Avant je réparais les voiture du capitaine Amadou Haya Sanogo, aujourd’hui, Je suis réfugié en Italie

Le passage éclair du capitaine devenu général à la tête de l’état malien n’a pas fini de nous révéler ses dommages collatéraux. Si la part de l’histoire connue fait froid dans le dos, la partie méconnue est toute aussi une régressions sociale dénudée de toute cohérence rationnelle. Nous nous intéressons aujourd’hui à la situation d’un jeune malien, un artisan mécanicien qui vivait de son métier dans la ville jadis forteresse militaire de Kati.

Dramane Sidibé avait un garage hérité après le décès de son patron. Le capitaine Sanogo tout fraîchement propulsé à la tête du Mali après un honteux putsch a vu son niveau de vie prendre l’ascenseur et son rang social prendre la fusée avec le train de vie qui va avec. Au Mali, l’un des signes extérieurs de richesse est la voiture. A défaut de pouvoir utiliser les italiennes plus sexy et plus glamours faute de routes en bon état, les riches maliens se rabattent sur les allemandes et les américaines. Les Touaregs, les GM,  les V8, les Porches Cayenne et Q7 se donnent la réplique par parkings interposés de riches.  Le capitaine Sanogo avait un faible pour les V8 selon la rumeur (nous ne commentons pas la rumeur habituellement mais sur ce coup ci nous n’avons que ça). C’est ainsi que les services d’un garage se sont imposés au nouveau chef.

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Feu le patron de Dramane Sidibé fut son premier collaborateur puis à son décès Sidibé continua la collaboration en offrant ses services au Capitaine président du CNRDRE. Tout allait bien dans le meilleur des mondes jusqu’à la mise à l’arrêt du nouveau général à la faveur de l’élection présidentielle ayant couronnée le président Ibrahim Boubacar KEITA. Sans vouloir disséquer les rapports de forces au moment de ce passage de témoins, ni spécifier les antagonismes entre différents corps de l’armée, on a remarqué des velléités de vengeance. Selon les confidences de Sidibé considéré à tord ou à raison comme proche du général putschiste, il était devenu une cible d’autres soldats revigorés par le verdict des urnes.

Après trois jours d’atroces souffrances infligées par ses bourreaux soldats dans un sous-sol de Kati, il devra son salut à l’un des soldats l’ayant reconnu.  Il lui était reproché d’avoir caché des armes à bord d’une voiture qui séjournait dans son garage. N’ayant pas reconnu avoir dissimulé ces armes comme le soupçonnaient ses bourreaux, il risquait purement et simplement  la mort comme beaucoup d’autres maliens disparus sans procès.

Déguisé en militaire, il parvient à se faire extraire par le soldat l’ayant reconnu au prix d’un versement d’un million de franc CFA à ce dernier.

La peur de se voir assassiné au Mali le poussa finalement à s’en aller loin de son pays. Une première étape au Bénin fut rapidement gâchée par la rencontre de commerçants maliens qui pourraient le dénoncer. Il décida de se rendre au Nigeria mais au bout de quelques temps, il se rend compte que la réalité est identique aux raisons de son départ du Bénin. Un passeur nigérian finira par lui proposer de l’emmener en Italie. Aujourd’hui, il vit dans un campo (camp de réfugiés) à  Rome en Italie. Son quotidien comme celui de nombreux autres africains subsahariens est constitué de trois repas par jours, un cousage et des balades dans la ville musée. Il rêve de pratiquer son métier en Italie, en vivre et se faire rejoindre par son épouse et ses enfants.

Pour nous ce fut une surprise de faire cette improbable  rencontre dans ce type de lieu avec une personne ayant côtoyé ce qui se faisait de plus puissant au Mali à une certaine époque.

 

 

Elijah De BLA

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