Deuxième semaine de la grève de la faim des femmes Djiboutiennes: affaiblies mais déterminées

Notre équipe s’est rendue ce mercredi 6 avril au local de l’association Femme solidaires où depuis  treize jours, une dizaine de  femmes  djiboutiennes font une grève de la faim pour dénoncer les viols de Femmes Afars perpétrés par l’armée Djiboutienne en toute impunité selon elles.

Ces femmes refugiées politiques en France et en Belgique cherchent à se faire entendre depuis plusieurs années auprès des autorités djiboutiennes sans succès. Cette grève de la faim représente pour elles le dernier recours.

Après notre première rencontre  les premiers jours de leur grève de la faim, l’une d’entre elles a été évacuée au bout du 8e jour. Nous avons  retrouvés des femmes affaiblies physiquement mais déterminées à aller jusqu’au bout  de leur combat.

Le médecin généraliste, docteur PETIT qui les suit depuis le début, d’écrit des femmes de plus en plus affaiblies mais qui pourront tenir d’un point  de  vue vital encore quelques jours voir des semaines.

Soutenue par l’association “Femme solidaires”, nombreux militants étaient présents pour accompagner et soutenir ces femmes (qui s’appellent entre elles « copine ») contre ces abominables actes criminels qui sévissent depuis le début de la guerre civile en 1991 jusqu’aujourd’hui dans les régions du nord et du sud-ouest de Djibouti.

En véritable militantes, elles déclarent  ne  mettre un terme à cette grève de la faim qu’une fois la reconnaissance par l’Etat Djiboutien de ces viols comme crimes de guerre ainsi que l’ouverture d’une enquête aussi bien internationale que venant des autorités djiboutiennes elles même.

A quelques jours des élections présidentielles, les contestations venant de l’Etat djiboutien se déchainent. En effet, ce vendredi 8 avril aura lieu le premier tour des élections présidentielles. Une élection sans surprise qui place d’hors et déjà le président sortant  Ismaïl Omar Guelleh après  trois mandats  comme grand gagnant.

Aïsha Dabalé, porte-parole en France du Comité des femmes djiboutiennes contre les viols et l’impunité : «  nous entendons dire que si on fait ça c’est pour une instrumentalisation politique avant les élections, on nous parle de viols imaginaire ou encore de viols anciens ».

 

Ces femmes qui ont quitté Djibouti depuis quelques années se battent pour ce qu’elles ont vécu mais se battent surtout pour celles qui  vivent au quotidien ces actes criminels qui demeurent impunis  par les autorités  djiboutiennes.

Nous avons recueillis nombreux témoignages dont celui de Fafi, âgée de 29 ans et exilée en Belgique depuis quelques années.  Affaiblies après ces treize jours de grève de la faim, Fafi ne veut rien lâcher. Elle se bat depuis toujours pour la défense des femmes. Etant dans le passé sage-femme dans un village de Djibouti, elle a côtoyé nombreuses victimes de ces viols et les a aidés en les accompagnants dans la dénonciation aux autorités du pays, mais hélas   sans résultats. C’est donc suite à cette lutte que Fafi a fui le pays après plusieurs représailles et menaces d’arrestation venant des autorités en place. « Ce combat est pour celles qui sont restées là-bas ».

Leurs voix commencent à se faire entendre, sur les réseaux sociaux avec le hastag #stopviolsdjibouti, ou encore par le biais de  la presse écrite et Web, la télévision et la radio qui  sont de plus en plus présents. Ce qui a permis à un certain nombre de femmes djiboutiennes exilées en Europe, elles aussi victimes de ces viols à se livrer.

 

Ces militantes n’attendent donc qu’une chose; que l’Etat poursuive en justice ces criminels et prenne en considération leur action en mettant fin à ces actes considérés comme un crime de guerre.

 

Maya TOURE,

Etudiante stagiaire

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