoir. Tous les symboles du pouvoir ont été conquis par le peuple. Le peuple et une partie de la hiérarchie militaire contrôlent les choses à travers des déclarations sur les médias d’états depuis le milieu de l’après-midi.

Avant la journée qui a vu basculer le président Compaoré, le collectif contre la confiscation du pouvoir au Burkina Faso prévoyait une manifestation à Paris à l’ambassade du Burkina en France pour dénoncer le désir de Blaise Compaoré de modifier la constitution.  L’accélération des évènements au pays des hommes intègres a donné une tournure festive au rassemblement qui a compté une centaine de personne de diverses origines et nationalités.

Un manifeste du collectif a été remis à l’Ambassadeur Éric KIALI pour transmission au Président Compaoré. Il semblerait que la messe soit dite au Burkina Faso, les heures à venir nous en diront d’avantage.

Au moment où nous bouclons l’article, le sort de du président Compaoré était flou et des communiqués lui étaient attribués sans confirmation.

Elijah de Bla

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