Abolition de l’esclavage en France: une commémoration timide pour un pays enrichi par la traite

Depuis 2006, la date du 10 Mai a été choisie pour commémorer l’abolition de l’esclavage en France et pourtant peu de gens le savent, car malheureusement la diffusion de l’information autour du “plus grand crime de l’histoire” est encore trop réduite et peu présente dans l’éducation nationale.

Rappel de la définition de l’esclavage selon les nations unies: “une personne asservie et un individu dont le mouvement ou la possibilité de prendre des décisions sont à ce point réduit qu’il n’a pas le droit de choisir son employeur.”

La date historique de l’abolition de la « traite négrière » est le 27 avril 1848. Selon l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau, environ 28 millions d’africains ont été déportés et vendus (la population africaine passe de 17% à 7% de la population mondiale entre 1500 et 1900), et d’après le théoricien panafricain Web Dubois, 4 personnes sont des victimes collatérales d’un esclave vendu.  Plus de 100 millions de personnes ont été victimes de la traite de l’esclavage. On estime à 100 millions la population totale du continent africain au début du 20e siècle, cela indique que la principale conséquence de ce dépeuplement de masse est la baisse relative de la place de l’Afrique dans tous les domaines.

 

Lorsque l’on se plonge dans l’histoire de l’esclavage c’est un héritage douloureux, pénible et très éprouvant pour les communautés noires, les descendants des amérindiens (peuple décimé) et indiens notamment.

Cela indique et montre à quel point l’être humain peut être cruel et dépourvu de cœur et de sentiments envers ses semblables. Cependant l’histoire est importante  et doit être diffusée largement pour marquer à jamais les esprits, s’interroger sur la nature humaine et enrichir son savoir. C’est l’occasion de lutter contre l’oubli dont fait l’objet ce lourd héritage et enseigner les erreurs commises par le passé pour éviter de les reproduire.

L’abolition de la traite négrière a été un long processus difficilement accepté et mise en place, la première loi qui l’a interdite date de 1818, et pourtant l’esclavage est encore une réalité même en 2016: on estime à plus de 26 millions le nombre de personnes qui sont asservis dans le monde moderne et plus de 200 millions de personnes victimes de l’esclavage ou de l’asservissement pour dette partout dans le monde ( enfants et femmes vendues, femmes domestiques, prostituées, travailleurs migrants, enfants esclaves,…).
Rappelons que deux dates internationales sont inscrites dans le calendrier commémoratif :
– le 23 Août pour la “journée internationale de souvenir de la traite négrière et de son abolition” ;
– le 2 décembre, avec la “journée internationale pour l’abolition de l’esclavage”, qui inclue la lutte contre les formes contemporaines d’esclavage.
Pour revenir à la France, la date du 10 Mai a été choisie par l’ancien président de la république M. Jacques Chirac en 2006. Il a instauré cette commémoration à cette date en rapport  au 10 Mai 2001, date à laquelle un décret avait été voté au sénat reconnaissant la traite négrière comme crime contre l’humanité. Cette loi avait été portée par Christiane Taubira qui était alors député. Il  faut savoir  qu’ une première loi avait été votée en 1983, relative à la commémoration de l’abolition de l’esclavage (loi n°83-550 du 30 juin 1983) qui avait permis la reconnaissance de dates régionales fériées dans les territoires d’outre-mer composant la France et ayant connus le système esclavagiste. Il s’agit de la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Réunion et Mayotte.

Il est également important de rappeler la date du 23 Mai 1998,  car une grande marche silencieuse avait été organisée pour les 150 ans de l’abolition de l’esclavage. Elle avait réuni plus de 40 000 personnes dans les rues de paris.

 

Cette date de commémoration change selon les pays, en effet chaque état commémore cette tragédie selon ses traditions et en fonction des traces et des héritages qu’elle a inscrite dans la société:  en Martinique c’est le 22 Mai, en Guadeloupe le 27 Mai, à Mayotte le 27 avril,  en Guyane le 10 Août, à la Réunion le 20 Décembre,…
Jusqu’en 2010, la France était toutefois le seul pays à avoir choisi le recours à la loi pour reconnaître la traite et l’esclavage comme “crime contre l’humanité” (loi n°2001-434 du 21 mai 2001). Depuis le Sénégal est le premier état africain à avoir adopté une loi similaire.

 

Pour conclure, une cérémonie a lieu ce jour en présence du président de la république M. François Hollande et de la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche Mme  NAJAT Vallaud- Belkacem et le garde des sceaux ministre de la justice M. Jean-Jacques Urvoas, au jardin du Luxembourg. Il y’aura également des rencontres au ministère de l’outre-mer en présence du révérend Jesse Jackson.

Toutefois cette cérémonie demeure confidentielle dans un lieu clos soumis à invitation. Seules quelques élites y sont admises. Ce 10 Mai n’est ni férié ni enseigné à l’école. C’est une date qui souffre du manque flagrant de promotion. La plupart des français qui ne militent pas dans les associations n’en sont pas informés. Vu le niveau d’enrichissement de la France imputable à l’esclavage, ce serait un minimum pour les autorités françaises de décréter le 10 Mai jour férié afin que la mémoire des esclaves et la vie des descendants d’esclaves soient honorées et comprises.

 

MKC

 

Source :

– itinérairedecitoyennete.org

– outre mer 1ere

-www. cnmhe.fr

– www.terangaweb.com

 

 

 

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