Le business du lait au Mali, un marché à fort potentiel qui nécessite d’être régulé

Le marché du lait au Mali

Le business du lait au Mali, un marché à fort potentiel qui nécessite d’être régulé

Les petits producteurs laitiers maliens peinent à trouver leurs places sur un marché fortement tourné vers l'importation
Les petits producteurs laitiers maliens peinent à trouver leurs places sur un marché fortement tourné vers l’importation

Au Mali, les autorités doivent intervenir pour réguler le marché laitier car nous constatons que le nombre de problématiques ne cesse de se multiplier de jour en jour. Par exemple, on constate que certaines entreprises importatrices de lait en poudre rengraissent leurs produits avec des graisses végétales (essentiellement de l’huile de palme) pour que le lait ait plus de goût. En effet, le lait en poudre écrémé n’a aucun gout c’est comme du petit lait dilué (lactosérum). Pourtant, nous connaissons tous les nombreux dégâts causés par l’huile de palme. C’est un produit à toxicité très élevée (car cancérigène) qui peut causer des problèmes de fertilité chez les humains et qui est à l’origine de grandes déforestations essentiellement en Asie du sud-est et en Afrique. Il est donc à l’origine de la disparition de certaines espèces animales (les orang-outang) et sa culture consomme énormément de produits phytosanitaires très néfastes pour l’environnement et la santé humaine.
Outre cette problématique, nous avons constaté l’année dernière que certaines sociétés maliennes importatrices de lait en poudre hollandais ont des usines à la périphérie de la capitale dans lesquelles ils mélangeaient de la poudre de lait avec de la farine et du sucre pour vendre plus de volumes aux consommateurs. Nous avons aussi remarqué que certains opérateurs économiques maliens payaient moins de taxes à l’importations en faisant passer du carburant pour du lait liquide afin de bénéficier d’exonération liés à l’importations de produits alimentaires de première nécessité.

En plus de toutes ces problématiques nous avons constaté que les importations de lait en poudre ré-engraissé à petit prix ont mécaniquement provoqué une chute du prix du lait sur le marché malien décourageant ainsi nos petits éleveurs locaux qui ont de plus en plus du mal à écouler leurs produits bruts.

À long-terme, cela entrainera une réduction importante du nombre d’élevages bovine au Mali et par conséquent un affaiblissement encore plus importants du marché de l’élevage qui est l’un des 3 principaux piliers du secteur primaire de l’économie malienne car le Mali est un pays à vocation agrosylvopastorale.
Les produits laitiers sont l’un des plus consommés au Mali. Jusqu’aujourd’hui, la quasi-totalité du lait que nous consommons est importé essentiellement de trois grands pays européens (la Hollande, la France et la Belgique) qui sont loin d’être les plus grands producteurs mondiaux de lait. En fait, les plus grands producteurs mondiaux de lait sont l’Inde (plus de 20% de la production mondiale), les États-Unis et la Chine.
Les principaux produits laitiers importés au Mali sont : le lait en poudre (écrémé ou réengraissé avec de la matière grasse végétale en poudre), le fromage (essentiellement les grandes marques du grand groupe français Bel à savoir : la vache qui rit, Babybel, Kiri, etc.), le beurre (le beurre président du groupe Lactalis étant le plus importé), le yaourt, lait caillé, etc. Le lait non transformé (lait entier, lait écrémé ou le demi-écrémé) est aussi importé mais en très faible quantité à cause de son délai de commercialisation très court (produit arrivant très vite à péremption) sans compter le délai d’acheminement long auquel se rajoute les conditions de conservations difficiles de ces produits. Parmi les marques de lait en bouteille les plus importés, la marque « Président » reste la marque phare.
Le choix des quelques pays Européens précités pour l’importations des produits laitiers s’explique par de nombreuses raisons :
– La présence des meilleures races de vaches laitières. En Hollande par exemple, la race bovine la plus présente dans les cheptels laitiers est la Hollandaise qui est une race bovine issue de la race Holstein. Les vaches de race Holstein sont originaire de la région nord Allemande, la Holstein, d’où leurs appellations. Elle est reconnue comme étant la race bovine par excellence dans la production. Une vache de cette race vivant dans des conditions correctes et bénéficiant d’une bonne alimentation fourragère peut produire plus de 17 000 litres de lait par an. La race Holstein est l’une des plus importés dans le monde en raison de sa grande adaptabilité. En France, la race bovine qui produit 80% de la production laitière nationale est la Prim’holstein, une race issue de la race Holstein néerlandaise. En France, nous retrouvons
d’autres races bovines très productrices de lait : la Montbéliarde (une race d’origine Suisse très utilisée dans la production de fromages AOC tels que le comté et le reblochon), la normande (une vache dont le lait est utilisé dans la production de nombreux fromages tels que le camembert AOP de Normandie, le coulommiers, le Livarot etc.).
– La présence de grandes industries agro-alimentaires spécialisées dans la transformation du lait en un large panel de nombreux produits dérivés d’excellente qualité à cause de la grande richesse gastronomique de ces pays.

– La possibilité d’obtenir des contrat-dates à longue couverte et la proximité avec ces pays.
En conclusion, l’État malien doit mettre en place des mesures draconiennes permettant de protéger les producteurs laitiers locaux car nous ne pourrons pas indéfiniment compter sur un approvisionnement extérieur en lait. En fait, la consommation de produits laitiers ne cesse d’augmenter dans les grands pays producteurs augmentant ainsi le prix à l’exportation. Nous avons assisté avec tristesse à une augmentation considérable du prix à l’exportation du lait en poudre mais cela n’a en aucun cas décourager les importateurs maliens dans leurs entreprises car ils n’ont pas d’autre choix que d’importer. les autorités maliennes sont invitées à être plus visionneurs dans leurs prises de décisions. Nous devons dans un premier temps subventionner nos agriculteurs et éleveurs, les guider dans leurs activités afin que nous pussions produire suffisamment de lait pouvant satisfaire la demande nationale. Ensuite, il faut mettre en place des industries capables de transformer le lait en quelques produits intéressants.

Mahamadou MAIGA

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