72heures avec Moussa MARA à Berlin : il faut appliquer l’accord sans attendre les groupes armés

L’ancien premier ministre malien Moussa MARA a choisi Berlin en Allemagne pour sa première sortie européenne depuis son départ de la primature.
Invité par la fondation Friedrich qui dispose d’un bureau au Mali à Bamako, le tout nouveau président du Think Tank “la fondation Balazan”  a passé trois jours à Berlin dans une course marathon pour exécuter un programme de rencontres et de séances de travail avec des institution et officiels allemands. La visite était placée sous les thèmes : le Mali après la crise, Paix, réformes et développement.  Face à tous ses interlocuteurs, Mara a eu à détailler l’accord d’Alger, défendre le gouvernement et la politique générale du pouvoir malien.
Dès le premier jour au siège de la FES (Friedrich Ebert Stiftung), accueilli par Manfred Öhm,  directeur du département AFRIQUE, l’ancien premier ministre endossa son  costume de VRP du Mali qu’il présenta comme un malade en convalescence que l’Allemagne devra s’engager à suivre sur le long terme. Il a vendu l’accord d’Alger autant que faire se peut. Il exhorta ses hôtes de la FES à promouvoir d’avantage la bonne gouvernance au mali.
A “transparency international”, une organisation présente dans le monde, Mara a fait cas de sa déclaration publique de patrimoine avant et après son passage à la primature. Il désignera la corruption comme principal facteur de la mauvaise gouvernance et de la situation de crise au Mali. Les échanges avec Miklos Marschall, le secrétaire général adjoint et Peter Conze, membre du directoire  ont porté sur les efforts déployés par l’Etat malien pour retrouver la voie de la paix et les règles de bonne gouvernance pour minimiser la corruption et doper les efforts de développement.
Parmi les officiels allemands rencontrés, les députés fédéraux de la Bundestag ont occupé une place et un rôle de choix. Très matinale, la rencontre avait pour cadre un restaurant cossu de la capitale autour d’un petit déjeuner qui n’a rien à envier a un dîner tellement les mets sont copieux et divers. Cette présentation n’a aucun moment altéré le niveau des débats. Les élus allemands se posent des questions et Moussa MARA est venu avec des réponses, quelques certitudes et des sollicitations aussi bien dans cadre de son projet Think Tank mais aussi pour exhorter les allemands à travers leurs élus à croire en le redressement du Mali. Il a apporté ses arguments face aux récurrentes interrogations des députés fédéraux concernant le refus des groupes armés de parapher l’accord dit d’Alger. Selon MARA, il est nécessaire de mettre en application cet accord avec ceux qui l’ont signé sans attendre les frondeurs. Il est évident pour lui que les frondeurs si toutefois habités d’un désir de paix rejoindront le train. Il est revenu sur la composition ethnique du Mali en mettant en exergue le mythe du racisme anti Touareg qui suit une logique de mensonge.
La rencontre avec les élus a donné des idées à l’ex premier ministre.  Il s’est rendu sur l’esplanade du parlement allemand pour une visite bien guidée par Jan Henrik Fahlbusch, directeur du bureau de la FES à Bamako et Abdourhamane DICKO, chargé de programme de la FES à Bamako qui sont tous deux organisateurs de  cette visite. Moussa MARA a profité de cette visite pour exprimer sa tristesse et rendre hommage aux victimes du crash de la Germanwings.
Il fut question de souvenirs et de déclarations d’amour pour le Mali lors de la rencontre au “Café EINSTEIN” avec l’ex ambassadeur d’Allemagne au Mali Karl FInger, Baz LECOCQ un universitaire, Winfried KÛHNE, Oberstleutnant PERMANSEDER, Ekkehard GRIEP et Tobias KOEPF. S’il est clair que l’ambassadeur a une vision plus proche de celle de l’état central, certains parmi les convives au déjeuner fustigent  l’attitude du pouvoir malien. Le costume de VRP du produit Mali n’étant jamais loin de Moussa MARA, il l’a encore remis face à ses hôtes pour exposer les collusions existantes entre les groupes rebelles refusant d’avancer à travers l’accord et les intérêts narcotiques dans la zone sahélienne. Selon Mara, tous les protagonistes de la crise n’ont pas intérêt dans la paix. La paix viendra mettre les groupes armés face à la dure réalité qu’est la gestion administrative et politique d’une région, ils pourraient voir les populations se dresser contre eux. Le chaos serait le seul salut de ces protestataires.
L’institut fédéral de sécurité sis au château de Schönhausen fut le théâtre d’une rencontre confidentielle avec pour interlocuteur l’ambassadeur Hans Dieter Heumann. Nous n’avons pas eu l’autorisation d’y assister mais le témoignage de Mara nous en dit long sur la prise de conscience de l’Allemagne à mener des actions en vue d’asseoir sa puissance militaire à la dimension des nations puissantes. C’est un lieu hautement stratégique dans le schéma de défense nationale de l’Allemagne. Il faut dire que c’est l’équivalent du Pentagone aux USA.
