Le 20 novembre 2015, Bamako a connu pour la première fois de son histoire une prise d’otages par des terroristes. Beaucoup d’analyses ont été fournies sur la motivation des terroristes et la riposte donnée par les forces spéciales maliennes. Il est question ici de poser un regard sur le travail d’information de la première chaine de télévision malienne et sur la communication de la présidence. Sans détour, chacun de nous a constaté le vide honteux d’informations sur les antennes de la télévision malienne concernant l’attentat et pire, l’ORTM diffusait des clips vidéo de chansons.
Deux analyses sont possibles :
-soient les responsables de l’information de la chaine ORTM n’étaient pas eux-mêmes informés d’une prise d’otages en plein cœur du Mali.
– soient les responsables de l’information sont incapables de couvrir un tel évènement.
Dans les deux cas, il y a matière à s’inquiéter. Ceux qui ont la lourde charge de nous informer ne seraient-ils pas informés eux-mêmes ? S’ils avaient l’information alors qu’ils n’ont pas été les premiers de la journée à couvrir l’attaque alors les soupçons d’incapacité et d’incompétence sont crédibles. Aucun média étranger n’a repris une quelconque information estampillée ORTM. Aucun malien au Mali et hors du Mali n’a été informé par l’épave malienne. La même interrogation était sur toutes les lèvres le vendredi 20 novembre; « que fait l’ORTM ? »
A travers l’ORTM en premier, on attendait également une réaction du président de la république qui était comme 90% du temps hors du Mali, précisément au Tchad. Le président s’est fait désirer avant d’accorder à France24 la primeur de son intervention au détour d’une question. Ni sur les réseaux sociaux, ni sur son site il a été question de l’attaque. Le service de communication de la présidence ne s’est pas fendu du moindre tweet ou de la moindre publication sur Facebook. Racine Thiam a manqué une occasion de justifier sa fonction. Pas très habile sur les réseaux sociaux, il aurait pu saisir cette occasion pour s’illustrer positivement. A chacun des nombreux déplacements du président IBK, l’ORTM est embarqué. Racine THIAM aurait dû organiser un cadre afin que le président prenne 5 minutes de son précieux temps pour s’adresser à la nation comme il est de coutume dans tout pays touché de la sorte. L’exigence des modes de consommation de l’information des maliens est identique à celle du reste du monde. Ne pas adapter les outils et canaux d’information à ces exigences est un risque supplémentaire que prennent les autorités maliennes.
Cette attaque de l’hôtel révèle la face cachée de l’ORTM et de la communication présidentielle incarnée par Racine THIAM. Nombreuses structures de jeunes maliens existent au Mali, Racine THIAM ne doit avoir ni gêne, ni peur de demander leur savoir-faire pour moderniser la communication présidentielle. L’image du Mali dépend de ces méthodes. Quand le président IBK lui accorde la primeur à France24 alors qu’il paye le déplacement et les primes à l’équipe de ORTM, il faut conclure que l’ORTM est ce que le premier des maliens souhaite qu’il soit.
Autant il existe des investissements obsolètes à l’ORTM qu’il faut remplacer, autant il existe des personnes dans les sphères décisionnaires inefficaces qu’il faut remplacer. L’insécurité, les surfacturations et l’injustice cristallisent déjà les mécontentements. Il faut se ressaisir avant que la question de l’information ne s’y ajoute. Le professionnalisme ne se décrète pas il se fait.
Elijah De BLA
