Centre hospitalier Gabriel Touré: c’est l’hôpital qui se fout de la santé !

Le célèbre centre hospitalier Gabriel Touré de Bamako est l’un des plus grands centre hospitalier public au Mali, la vitrine du système sanitaire malien…mais quelle vitrine?

Depuis des années, cet hôpital est surtout décrié pour son fonctionnement et la prise en charge déplorable de ses patients. Hélas, c’est une vertu bien partagée dans ce milieu.

Mais plus grave, c’est l’insalubrité qui y règne, visible et nauséabonde; une véritable décharge à ciel ouvert où le seul réflexe est de fuir et de se dire: « tant qu’à mourir autant mourir dignement ».

 

 

Un inventaire rapide et stupéfiant des lieux nous indique les images telles que: présence de caniveau, eaux usées, seringues se mêlant aux mégots de cigarettes…listes non exhaustive.

 

Un tel paysage serait tolérable voire compréhensible au lendemain d’une catastrophe naturelle telle l’apocalypse après un déluge suivi par des inondations. Malheureusement cela fait partie de l’environnement quotidien.

Comment en est on arriver à un tel cataclysme? Voici quelques hypothèses:

 1- Une grève inutile et inefficace

L’hôpital a-t-il décidé délibérément de faire grève de la propreté ? Alors saluons la détermination et la longévité du combat mené. Est ce une grève pour attirer l’attention des pouvoirs publics pour dénoncer un manque de moyen ou autre revendication.

La finalité d’une grève étant d’avoir gain de cause en un temps court par des moyens extrêmes pour faire pression sur l’adversité du moment. Mais pour qu’une grève soit efficace encore faudrait elle qu’elle soit visible? Or les proches des autorités concernées ne fréquentent pas cet établissement à plus forte raison elles mêmes. Et on se demande si le personnel dirigeant de l’hôpital se rend à son lieu de travail ou s’il a un accès privé qui lui permet d’éviter de voir ce panorama. Dans tous les cas, si l’hypothèse de la grève est adoptée alors il vaut mieux changer de stratégies.

2- Victime d’une arnaque de la société de nettoyage

Mauvais choix lors de l’attribution du marché de la propreté à une société de nettoyage. Soit cette société a fait miroiter une offre de service mirobolante et à moindre frais. Donc on comprend le résultat. Soit il y a une incompréhension dans le contrat qui stipule que la société ne s’occupe que des bureaux de la direction et pas de l’établissement en entier. Ou alors une société uniquement créée pour s’octroyer le financement. Comme il n’est jamais trop tard il faut dénoncer le contrat et changer de prestataires illico.

3- Pas de ligne de budget concernant la propreté.

Au moment de planifier ou d’écrire le budget un oubli volontaire ou involontaire s’est glissé sur la ligne concernant l’entretien. L’erreur peut être humaine en première instance, mais on comprendrait mal une non relecture et encore moins une non réécriture d’une année comptable à l’autre avec un copié collé. La solution serait de trouver des comptables qualifiés.

4 – Détournement de l’argent consacré à l’entretien?

Supposons qu’il y ait un budget consacré à l’entretien de l’hôpital…la question serait comment est dépensé cet argent ou plutôt où est passé cet argent ? La question est légitime, et si c’est cette hypothèse qui est adoptée alors le montant en question doit être conséquent pour pouvoir bénéficier du silence assourdissant des complices. Dans ce cas, tôt ou tard une justice passera.

5- Reflet de l’insalubrité galopante à Bamako ?

Et si cette insalubrité n’est autre que le reflet du peu de considération des politiques et des citoyens en matière d’hygiène et de salubrité publiques. Que ce soit dans les marchés et dans les quartiers, la saleté est non seulement visible mais surtout entretenue au point où l’on vaque aux activités quotidiennes avec ce fléau. Et comme l’adage veut qu’on ne meurt jamais de maladies alors effectivement on ne peut que prier.

Et maintenant que fait on?

Se débarrasser de cette direction qui a l’entière responsabilité de cet état de fait. Même s’il n y a pas de statistique, combien de personnes sont décédées pour aggravation de leur état suite à une infection anodine ou une épidémie dont l’origine pouvant provenir des eaux usées. Combien de médecins et de patients sont-ils décédés de maladies nosocomiales? Comment a-t- on put laisser s’installer cette horreur? Est-ce que les règles d’hygiène élémentaires sont respectées, les seringues ou appareils sont ils stérilisés avant utilisation?

Ou tout simplement il y a une médecine à deux vitesses selon le statut social; alors les patients fréquentant Gabriel Touré ne méritent pas cette décence, ce respect faute de moyens pour que l’on s’occupe d’eux dans un cadre propre. Alors oui le manquement de la direction est engagé.

Madame le ministre de la santé et de l’hygiène publique, Dr Togo vient de prendre fonction, elle a l’avantage de bien connaître l’hôpital et comme le site du ministère la décrit dans sa biographie comme une professionnelle et très rigoureuse…justement le dossier Gabriel Touré a besoin de ses qualités…mais dans l’urgence.

Une vidéo de l’hôpital Gabriel Touré circule dans les réseaux sociaux pour dénoncer cette insalubrité. Attention âme sensible s’abstenir.

Heureusement que la société civile et les associations maliennes prennent leurs responsabilités et proposent des initiatives à l’instar du “balai sanitaire”, pour tacler le problème. Des opérations auront lieu courant décembre 2015 qu’il faudra suivre sur les réseaux sociaux…en attendant que les pouvoirs publics sortent de leurs léthargies.

 

Baba Dème

 

 

 

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