L’émergence et le développement se font-ils avec la paix et la confiance à genoux?

Les spécialistes de la mesure, de la guerre et de la communication se sont accordé pour décréter la fin de la guerre au Mali. Il ne s’agit pas de la guerre physique et militaire que nous connaissons tous. Cette guerre continue et fera des ravages tant que les conditions de sa genèse demeureront. Les groupes armés et amis terroristes sont toujours tapis dans les villes du Mali. L’extrême pauvreté des populations fait d’elle une base de recrutement pour violenter le pays. Le DDR (démobilisation, désarmement et réinsertion) n’a toujours pas eu lieu ce qui signifie que des hommes et des armes sont dans la nature prêts à entrer en activité chaque fois que le maître artificier appuiera sur le bouton de la marche.  L’école n’est plus d’actualité dans nombreuses régions maliennes depuis que les nouveaux locataires et alliés en ont décidé autrement. L’administration malienne n’est pas totalement rétablie dans un vaste territoire du nord même si l’état communique sur le contraire. Le président malien lui-même ne peut se permettre une visite dans aucune localité du nord du Mali, son premier ministre et le reste du gouvernement encore moins.

La seule guerre qui soit finie est celle de la communication entre d’une part ceux qui prônent la partition du Mali et d’autre part l’état malien. Depuis environ un mois, les têtes pensantes du MNLA en particulier et de la CMA en général ne lancent plus de piques envers le Mali. Autrefois, le moindre mouvement de foule de 4 personnes à Kidal était assimilé à une manifestation hostile au Mali ou du moins à son unité réclamée par 99% des maliens. Aujourd’hui, le vice-président du MNLA et poids lourd de la CMA va jusqu’à qualifier une vraie manifestation de kidalois d’incompréhension des populations au sujet de l’accord de paix.  C’est le monde à l’ envers vu de la position de nombreux observateurs.  Il aurait été sage d’inviter en visite d’état le président Hollande pour parler du Mali au Mali avec des maliens qui étaient à couteaux tirés.  Il serait fort de symbole aussi bien pour le président IBK que pour Hollande et les groupes terroristes de se réunir à Kidal ou Gao pour célébrer la paix et entrevoir le développement.  Les termes “relance économique, “émergence” et “développement”  concernent le Mali.  Faire croire qu’avec  le bâton magique de l’OCDE et le va-t’en guerre Hollande on peut apporter les réponses aux problèmes des maliens est une façon pas très intelligente de mentir aux maliens. Le développement ne se décrète pas et ne peut se faire par dons et soumission interposés.

L’attitude soumise et bénie oui oui du président malien contribuera à perpétuer le cadre ayant engendré le statu quo.  Autant on ne peut se développer à son insu autant on n’émerge que si l’on est au courant qu’on est submergé de dette avec des capitaux qui prennent le chemin de l’envoyeur aussitôt qu’ils sont accordés.  L’OCDE ne peut développer aucun pays si les habitants de ce pays n’ont pas un plan qui leur ressemble avec les pistes de ressources pour le financer. Aucun pays ne se développe sans une confiance absolue en ses dirigeants qui ont peu de marge de manœuvre pour la corruption.  Un pays qui esquive la justice pour prôner la réconciliation est voué à entretenir une coquille vide.  Chaque malien est adepte de l’émergence et du développement mais pour cela il faut remettre le curseur sur les maliens. Il faut redécouvrir les maliens de Bamako, des provinces et de l’extérieur.  Passer les trois quarts de son temps en altitude ne permet pas de jauger son peuple.  Cette visite d’état telle qu’elle est vendue est un mirage de plus, semblable à la conférence des donateurs de 2013 qui a accouchée d’un mort-né.  Un pays friand de la surfacturation sur le dos des paysans ne peut prétendre émerger avec les dirigeants qui laissent faire ce crime.  Un pays incapable de savoir le prix d’un bien de luxe appelé avion présidentiel ne peut prétendre au développement.

Ce ballet présidentiel est une conspiration de ceux qui l’organisent contre le peuple du Mali.  Ceux qui octroient les 350 millions d’euros au Mali savent comment seront dépensés ces billets

Ni le développement des régions du nord du Mali ni le moindre problème ne seront résolus avec cette importante somme.  Les seuls bénéficiaires seront le président IBK et ceux qui en auront la gestion.  C’était ainsi depuis le début de la république du Mali.  Les temps ont changé mais les hommes n’ont pas suivi.  Le même comportement d’impréparation face aux défis du Mali a conduit le Mali dans l’inconnu et même au bord du précipice.  Le choix des hommes et les choix faits par ces hommes déterminent le destin des autres hommes et leurs descendances.  Les choix au Mali semblent provenir de l’enfer.  Nul ni personne ne s’y oppose,  il y a une espèce de fatalité qui sonne comme un type d’éducation auquel chacun est soumis.

Ni réforme ni changement des candidats à la gestion du patrimoine de la cité n’est d’actualité.

A travers cette visite d’état et les termes choisis, le président IBK engage les maliens dans un processus aveugle qui consiste à faire oublier le chaos ambiant à travers la publicité d’une paix qui tarde à venir, du développement et de l’émergence.

Sans justice pour les victimes, point de réconciliation et sans réconciliation point de cohésion sociale et pas de confiance. Sans la communication, sans confiance dans les dirigeants autant ranger le projet d’émergence et de développement car la corruption s’en nourrira.

On peut décréter la guerre, mais la paix il faut la construire et la nourrir.  Le développement lui doit être une agrégation des efforts de tous.  L’émergence ne se raconte pas,  elle se constate.

 

 

Elijah de Bla

 

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