Le Développement du Nord du Mali ou le vrai faux motif d’une guerre

Depuis le début de la ressente crise malienne une seule chose à été pointée de doigt comme étant l’explication de la prise d’arme contre le Mali opérée par des rebelles appuyés tantôt par des extrémistes religieux, tantôt par des complices dont nul ne peut donner l’origine.

Cependant nous n’allons pas tarder sur le caractère migratoire et transitoire de ces mouvements. Ce qui nous intéresse aujourd’hui est  la question du motif de la guerre au Mali.

Sur tous les plateaux de médias internationaux, dans le subconscient de l’opinion internationale, la rébellion au Mali est légitime. Cette légitimation à été possible grâce à l’exploitation de certains mots comme le sous développement, l’abandon de la zone nord par l’Etat malien, l’enrichissement du Sud dû à la centralisation de toutes les activités et projets économiques d’envergure  à Bamako qui ont eu comme conséquence le sous développement du Nord.

Afin de mieux informer la population malienne et l’opinion internationale sur ces mensonges déguisés, nous allons mettre en exergues quelques activités menées au nord au nom du développement depuis deux décennies dans un pays qui en lui-même n’est pas développé.

C’est en 1991 que les premiers accords ont été signés dénommés accords de Tamanrasset. Vingt ans après, il faut être amnésique avec une mémoire sélective pour prétendre que les Touaregs, et plus largement les populations arabo-berbères du Nord  sont aujourd’hui marginalisées au Mali. Il suffit de faire un tour à Bamako pour se rendre compte qu’elles sont admises et acceptées banalement par tous. A la fin des années 90, il y avait déjà un ministre et 9 députés touareg pour une communauté qui représente moins de 5% de la population. Dès lors qu’ils sont scolarisés un grand nombre de ressortissants touareg du Nord trouvent leur place dans l’appareil administratif et certains d’entre eux font partie des privilégiés de la République. Plus de 2000 ex-combattants ont été intégrés dans l’armée nationale et à des grades et des fonctions souvent sans rapport avec leurs formations. Le même phénomène est observable dans d’autres compartiments de l’administration, notamment les douanes, où la réinsertion à permis l’accumulation des fortunes insolites. Par ailleurs 9000 personnes ont été concernées par les projets de développement initiés depuis 1994, parmi lesquels on peut citer le PAREM (Programme d’Appui à la réinsertion des ex-combattants du Mali). Ce programme à fonctionné jusqu’en 1997, il a par la suite été prolongé par le programme CAR (Consolidation des Acquis de la réinsertion). Le Programme décennal de développement des régions du Nord (PDDRN) à relayé  plusieurs autres projets en 2007. Ce programme prévoyait d’injecter en cinq ans 560 milliards de francs CFA dans les plans de dévéloppement du Nord du Mali.  Des structures ad hoc ont été créées dont, l’Agence Nationale d’Investissement des Collectivités territoriales (ANICT) créée en 2001 dirigée par Mohamed-AgErlaf. Cette institution a investie entre 2001 ET 2010 quelque 54 milliards de francs CFA , ou l’Agence pour le Développement du Nord (AND), créée en 2005 et dirigée par Mohamed-Ag-Mohamed-Akil. Le Programme Spécial pour la Paix , la Sécurité et le Développement du Nord-Mali (PSPSDN) est lancé en 2010. Pour répondre à l’urgence il prévoyait un investissement de 48 milliards d’Euros dans la création d’une infrastructure administrative et militaire.

Même si nous n’allons pas nous hasarder à dégager des théories sur les causes réelles de la crise multidimensionnelle que traverse le Mali, nous sommes en mêmes de nous poser des questions sur les motivations réelles de cette guerre, du moins de cette instabilité qui ne fait que trop durée.

La lecture et l’analyse des interviews de certains responsables politiques et de certains cadres des multinationales nous fait dire que cette guerre cache bien plus de choses qu’on ose nous dire.

En guise d’illustration, les déclarations en (2011) d’un représentant de la compagnie TOTAL à propos d’un futur Eldorado pétrolier et surtout gazier dans la zone de Taoudeni (où deux permis d’exploitation lui ont été octroyés), ont simplement fait le tour du web.

En 2012 Younousi TOURE alors président par intérim de l’Assemblée nationale malienne n’a pas manqué d’insister sur le fait que la crise malienne soit liée au contrôle des ressource en ces termes « la crise est liée au contrôle des ressources potentielles du sol et du sous-sol », ajoutant que « les indépendantistes et les intégristes ne sont probablement que des instruments conscients ou inconscients de cette stratégie de positionnement pour le partage des richesses de cette zone ».

Croire ou laisser dire que cette prise d’armes par certains maliens appuyés par des forces occultes inaccessibles aux capacités de réactions de l’armée malienne est légitime et répondrait à un besoin de développement de la zone nord du Mali est une méconnaissance  de la question. C’est certainement un raccourcit qui arrangerait bon nombre de parties qui trouvent leur compte dans le chaos continue.

La paix se signe au détriment du marchand d’armes.

 

Moussa Badjè DOUMBIA

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