Les services du consulat du Mali correspondent au prix auquel l’état malien évalue les maliens de France

Les maliens de France pèsent lourd dans l’effort économique du Mali. C’est une diaspora très riche prise dans sa globalité même si individuellement tout n’est pas rose pour tous. On se rend compte de la force de frappe des maliens de France en période électorale. Tous les candidats viennent faire les rats de foyer SONACOTRA dès que les ordres et consignes de vote des “Tounkanrakés” deviennent nécessaires.

Ces maliens ne sont respectés par personne, encore moins par les autorités maliennes qu’elles soient diplomatiques, consulaires ou étatiques. En chiffre, les maliens font partie des communautés les plus représentées en France. Les structures mises en place pour les administrer sont limitées en quantité et en qualité. Les administrateurs n’ont jamais été en phase avec les exigences de cette communauté spatialement très mobile.

De plus en plus de maliens expriment un ras-le-bol face au service rendu par le consulat général du Mali en France. D’ailleurs le consulat de Paris est le seul opérationnel, les autres en province sont des bureaux vitrines.

La plupart des critiques envers les services du consulat sont des reproches politiques et personnels. En réalité les analyses sont teintées d’émotions. Au-delà du retard accusé par les autorités consulaires et l’incapacité identitaire des pouvoirs successifs à y faire face, les maliens se trompent sur les causes. Le président IBK qui a pourtant fait de la diaspora une cause en début de mandat est régulièrement informé de ce qui se passe. Il n’y apporte ni les moyens ni les outils. Chaque jour, les usagers circulent dans le consulat avec l’envie de trucider les employés. Faut-il attendre que le pire arrive? Les statistiques les moins optimistes annoncent 150 mille maliens en France. La logistique nécessaire pour administrer ces maliens n’est pas au rendez-vous. Il ne s’agit pas dans l’absolu d’un problème d’homme même si la méthode et l’homme ne peuvent être dissociés car l’homme conduit la méthode. La production artisanale de documents administratifs sied aux populations de petite taille. Dans le cas des maliens de France, une décision politique est un préalable. En effet il faut moderniser le processus de délivrance des documents administratifs. Le travail manuel pur vient de montrer toutes ses limites. Il ne permet pas le plein emploi des capacités et ne répond pas aux attentes. Aucun logiciel de production n’existe ni dans l’administration malienne en général ni dans les consulats en particulier. La plupart des employés passent leurs journées à agrafer des documents ou à les signer. Le problème que les maliens de France rencontrent est le même que n’importe quel autre usager des administrations maliennes subit. La particularité des maliens de France réside dans le fait qu’ils doivent faire face à d’autres administrations en France qui sont intransigeantes au sujet des documents à fournir. Les maliens n’ont aucun moyen de contourner l’administration française contrairement à ceux du Mali. Un certain nombre de blocages et de désagréments nait suite aux retards récurrents du consulat dans le processus de délivrance des documents. Les pires dommages sont l’impossibilité du renouvellement de titre de séjour ce qui conduit à une exposition à l’expulsion. Certains mettent fin à leurs projets de vacances avec leurs familles, d’autres partis en vacances restent bloqués au pays. La non délivrance de certains documents par le consulat engendre un refus pour un autre document par le même consulat.

Tant que les décideurs ne réfléchiront pas à la mise en place de logiciels de travail, à l’archivage des documents fournis par les usagers, au fichage numérisé des maliens enregistrés et consultable via les outils de production, on pourra changer de consul chaque année, tenir de beaux discours, manifester chaque Dimanche et pleurer sur notre sort rien ne changera. Le passeport biométrique vendu aujourd’hui comme le bonheur ne changera rien. D’ailleurs le passeport n’est pas produit en France et le consulat ne maitrise pas les délais usine.

Une analyse technique des problèmes du consulat doit se substituer à l’analyse politique et personnelle ambiante. Raisonner en termes de stratégie incorporant la technologie disponible et le courage politique plutôt que les jeux de chaises musicales. Le personnel du consulat à l’image du vice consul et des consuls successifs ont un discours et une communication de leurs discours qui heurtent l’intelligence. Ils ont gardé les méthodes des années 1980. Ils embellissent tout et présentent les usagers de leurs services comme des décérébrés qui n’ont rien compris des efforts consentis. En off ils avouent l’inadéquation entre les demandes et l’offre de service. Le problème du consulat malien est donc lié à la méthode et aux prix que l’état malien accorde à la diaspora malienne de France.

Les maliens de France sont moins bien traités au consulat que dans les préfectures françaises où l’on a coutume de se plaindre. La plupart des employés de ces services représentant le Mali n’ont pas la culture de la fonction. Pour le savoir-faire, il faudra repasser certainement.

 

Elijah de BLa

Souscrire à notre lettre d'information