Don de 300 millions d’euros et le drapeau malien qui flotte sur les champs Elysées : qui perd gagne ?

La visite d’état que le président malien Ibrahim Boubacar KEITA s’apprête à effectuer à Paris va faire couler beaucoup d’encre. En effet, le Mali est le pays de tous les paradoxes et de toutes les expérimentations. Premièrement, la communauté internationale dit avoir aidé les maliens mais tous les maliens ne partagent pas cette réalité. Deuxio, la France a beau dire qu’elle n’a pas d’amis, le président malien semble s’accrocher à une amitié indécente avec François Hollande qui n’est pas au courant de cette amitié. Voilà pour planter le décor, autant vous le dire, celui-ci est sombre.
En général, chaque fois que la France invite un président en visite d’état, c’est soit pour lui vendre des contrats dont il n’a guère besoin, soit pour le dépouiller définitivement. Dans un passé pas si lointain dont les moins de 25 ans se souviennent encore, la France de Nicolas Sarkozy a voulu refourguer des rafales de Serge Dassault et leurs coûts de maintenance aux libyens et syriens. Le colonel Kadhafi épicurien reconnu à joui des plaisirs qu’offre la capitale française sous le regard raciste et haineux d’une bonne partie des français. Les opinions étaient divisées mais l’optique de contrats juteux faisait taire les médias aux abois en temps normal. Ni la Libye, ni la Syrie n’auront honoré leurs souhaits de commandes et de deal avec la France. L’état dans lequel ces deux pays se trouvent aujourd’hui vaut analyse et conclusion.
Le Mali s’aventure sur le même sentier sans le même risque, ce risque a déjà été pris. Le Mali a été déstabilisé et cette situation le rend vulnérable. Des contrats militaires et d’exploitation des richesses naturelles du Mali sont prêts. Quand on connait la culture budgétivore du président et de son entourage qui n’hésitent pas à renflouer ses poches au détriment du Mali par surfacturation interposée, on doit craindre le sort qui sera réservé au Mali en tant que peuple. La dette, les contrats et ses prises de possession qui sont à l’origine de tout ce que fait la France condamnent le Mali et le peuple malien à demeurer au rang de peuple soumis, sous-développé et endetté envers la France et ses amis. On peut décider de fermer les yeux et se cacher derrière le caractère historique de cette visite, le symbole s’impose mais nous sommes face à un deal. Dans ce deal, il y a un géant et un nain. Dans un contexte de dépendance économique, le Mali va négocier avec la France de la suite des relations franco-maliennes. Ni la volonté de peser, ni le poids de faire basculer la balance n’existent du côté malien. La France profite de cette vulnérabilité pour inviter le président IBK pour le flatter car son égo en dépend. Une fois cela fait, le président malien dira oui à tout ce qui lui sera proposé. Ses conseillers pléthoriques, subjugués par tant d’égard envers eux ne pourront s’opposer à quoi que ce soit de contre nature pour le Mali. La belle étoffe et le buffet à volonté qui sera servi suffira à convaincre les politiques et hommes d’affaire maliens qu’ils réalisent le rêve d’une vie. La photo de famille aux côtés du président Hollande sera la chose la plus attendue pour être affichée tel un trophée dans les salons de la haute société bamakoise.
Le sort du Mali devra patienter.
Le président IBK n’hésite pas à justifier son importance sur le fait qu’il fut invité à la table de Barak Obama sans rapporter l’intérêt pour le Mali. Les éternels optimistes pourront crier au procès d’intention mais il n’y a pas l’ombre de la moindre preuve que le pouvoir IBK mouille le maillot pour le bien des maliens. Cette visite a un coût que le Mali devra payer, la France communiquera sur des gains pour le Mali, notamment dans la formation militaire, l’équipement, la dette extérieure et les liens indéfectibles entre les pays. Il faudra certainement sortir la grande calculette pour faire le solde. Vues les positions de chacun, il n’est pas sûr que cette balance soit à l’avantage du Mali. D’ici là, il y aura l’ORTM pour chanter les louanges du mansa et Bally Idrissa Sissoko pour l’applaudir.
Pour préparer cette visite, la communication franco-malienne a préparé les esprits et les opinions maliennes en annonçant une aide supplémentaire de 300 millions accordée au Mali, disons au nord du Mali. Cette aide vient s’ajouter à celle déjà très occulte de 3,3 milliards de dollars des donateurs réunis à l’époque à Bruxelles et des sacs remplis des 5 500 milliards de francs CFA ramenés d’Asie dans son avion par le président.
Le point commun entre ces différentes aides, prêts et dons est leur absence d’impact sur la vie des maliens. Pour accorder les violons, les médias main Stream feront un travail de sape pour valider tout ce qu’a fait la France au Mali depuis toujours. D’ailleurs, France2 a commencé avec un dossier spécial sur les missions françaises et onusiennes au Mali. Même le hasard a l’air maitrisé par certains. Avec un peu de chance, le président IBK versera un peu de larmes face aux honneurs qui lui seront faits. Il est coutumier du fait. Le nom du soldat Damien Boiteux sera évoqué, et pour IBK cela va de pair avec les larmes.
Le timing choisi pour annoncer cette aide suscite des interrogations. Ces aides seront allouées pour une bonne partie au « développement » du nord du Mali. Cette façon de quémander l’aide et la miséricorde des puissants a montré ses limites et enrichit les tribus et communautés qui ne connaissent pas les fiches de paye. Certainement ces 300 millions serviront à acheter le silence et la récupération des armes de certains comme ce fut le cas dans le passé. Dit-on, dans les mêmes circonstances, les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Les intentions de la France sont connues, celles du peuple malien aussi mais les dirigeants maliens ont prouvé qu’ils en ont d’autres. Comment satisfaire chaque camp ? Peut-être que pendant cette visite, le président réussira à faire mentir le procès qui est fait contre lui. Si le drapeau malien flotte sur l’avenue des champs Elysée et que certains en sont fiers, les populations de Bla se demandent l’impact qui sera le leur. C’est cela les vrais enjeux d’une visite d’état.

 

 

Elijah de Bla

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