Christianisme céleste, les églises dites d’institution africaine

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Christianisme céleste, les églises dites d’institution africaine

Le dimanche 11 septembre, nous avons assisté à la fête annuelle d’une église qui appartient à la mouvance du christianisme céleste en région parisienne. L’église est dirigée par un pasteur d’origine nigériane qui comprend une congrégation d’une centaine de personnes environ.

Christianisme céleste
Samuel J.B Oschoffa, fondateur de l’église du Christianisme Céleste
C’est un courant fondé en 1947, par le Béninois Samuel J.B Oschoffa, après une révélation. Le christianisme céleste fait partie du mouvement des églises dites d’institution africaine. Le mouvement est né en opposition à la vague d’évangélisation importée en Afrique par les missionnaires Européens.
Christianisme céleste
Un prêtre missionnaire avec de jeunes africains
La mouvance des églises dites d’institution africaine est une tendance très ancienne, initiée au 17e siècle par la prophétesse Kimpa Vita dans l’actuel Angola. Kimpa Vita, défendait l’idée que Jésus, ses apôtres et de nombreux personnages bibliques étaient noirs.
Christianisme céleste
Kimpa Vita, la prophétesse ayant initiée le mouvement des églises dites d’institution

Ce courant a vraiment pris de l’ampleur dans les années 40 ; une période où les africains ont exprimé leur désir d’indépendance ainsi qu’une réappropriation de leur spiritualité face à la domination Européenne. Les églises dites d’institution africaine séduisent de plus en plus de personnes. En effet, contrairement aux églises aux influences européennes, elles ont su intégrer des éléments de la spiritualité africaine. Les africains se sont certes convertit aux religions monothéistes, ils n’en restent pas moins très attachés à leurs spiritualités traditionnelles. De plus, leurs réalités (attaques spirituelles, polygamie…) sont des aspects de la vie sociale librement évoqués dans ces églises.

Le christianisme céleste, s’est particulièrement développé au Bénin et au Nigéria. Le fondateur était issu de l’ethnie Yorouba, un groupe ethnique principalement situé dans ces deux pays. C’est sûrement la raison de sa grande popularité auprès de ces populations.

La langue Yorouba est la plus utilisée durant les messes. Certains termes sont mêmes rentrés dans l’usage quotidien des fidèles comme « oluwa » ou « Baba o seun » qui signifie respectivement « Dieu » et « merci seigneur ». Ce dimanche la messe était donc entièrement en Yorouba et traduit en français. La majorité des disciples sont Nigérians ; ils représentent environ 70% des membres de l’église. Les 30% restants sont partagés entre les Béninois, les Ivoiriens et les Camerounais.
Les chrétiens célestes se distinguent par leur tenue vestimentaire. Ils sont reconnaissables à leur toge blanche portée par chaque membre. Les femmes doivent couvrir leur chevelure avec un bonnet blanc. Autre signe distinctif : les pieds nus. En Afrique, ils se rendent à l’église pied nus ; mais en France nous avons observé les fidèles se déchausser à l’entrée de l’église et conserver leurs chaussettes.
En plus de ces éléments distinctifs, l’église applique également des règles que l’on retrouve dans l’islam ou le judaïsme. Par exemple, l’interdiction de consommer la viande de porc, de l’alcool et du tabac. Les femmes n’ont pas accès aux lieux de culte pendant les périodes de leurs menstruations. Aussi, elles doivent observer un arrêt temporaire de 40 jours après avoir accouché. Au sein de l’église, nous observons une séparation par âge et par sexe. A l’entrée, se trouve la section des enfants où ils sont encadrés par des adultes qui les font réciter des citations religieuses comme « Jesus loves me, I love Jesus ». Dans la section des adultes, la séparation se fait selon le critère du sexe. Les hommes se trouvent à droite et les femmes à gauche. Ce mouvement est certes implanté en France depuis de très nombreuses années mais les fidèles ne sont pas reconnaissables pour autant ; car ils ne portent pas leur toge à l’extérieur, comme on peut l’observer en Afrique ou même en Angleterre.

A notre grande surprise, nous n’avons pas assisté à des prêches en « langue ». C’est le fait de prier (souvent lors d’une prière intense et exaltée) subitement dans une langue incompréhensible, qui ne correspond en théorie à aucune langue connue. De plus, nous n’avons pas assisté à des délivrances spirituelles spectaculaires, où on observe des personnes en transes comme on a l’habitude de voir dans les églises africaines. En revanche, cette église n’a pas fait exception à la règle concernant les problèmes de nuisances sonores. La sono était excessivement élevée, « c’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’église change régulièrement de locaux », me confièrent certains pratiquants. Le voisinage se plaint régulièrement des nuisances sonores, comme c’est le cas aussi en Afrique. D’ailleurs, le Nigéria a récemment adopté une loi destinée à limiter ces nuisances et a ordonné la fermeture de plusieurs églises et mosquées dans la ville de Lagos. Et pour finir, une pratique aussi caractéristique des églises africaines est la collecte de contribution financière par de multiple moyens (enchères, dime…).

Le développement de ces églises devient alarmant compte-tenu des contributions financières qu’elles exigent ainsi que les abus de tous genres souvent rapportés par les fidèles. Récemment, en Afrique du Sud, le conseil des églises a condamné ces pratiques. Il accuse ces pasteurs d’instrumentaliser la détresse des plus pauvres.

L’évolution des églises africaines est bien loin de leurs missions d’origines. Elles ont été créées pour permettre aux Africains de s’approprier et de s’identifier à une religion qui leur était imposée. Aujourd’hui ces églises sont organisées comme de véritables entreprises dont certains pasteurs font partie des grandes fortunes du continent.

Sisi Adouni

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