Quelle leçon faut-il tirer de cette attaque de l’hôtel Nord Sud de Bamako?

Une fois l’émotion tombée, et les premiers bilans connus, on peut se pencher sur une analyse profonde dénudée de paresse. Résumé, il faut allumer les cerveaux. Il n’y aura plus de pause, ni au Mali ni dans aucun pays au sud du Sahel encore moins en Europe.  Sans même savoir l’identité des assaillants de l’attaque, on peut décrypter leur message. En effet, la périodicité des attaques nous laissait le temps d’oublier les précédentes au point de vaquer à nos occupations vitales. Quelques mois après les attentats de Paris et celui du Radisson Blue de Bamako et une semaine après l’attaque de Grand Bassam, Bamako est à nouveau la cible du terrorisme. Fort heureusement, cette attaque n’a fait qu’une victime, un terroriste tué  et deux autres arrêtés. Le business de la terreur ne connaîtra pas de pause et les cibles sont de plus en plus haut placées.  En s’attaquant aux hôtels du Mali en général les terroristes cherchent à déstabiliser l’industrie du tourisme déjà mal en point. En visant le quasi bunker qu’est l’hôtel Nord Sud qui abrite le QG de l’EUTM, ils envoient un message fort à toutes ces forces qui sont au Mali pour combattre le terrorisme et empêcher le trafic de drogue et d’armes qui constituent leurs sources d’enrichissement.   Le QG de l’EUTM est ce qui se fait de plus sécurisé au  Mali en ce moment. En s’y aventurant, les assaillants se savaient en mission de non-retour car la riposte ne pouvait qu’être à la mesure de l’attaque. Pour preuve, c’est la première fois qu’une attaque terroriste au Mali dans un lieu aussi peuplé d’expatriés et de VIP maliens soit repoussée avec autant de célérité.

L’autre message qu’il faut comprendre est le refus de certains groupes qui occupent le nord du Mali de voir le processus de paix en cours aboutir. En ce moment même, la présence du premier ministre Modibo Keita au forum de Kidal est compromise. Certaines personnes non moins proches du terrorisme international sont contre sa venue et contre la présence de l’émanation de l’exécutif malien à Kidal. On ne peut pas ne pas penser aux interconnexions existantes entre ces entités. Au cas où il y ‘en auraient pas, cette attaque joue en la faveur du statu quo. En somme, il faudra s’attendre à une répétition de ce type d’attaque malheureusement. En l’état actuel des choses, aucun pays en Afrique ne peut se prémunir au point d’anticiper. Il faudra repenser les services de renseignement, coordonner les informations avec les autres états de la sous régions et agir ensemble.  Il faudra des fois attaquer avant d’être attaquer car en général, nos troupes ne mènent pas d’offensives, elles réagissent.

Si le QG des forces de l’ONU n’est pas épargnée par les attaques, il y a de fortes chances que le Mali ne soit à mesure dans son état actuel de faire face à ces attaques qui se multipliront avec de très jeunes gens embarqués dans ce processus par billets de banque interposés. A-t-on le temps de proposer mieux à ces jeunes que ce que le terrorisme leur propose? A cette question, Claude Bartolone, président de l’assemblée nationale française avait été incapable d’apporter une réponse claire.

L’ONU et la France ne seront pas éternellement présentes au Mali pour prêter main forte, du moins ce n’est le souhait d’aucune nation qui se respecte. Le Mali doit décréter la lutte anti-terroriste cause nationale, nommer un ministre de la lutte contre le terrorisme, lui allouer les moyens qui s’imposent. Il y a urgence à opérer une rupture avec la méthode de recrutement à l’armée qui a montré ses limites depuis l’ère Alpha Omar Konaré.  Il faut passer d’une logique d’armée de moyens seulement à une logique de résultat avec l’efficience comme baromètre. La communication de la défense nationale, de la lutte contre le terrorisme ne doivent plus être une affaire de SMS ou de Viber. Des codes et des hommes doivent être affectés à ce domaine.

En attaquant le QG des forces des nations unis, une limite a été franchie, le Mali doit franchir une étape dans sa lutte contre le terrorisme. L’économie en dépend, le chômage pourrait être résorbé en partie par une professionnalisation  effective de l’armée et la croissance pourrait être envisagée afin que la fameuse émergence soit un fait sorti des discours empruntés à Abidjan et Dakar.

La réponse au terrorisme doit être ferme et apolitique.

 

Elijah De BLA

Souscrire à notre lettre d'information