Burkina Faso : le MNLA pourrait entrer en danse si le statu quo s’éternise

Nous n’avons pas fini d’explorer le génie destructeur de l’homme. La vague de protestation en cours au Burkina Faso trouve face à lui un mur construit par ceux qui ont vendu la « démocratie » aux africains au prix fort. Il faut rappeler qu’au début des années 90, le président Mitterrand avait vendu  un même modèle de démocratie aux états africains sans tenir compte des spécificités culturelles et historiques propres à ces pays. Aucun pays africain n’a eu le temps nécessaire de customiser cette démocratie pour la rendre compatible aux réalités du pays donc c’est un euphémisme que de dire que ça ne marche pas en Afrique.

Blaise Compaoré est persona non grata au Burkina Faso comme l’exprime le peuple dans toutes les villes et villages du pays mais la diplomatie française en a une autre lecture et tente de sauver la peau de Compaoré. Non seulement l’ambassade de France au Burkina Faso sert de refuge au président burkinabé, mais elle permet à ce dernier de s’exprimer de sorte à écraser l’élan de contestation qui est en cours. La France a demandé aux burkinabé d’accepter la proposition de transition promis par Compaoré. Deux questions peuvent légitimement découler de l’attitude irrespectueuse de la France :

– Que perd la France dans la chute de Compaoré ?

– Qu’est-ce que la France a gagné en 27 ans de règne exclusif de Compaoré ?

Bien évidemment, ceux qui croient en la théorie du complot ont tort car il n y a pas de théorie mais plutôt l’essence même du complot contre l’expression de la liberté de choisir ses dirigeants en Afrique. Il y a complot contre l’Afrique pour l’empêcher de jouir du fruit de ses richesses qui permettent à la France d’offrir le ticket de métro et de train au prix qu’on connait. Si les nigériens vivaient réellement du fruit de l’uranium, les français réfléchiraient à deux fois avant de s’offrir un abonnement Navigo car son prix serait au-delà de la possibilité du français moyen de la même manière qu’une chemise «  Yves Saint Laurent » est inaccessible pour un burkinabé moyen.  La France est prête à tout pour protéger son pré carré dans la zone Afrique francophone. Ce basculement de Blaise Compaoré pourrait redistribuer toute la carte de la géopolitique en Afrique  de l’ouest. Etant donné que nous ne sommes pas dans un jeu à somme nulle, les pertes des uns seront les profits des autres, seulement peu de monde goutera aux profits comme d’habitude.

Le scénario le plus apocalyptique qui pourrait se greffer à cette crise pourrait être l’entrée en jeu des forces qui ont déstabilisé le Mali avec l’aide logistique et diplomatique de Compaoré.  En effet toute aide politique trouve ses raisons d’être dans l’espoir d’un retour à l’envoyeur. Les dirigeants du mouvement terroriste MNLA ont jouis des largesses de Compaoré, ils ont leurs habitudes dans les hôtels cinq étoiles du Burkina Faso. Certains blessés de guerre du MNLA ont même été héliportés des terrains de guerre vers les hôpitaux burkinabés sous l’impulsion de Compaoré. Il n’est un secret pour personne que les combattants du groupe terroriste MNLA connaissent les coins et recoins du pays des hommes intègres. Si le statu quo perdure, c’est-à-dire un blaise Compaoré refugié chez les français qui lui offrent une tribune pour semer la zizanie dans l’opinion publique burkinabé, il voudra se réorganiser pour reconquérir le pouvoir et mater la protestation. Il pourra compter sur l’aide et la logistique du MNLA habituée à soutenir les despotes contre leurs peuples. L’ensemble de leurs œuvres en Libye l’atteste clairement. Les connexions entre le MNLA et son parrain français faciliteront également les secours portés à Compaoré. Dans un passé proche, la France et Compaoré ont plus d’une fois remis le MNLA en selle face à l’armée malienne en créant les conditions nécessaires d’affaiblissement de la diplomatie malienne et de l’armée malienne afin que le MNLA paraisse en position de force. Les accords de Ouagadougou, la date des présidentielles précipitées par François Hollande, le cantonnement de l’armée malienne à Kidal, le sabotage de la visite du premier ministre malien Moussa MARA à Kidal, la tenue des négociations de paix maliennes hors du Mali, la mise à disposition des médias français pour les propagandes du MNLA  en sont des preuves. Compaoré n’aura aucun scrupule à demander le renfort du MNLA et la France n’aura aucun mal à laisser faire. Il faut également douter de l’attitude qui pourrait être celle d’Alassane Ouattara qui doit une bonne partie de son arrivée au pouvoir à blaise Compaoré et à sa capacité illimitée à jouer au médiateur dans les crises qu’il contribue à faire naitre.  Le pouvoir Ouatarra dispose d’un fort vivier de combattants de l’ex rébellion nostalgique de situations qui pourrait leur apporter de l’adrénaline. Il faut dire que la paix en Côte d’Ivoire est toute fraiche et les canons pas encore refroidis. Les guerriers en manque d’action se feront un plaisir de rendre service à un ami qui leur a voulu du bien pendant une décennie. Bref, le terrorisme en activité au nord du Mali pourrait s’exporter vers le Burkina Faso pour porter main forte au président Compaoré.

L’histoire est un cycle infini qu’on ne maitrise pas de bout en bout, les analyses court-termistes ont une durée de vie de quelques heures car la réalité de ce qui n’est pas encore arrivé échappe à tous.

Elijah de Bla

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