Les étudiants africains en France : Portrait des étudiants africains à Rouen

Les étudiants africains en France

Etudiants africains en France

Les étudiants africains, une manne financière ; les pays occidentaux se livrent aujourd’hui une bataille acharnée afin d’attirer les étudiants étrangers et notamment les étudiants africains. La France est à la traîne mais commence à développer une véritable stratégie pour en attirer le maximum. On estime à 1,2 milliards d’euros les revenus générés par ce secteur dans l’hexagone chaque année. Les étudiants africains restent largement dominants, particulièrement ceux issus du Maghreb, du Cameroun et du Sénégal.

Voici le premier volet de notre série d’articles consacrée à la communauté estudiantine.

Pour réaliser cette série, nous sommes allés à la rencontre des étudiants africains de la métropole Roannaise. Celle-ci est plébiscitée pour sa proximité avec Paris et le coût de la vie moins élevée. La métropole de Rouen Normandie comptabilise 42 000 étudiants répartis principalement sur le campus de Mont Saint Aignan. La faculté de Rouen compte parmi ces effectifs 12% d’étrangers sur un total de 25 395 étudiants dont plus de la moitié sont originaires du continent africain.

Aujourd’hui nous allons nous entretenir avec un jeune Sénégalais

Peux-tu te présenter (Identité, pays d’origine & formation)

Je m’appelle Pape Niane, je suis originaire du Sénégal et j’ai 23 ans. C’est en 2013 que suis arrivé en France. J’ai une formation en droit public et je prépare actuellement un master en droit international.

Pourquoi as-tu choisi la France plutôt qu’un autre pays ?

J’ai fait des études en droit français donc le choix de la France s’est imposé.

Les étudiants africains et les étudiants d’autres origines ont généré environ à 1,2 milliards d’euros de revenus en 2016 selon Campus France

Comment se sont passées les démarches administratives (école & visa) ?

Au niveau de l’université cela s’est bien passé. Le visa ça a été un peu compliqué car on nous demande un nombre incalculable de documents ainsi qu’un temps d’attente très long avec beaucoup d’aller retour. Il faut s’armer de patience, les heures de convocation ne sont pas respectées. C’est des démarches qui nécessitent beaucoup de temps et d’énergie.

Les étudiants Africains se plaignent souvent d’un excès de zèle de la part des fonctionnaires français en Afrique, en as-tu fait l’expérience ?

Lors de l’entretien avec le personnel de Campus France, nous sommes interrogés sur nos motivations. Ils cherchent à connaître nos motivations pour venir en France, vos projets professionnels. En ce qui me concerne je ne venais pas pour partir à l’aventure donc cela s’est très bien passé.

A ton arrivée as-tu bénéficié d’un accompagnement de la part de ton pays d’origine ?

Je n’ai bénéficié d’aucun accompagnement.

Comment s’est passée l’adaptation à la vie française (climat, nourriture, mode de vie…)

J’ai été étonné de constater que le soleil peut se coucher parfois à 16h ou 17h. Au début j’ai même eu des problèmes d’insomnie dû au climat. Je me suis adapté à la gastronomie française mais grâce aux boutiques africaines que l’on retrouve en ville on peut se procurer les ingrédients pour préparer les plats africains.

Les étudiants africains et le racisme? j’ai subi des cris de singe de jeunes lycéens lors d’un passage à la gare

Comment t’es-tu recréé un tissu social ?

Je me suis lié d’amitié avec mes camarades de classe à travers nos travaux de groupe. Et j’ai également fait de nouvelles rencontres grâce à eux. Mon cercle d’amis est composé d’Européens, d’Africains et de Maghrébins.

As-tu été confronté au racisme ? Si oui, comment l’as-tu vécu ?

Oui la dernière mésaventure s’est déroulée il y’a un an à la gare, lors de mon passage un groupe de lycéens se sont mis à faire des bruits de singes. J’ai été préparé psychologiquement, je vois ça tous les jours à la télé, mais ça reste épisodique.

Sur le plan scolaire, quels sont les points positifs que présente la France par rapport à ton pays ?

Tout d’abord concernant les infrastructures, je dispose de l’ensemble des ouvrages nécessaires. J’ai accès à un large choix de formations, ce qui fait défaut dans mon pays d’origine.

Sur le plan personnel, quels sont les points positifs que présente la France par rapport à ton pays ?

La France permet à tout le monde d’atteindre ses objectifs, que l’on souhaite être avocat, médecin ou peu importe on a tous notre chance.

Si ce n’est pas indiscret, comment finances-tu tes études ?

J’ai un statut d’étudiant salarié, je suis exempté de cours et mon travail n’a donc pas d’impact sur mon visa. J’ai une autorisation de travail de 27h maximum. Je travaille dans un collège et parfois à la mairie en tant qu’assistant d’éducation, grâce à un CDD de 27h par semaine. La recherche d’emploi n’a pas été simple, il faut persévérer, se rendre dans les entreprises. Parfois je perçois une aide financière de la part de mes parents.

Ressens-tu une solidarité entre étudiants africains ?

Non pas particulièrement, cela dépend de la situation de chacun. Il est plus facile pour quelqu’un “qui ne se cherche pas” d’aider l’autre que pour celui “qui se cherche”.

Y’a-t-il des conflits entre les étudiants Africains de différents pays ?

Non, il n’y a aucun conflit.

Comment se passent vos rapports avec les étudiants européens ?

J’ai quelques amis Européens.

Sentez-vous proches des étudiants français d’origine africaine ?

Oui, je suis très proches de plusieurs d’entre eux. Nous avons beaucoup de point en commun, comme l’Afrique. Il y’a beaucoup de sujets que je peux partager avec eux contrairement aux étudiants européens.

Y’a-t-il des organisations ayant pour but de réunir les étudiants africains (nés en France & en Afrique)

Non je n’en connais pas.

Est-ce qu’il t’est arrivé de regretter ton choix ?

Non, il y’a eu des moments durs mais pas au point de remettre en cause mon choix. Je suis venu ici pour un but précis et je vais m’y tenir.

Souhaites-tu rester en France ? Dans un autre pays occidental ou retourner en Afrique ?

Cela dépendra des opportunités, si j’ai une belle opportunité en France cela ne me dérangerait pas de rester. Et si tel est le cas en Afrique, je rentrerai.

Quelles sont les raisons qui motivent ton choix ?

Mon choix sera motivé uniquement par les opportunités professionnelles.

Quel est ton projet professionnel pour ton pays d’origine si tu y retournes un jour ?

J’aime l’enseignement, je pourrais donc enseigner dans les universités. J’aimerais combiner les postes d’avocat et de professeur.

Sisi Adouni

 

 

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