Sextape politico-religieuse au Mali : Imam Dicko et Boubèye MAIGA en sont les acteurs

Sextape politico-religieuse au Mali : Dicko et Boubèye MAIGA en sont les acteurs

Meeting d eMahamoud DICKO au stade du 26 MArs
Essaie concluant pour Mahamoud DICKO président du HCIM

Les semaines et les mois se suivent au Mali mais ne se ressemblent pas d’apparence. En apparence, l’illusion des millions et des acquisitions matérielles d’une petite élite politico-religieuse maintient le spectre du « ça peut aller » et du « ça va aller » sans fondement ni conviction. Ce n’est un secret pour personne, les proclamés leaders religieux et les élus de la nation forment une secte composée de personnalités hors sol depuis au moins 40 ans.

Partie d’une histoire d’introduction au Mali de l’enseignement d’un module sur l’éducation sexuelle qui aborderait l’homosexualité, le chef du gouvernement Soumeylou Boubèye MAIGA a reculé face au lobbying et à l’influence du président du haut conseil islamique du Mali (HCIM) Mahamoud DICKO. Les hostilités auraient pu en rester à ce stade mais les calendriers personnels des uns et le désir présidentiel des autres ont donné naissance à un cocktail puant. Une odeur malsaine s’est rependue à Bamako depuis que le chef du HCIM Mahamoud Dicko a décidé d’organiser un grand meeting dans le plus grand édifice fermé du Mali. Le stade du 26 Mars de Bamako a été le théâtre de la démonstration de force et d’influence de l’imam Mahamoud Dicko. On parle de 60 000 fidèles venus écouter et soutenir l’imam DICKO.

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Que faut-il retenir de cette guerre entre DICKO et SBM?

Selon les propos de l’imam DICKO, le premier ministre avait promis 100 millions de Franc CFA pour venir en aide à l’organisation de ce meeting. Finalement 50 millions seraient envoyé et aussitôt refusés de manière cathodique par DICKO lui-même. Pour justifier ce refus, l’imam DICKO dira que l’organisation du meeting n’a besoin d’aucune soutient extérieur. Ce meeting serait autofinancé pour prier pour la paix au Mali. L’un des enseignements à tirer est que l’état s’est habitué à faire le distributeur automatique de billets de banque dès que les sulfureux leaders religieux organisent un rassemblement. L’état par le biais de son premier ministre, du président et des ministres offrent des sommes à donner le tournis au nom de la religion. L’autre enseignement que l’on peut tirer est que les organisations religieuses n’ont pas besoin des financements du pouvoir pour organiser leurs rassemblements. Mahamoud DICKO vient d’en donner l’exemple.

Si de l’aveu même du premier ministre Boubèye MAIGA, c’est une tradition d’octroyer des millions aux religieux chaque fois qu’ils ont besoin, cette tradition n’a plus lieu d’être.

Hormis l’habitude, le premier Boubèye MAIGA a été incapable de donner les raisons économiques de ce soutien financier. Le Mali étant une république laïque, le rôle de l’état étant de favoriser la création de richesse par les citoyens, ces millions offerts aux religieux ne sont pas justifiables. Le rôle de l’état n’est pas de conduire les maliens au paradis ni de les empêcher d’aller en enfer. A travers cette tentative de récupération d’une mobilisation qui se voulait pourtant clairement contestataire de la gouvernance SBM, le premier s’est auto sabordée. Ses 50 millions refusés et le tolet né sur les réseaux sociaux l’ont contraint à se justifier.

Capture
Capture écran de la déclaration du premier SBM

Les arguments du premier ministre pour se justifier sont pathétiques. Un gouvernement d’un pays où tout manque, où les startups ne trouvent pas finement, où les entreprises exécutant les marchés publics attendent des mois pour recouvrer leurs dus au trésor public devait avoir d’autre chats à fouetter que de se préoccuper du financement du culte.
A la sortie de ce week-end de tension animé par DICKO et SBM, les maliens sont d’avantage divisés. Cette guéguerre de positionnement à toutes les caractéristiques de la sextape politico-religieuse.

