Depuis le 31 mars dernier les photographies de Seydou Keita (1921-2001), l’un des plus grands portraitistes de la deuxième moitié du XXe siècle sont exposées au Grand Palais. Une rétrospective de plus de 200 photographies qui met en lumière, le talent, la passion et l’amour à travers les œuvres du célèbre photographe au-delà du continent africain. Des photos vintages, aux petits formats, en passant par des grands tirages argentiques modernes, vous serez éblouis par les œuvres de cet artiste qui marque une réelle identité à la photographie africaine.
Ses œuvres sont un véritable témoin de la société malienne des années 40 à 60. Comme le hasard fait bien les choses, sa passion et sa vocation pour la photographie se déclenchent après l’acquisition d’un appareil Kodak Brownie, un cadeau offert par son oncle. En véritable autodidacte, il se perfectionne dans la prise de la photographie notamment à l’aide des conseils du photographe et instituteur malien, Mountaga Dembélé et par sa fréquentation du magasin-studio photo de Pierre Garnier. Il est important de souligner que dans l’entre-deux guerres la photographie était réservée à une élite donc très peu accessible au reste de la société.
De 1948 à 1960 le maître du portrait réalise plusieurs milliers de clichés dans la maison familiale à Bamako-Coura où sa chambre de vie fait office de studio et la cour le lieu où sont réalisées ses photographies. « Il y avait beaucoup d’animation autour de mon studio, il y avait tout le temps du monde, c’était un lieu de rendez-vous et de palabre ; je travaille tout le temps ».
Dans cette période d’après guerre (Seconde Guerre Mondiale), Seydou Keïta photographie une société en voie de gagner son indépendance. Il rencontre alors un grand succès dans un premier temps auprès d’une jeunesse urbaine Bamakoise en quête d’émancipation et de modernité. Puis ce sont les familles, des femmes et des enfants, non seulement maliens mais aussi des clients en provenance de toute l’Afrique de l’ouest (ivoiriens, sénégalais, guinéens…) qui tombent sous le charme de ses portraits en noir et blanc réalisés en une seule prise à la lumière du jour et à petit format. Pour 300 ou 500 francs CFA la photo, il positionne sa clientèle, oriente les visages, fige les regards, prête des accessoires modernes (cravates, chapeaux, bijoux, costumes européens…) symboles de liberté et d’émancipation à l’époque.
En 1963, Seydou Keïta est recruté comme photographe officiel et décide de fermer son studio. Cependant, en 1977 il prend sa retraite et se met à la pratique de la mécanique, une autre de ses passions.
C’est en 1994 que le monde occidental fait la connaissance de ce talentueux photographe lors de son exposition personnelle à la fondation Cartier à Paris. Une exposition qui fera le tour du monde.
Il était d’ailleurs le premier admirateur de ses clichés, « J’ai tellement aimé la photographie que j’ai voulu donner la plus belle image de mes clients ». La beauté de ces photographies est comme un récit d’une histoire qu’on peut lire à travers les regards de ces modèles. Par amour de son métier mais surtout des gens, il a su magnifier ses photographies par son talent de la mise en scène. En cela, il est considéré comme étant un véritable artiste.
En 1997, sa première monographie est publiée aux éditions Scalo et s’exposera à la galerie Gagosian de New-York où il sera présent.
Son œuvre de la femme allongée (1956-1957) est probablement l’une des plus belles œuvres de Keïta.
Selon le photographe cette, pose n’était demandée que par les femmes. Calculé au millimètre près, par le placement des mains, des pieds et même des plis du vêtement, cette photographie raconte une véritable histoire.
«Il prend en photo comme un peintre peint un modèle » Céline Solignac scénariste, une cliente photographiée par Seydou Keita en 1998.
Cette exposition qui a débuté depuis le 31 mars au Grand Palais s’achèvera le 11 juillet 2016. Allez donc découvrir ou redécouvrir ce grand homme à travers ses ouvres.
Maya Touré
Source :
Catalogue de l’exposition, Edition de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, 2016
RFI, émission « La Marche du Monde », A la recherche de Seydou Keita le Photographe
Maya TOURE,
Etudiante stagiare