Moussa MARA aurait  fait un crime de lèse majesté s’il venait à Berlin sans faire un détour pour rencontrer la diaspora malienne d’Allemagne. L’ambassade du Mali à Berlin a servi de cadre à la rencontre et Méhidi DIAKITE le premier conseiller de l’ambassade fit office de premier responsable de la diaspora en l’absence de l’ambassadeur qui était en déplacement. Les maliens d’Allemagne sont moins nombreux qu’en France ou en Côte d’Ivoire ce qui leur offre une possibilité d’organisation plus rigoureuse avec moins de péripéties qu’ailleurs. MARA leur a parlé pendant plus d’une heure. Ils ont posé nombreuses questions relatives à l’accord en demandant une dissection profonde. Dans une atmosphère détendue les maliens d’Allemagne ont interrogé l’ancien premier ministre sur les capacités du gouvernement malien à se faire respecter dans un processus de paix complexe.
L’un des moments phares du séjour fut la table ronde “le processus de paix au Mali, défis et perspectives” à laquelle participaient outre Moussa MARA d’autres personnalités maliennes et allemandes. Dans le panel étaient présents  Manfred Öhm de la FES,  Brehima FOMBA du groupe observatoire des dynamiques sociales, spatiales et expertise endogène du Mali, Saloum D TRAORÉ de Amnesty internationale Mali, Dietrich BECKER le directeur de la section Afrique centrale et Afrique de l’Ouest du ministère des affaires étrangères. Cet exercice a occupé une large partie de la soirée. La salle de conférence de la FES était quasi pleine avec environ 150 personnes venues écouter les débats concernant le Mali. Nombreux maliens et autres africains côtoyaient des allemands dans la salle. Comme pour les autres rencontres, les questions se sont cristallisées autour de l’opposition MNLA vs état malien. Il faut dire que certaines personnes sont arrivées avec des certitudes sur la question et Moussa MARA à expliqué son analyse sur l’accord et sur le rôle du MNLA et des groupes armés dans la crise ainsi que le refus de la CMA de parapher l’accord. Les discussions furent tendues car selon MARA, la journaliste Charlotte WIEDEMANN qui animait le débat sortait souvent du thème pour mener des questions dirigées vers sa personne ou vers des sujets hors du thème.
La presse allemande n’était pas bien loin lorsqu’il s’agissait de questions engageant l’Allemagne. Au sein de la FES, une rencontre entre l’hôte et certains médias fut organisée. Ont participés à cette rencontre la Deutche Wele, l’ARD, Neues Deutschland Druckerei et IPG. Les journalistes de ces médias ont une connaissance pointue du Mali et de sa crise. Ils n’ont eu aucun mal à pousser le vice à travers leurs questions. La crise et l’accord pas encore paraphé par tous furent les ingrédient principaux. Le VRP Moussa MARA a une nouvelle fois vendu l’accord comme une chance pour tous, fustigé l’attitude versatile des groupes armés tout en sollicitant la communauté internationale à venir aider le Mali.
Le dernier jour du séjour fut consacré à deux rencontres de haute importance. La première avec l’ex ministre de la justice allemande Madame Elisabeth BRAUNE lors du petit déjeuner à l’hôtel. Cette dame est une “espèce de lobby “à elle seule eu égard aux fonctions qu’elle a occupé et le rôle important de consultante pour les questions de droit qu’elle a aujourd’hui. A cette occasion, sans forcer elle tenait à avoir la version des autorités malienne concernant l’accord, les efforts entrepris par l’état malien pour asseoir l’accord et la paix afin d’amorcer le chemin du développement. La corruption aussi était un sujet sur lequel elle revenait souvent. Ensemble ils ont abordé l’idée du  Think Tank que l’ancien premier ministre souhaite développer au Mali.
La séance de travail à l’institut allemand pour la politique internationale et la sécurité avec Wolfram LACHER et Denis TULL a clos la dernière journée et le séjour. Ces deux interlocuteurs de MARA ont une idée fixe de la crise malienne. On a l’impression d’un état répressif et des touareg victimes. Ils expriment une position dans laquelle il y aurait une crise de confiance entre les autorités maliennes et la communauté internationale.
Un débriefing lors du déjeuner à permis à Moussa MARA et les deux responsables du bureau de la FES de Bamako de faire le point sur le séjour puis ils ont accompagné l’ancien premier ministre a l’aéroport où le premier conseiller de l’ambassade l’attendait. Il quitta Berlin pour Paris à 15h10.
Lors de ce séjour, Moussa MARA a eu un discours de promotion du Mali. Aujourd’hui le Mali est accroché à un accord de paix et il le vend autant qu’il le peut à tous ceux qui peuvent influer sur les événements.
On sait que Mara  fut premier ministre du Mali mais lors de ce séjour, on a parfois eu l’image du premier ministre en fonction. Il s’exprimait comme un membre du gouvernement. Habituellement quand on quitte ce type de poste on est pas pressé de défendre la cause du gouvernement suivant  mais MARA ne tarit pas de mots pour qualifier l’accord de chance d’un nouveau départ et ne manque d’occasion de solliciter l’aide des autres pour promouvoir la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption qui est l’origine de tous les maux du Mali.
Avec MARA à Berlin, nous avons passé 72heures aux côtés d’un Hussein Bolt de la politique en mission “il faut sauver le soldat Mali”.
Elijah de Bla

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