Le malien est obnubilé par les grands titres et diplômes au détriment du savoir-faire 

Nous avons tous des capitaux, certains en ont plus d’économiques, d’autres plus de culturels et symboliques. L’acquisition de ces différents capitaux peut nous donner la légitimité par convention sociale pour exprimer notre domination sur les autres. Dans ces lignes nous prendrons le cas du capital culturel défini par les diplômes. Nous n’avons pas la volonté de nier l’existence et l’utilité des diplômes au Mali, mais nous tenterons de démontrer comment les rapports sociaux se manifestent entre ceux qui ont eu la chance d’obtenir des grands diplômes et ceux qui n’ont rien de particulièrement remarquable. La logique est de mettre en perspective si « être diplômé » est équivaut à l’exercice du savoir-faire au Mali.

 

Souvent dans les discussions, pour dominer le débat il suffit de dire tout simplement, « je viens de telle université, j’ai eu tel diplôme dans tel domaine », les gens n’écoutent plus ce que vous dites mais ils vous écoutent pour ce que vous êtes (Docteur, détenteur d’un Master etc…).  Faut-il obligatoirement empocher des gros diplômes pour être utile, être considéré au Mali ? Nous dirons oui, le malien est fou des titres surtout quand il s’agit des diplômés. Ils sont docteurs, maîtres de conférences, agrégés d’une discipline etc… Ils s’accrochent à leurs titres et ils le considèrent comme une identité dans les instances publiques. Ce sont des gens qui donnent beaucoup plus d’importances à leur titre qu’à leur nom de famille, qu’aux rôles qu’ils doivent jouer dans la gestion de leur pays, ils ne prennent pas les choses à la légère, entre eux et les autres il existe un grand décalage cognitif pour se comprendre, ils se donnent raison au prisme de leur diplôme. Mais la réalité sur le terrain prend une autre facette.

 

Il faut comprendre que la mystification ne relève pas seulement de l’ordre spirituel, mais souvent des rapports aux autres qui, pouvant rendre un individu mystérieux, c’est ce qui se fait actuellement avec nos hommes les plus titrés. Ce qui est plus étonnant dans ce rapport social chez nous au Mali, c’est que nous continuons à faire hisser ces titrés au rang des sages incontestables, de les considérer comme les modèles organisateurs des affaires politico-sociales et des porteurs de valeurs universelles, alors que la plupart d’entre eux sont absents dans des réalisations concrètes. Et pourquoi ?

Certaines personnes ont perdu confiance en elles faute de leur niveau d’étude. Leur condition face aux autres qui ont acquis des diplômes accentue ce manque de confiance. Les titrés profitent de ces lacunes pour raconter leur vie, généralement qu’est-ce qu’on remarque, c’est faire en sorte pour imposer leur marque de personnalité mais en réalité la plupart d’entre eux sont incapables de résoudre des problèmes intelligemment. Quand il s’agit des actes concrets ils se limitent à des discours pseudo-intellectuels. Malheureusement, le malien est obnubilé par les titres qu’il soit détenteur ou pas.  Dans le pays où nous comptons des docteurs, des chercheurs par centaine de milliers, il est étonnant que ce pays se trouve à l’ère du moyen-âge du développement socio-économique. Docteur en économie mais incapable d’établir la structure économique du Mali, cela reste à discuter. Nous pouvons alors dire que l’existence de certains de nos diplômés demeure toujours un gâchis scientifique et humain. Par curiosité nous sommes allés chercher les données sur la situation du chômage au Mali, mais malheureusement la recherche était bredouille pendant qu’on nous parle des chercheurs maliens. Le système éducatif n’a rien qui puisse nous permettre d’espérer qu’il pourrait sortir de son ancienne coquille alors que nous avons des chercheurs en Sciences de l’éducation. Sommes-nous exactement comme des jolies tombes de blanc « le décor est agréable mais le dessous est pourri » ?

 

En poussant la réflexion plus loin, ce n’est plus la valorisation, le fait de s’accrocher au titre, mais c’est de la « vantardise intellectuelle » qui n’a souvent ni effet sur le changement du Mali, ni de réalisation probante. La vantardise et la valorisation de soi-même sont deux choses différentes. La vantardise se manifeste dans des actes strictement verbaux n’ayant nullement aucune base constructive. La valorisation de soi-même, dans un sens normatif, se manifeste dans nos réalisations qui sont socialement accueillies, validées par les autres et qui portent un sens aux besoins de notre société. Nos très chers titrés vous êtes formés pour être utiles à la société et non pour vendre vos diplômes dans l’inaction.

 

En somme, ces gens veulent impressionner tout simplement parce qu’ils ont compris qu’ils ont à faire à un espace de compétitivité vide de sens où certaines personnes ont besoin de se prouver qu’elles existent en montrant aux autres qu’elles sont les plus fortes, les plus belles, les plus intelligentes, les plus importantes. Une seule chose  paraît importante « être à la hauteur des soucis de son pays et de sa famille » c’est la racine pour se valoriser soi même. Si vous (moins titrés et non titrés) avez compris ce message, vous n’auriez plus besoin à vous rendre tristes, vous pouviez bien vous intéresser aux autres en vous activant.

 

Il n’y pas de mystère dans ce monde, tout est à apprendre.

Niare Maramory

 

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