Les protagonistes de cette sextape politico-religieuse, Mahamoud DICKO et Boubèye MAIGA se sont donné en spectacle sans aucune pudeur.

Si le premier a eu le mérite de nous apporter les preuves cathodiques de ce que nous savions tous déjà, le second a fait montre de sa déconnection de la réalité des maliens. En effet, parler de dizaines de millions de la sorte est une indécence quand on sait que la majorité des maliens qui se reconnaissent musulmans sont dans la misère. Ces millions sont offerts aux leaders et non à la communauté. Le HCIM est une association avec logiquement un compte bancaire. On peut se demander la raison qui pousse le premier à convoyer de telles sommes en cash. Un virement bancaire aurait donné un caractère plus sérieux et officiel à l’offrande. Par ricochet, les retraits du HCIM aurait laissé une traçabilité. Dans les propos du premier ministre pour se justifier, à aucun moment il ne s’excuse ni ne relève la gravité de l’utilisation servile des deniers publics. Sur un aspect comptable, comment la primature et le gouvernement justifient un tel décaissement ? Sommes-nous dans un état sérieux avec des dirigeants soucieux ?

Cet argent était-il destiné à acheter la conscience de l’imam DICKO ou aider à l’organisation du meeting ?

Comment aide-t-on à organiser un meeting prévu le 10 Février en envoyant son aide financière la veille ? A quoi aurait servi cette énorme somme que DICKO a refusé ? le HCIM a-t-il un trésorier? Cette affaire est toute une école dans un cas pratique d’étude de corruption. La corruption est-elle avérée ou non? La justice devrait s’en saisir si nous étions dans un état sérieux et exemplaire.
Les auto-proclamés guides religieux du Mali évoquent de moins en moins dieu et la religion dans leurs prises de paroles publics. Ils sont souvent au centre de conflits financiers. Ce fut le cas de Ousmane HAIDARA et Chouala Bayaya. D’ailleurs le second est devenu un activiste pro gouvernemental qui n’hésite pas à dégainer son verbe acerbe contre tous ceux qui osent s’opposer à ses nouveaux amis du pouvoir. Il a copieusement recadré l’imam DICKO pour avoir refusé publiquement l’argent du premier ministre. Il a accusé l’imam DICKO de recèle dans le passé.
La majorité des maliens est pris en otage par cette caste de religieux rangés systématiquement du coté du pouvoir qui les abreuve de centaines de nos millions. En retour, la religion véritable opium du peuple sert de somnifère face aux dérives de la gouvernance. Rappelons que Mahamoud DICKO avait fait campagne pour le président IBK en 2013. Un moment donné de notre histoire récente, DICKO et SBM étaient tout deux IBK compatibles. Ils ne sont pas opposés aujourd’hui à cause de la mauvaise gouvernance mais plutôt pour des aspects qui ne concernent qu’eux-mêmes. Ils ont décidé d’exposer sur la place public les détails honteux de leur vie dans cette sextape politico-religieuse de très mauvais goût.

A travers ces évènements, nous découvrons les limites du modèle SBM et le caractère têtu de l’imam DICKO.

Si DICKO peut rassembler autant de monde en seulement une semaine de communication, il faut s’attendre à lui découvrir d’autres envies. En effet, l’idée d’un parti politico-religieux avec DICKO en embuscade à la présidentielle de 2023 n’est pas farfelue. Dans beaucoup de tête, placer un imam à Koulouba serait une bénédiction. Il y’a un climat propice et des cerveaux vides dans lesquels cette idée peut germer et pousser.
Ce week-end du 9 au 10 Février 2019 est très richesse en enseignements. Si tout le monde savait que le Mali est gouverné par l’émotion et le sentimentalisme religieux, les protagonistes viennent d’en apporter les preuves irréfutables.

Chaque jour, nos yeux découvrent des faits qui étonneraient un extra-terrestre et qu’un écrivain n’oserait pas inventer. Cette sextape politico-religieuse en est la parfaite illustration. SBM est fragilisé par une partie du RPM qui lui reproche son OPA hostile sur ses membres et par ce conflit avec l’influent Mahamoud DICKO.

Elijah De BLA

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