Religion: Une africanisation de l’islam par les Mourides

Une africanisation de l’islam par les mourides

Une africanisation de l’islam par les Mourides, pour une confrérie puissante

Une africanisation de l’islam par les Mourides leur a permis d’accéder à une autonomie économique et d’être une puissance politique dès la fin du 19e siècle. C’est en voulant s’opposer au pouvoir colonial qu’Ahmadou Bamba fonda le mouridisme en 1888. C’est une confrérie musulmane qui repose sur 4 principes fondamentaux : l’apprentissage du coran, la foi en Dieu, l’amour du travail et l’imitation du prophète. Une africanisation de l’islam par les Mourides a donc été leur arme la plus puissante face aux colons.

La force du mouridisme est d’avoir comme le disait Léopold Sédar Senghor “enraciner l’islam en terre noire, en l’africanisant, en le négrifiant”.

Elle s’appuie également sur la philosophie suivante “Travaillez comme si vous ne deviez jamais mourir et priez Dieu comme si vous deviez mourir demain”. Pour résumer son combat face aux colons, Ahmadou Bamba a appliqué ce qu’on appelle le jihad spirituel, sa lutte ne s’est jamais exprimée au travers des armes. Mais par une autonomie financière afin de répondre au système capitaliste instauré par le colon.

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Il a alors développé son dogme à travers une extrême valorisation du travail basée sur des principes islamiques. Le génie d’Ahmadou Bamba est d’avoir su harmoniser les valeurs utiles à sa lutte. En effet, issu du peuple Wolof dont la structure sociale est organisée sous forme de castes et le travail réservé aux personnes inférieures, il était primordial de faire tomber cette barrière. C’est donc ainsi que les disciples ou “talibé” (en Wolof) ont adhéré en nombre à cette confrérie. Pour autant, ils n’ont pas oublié l’entraide au sein de la communauté, valeur importante au sein des différents peuple du Sahel. Et qui répond aussi à cette volonté d’une africanisation de l’islam.

Une africanisation de l'islam par les Mourides : Macky Sall, président du Sénégal et membre de la confrérie des Mourides
Africanisation de l’islam par les Mourides : Macky Sall, président du Sénégal et membre de la confrérie des Mourides

Les Mourides n’ont cessé de progresser tant par leur nombre que par leur puissance. Ils représentent aujourd’hui près de 35% de la population sénégalaise et détiennent un pouvoir économique et politique indéniables. En un siècle, ils sont passés de cultivateurs d’arachides à riches commerçants pour certains. Chaque Mouride contribue à la prospérité de sa communauté. La solidarité qui les unie est préservée même au sein de la diaspora que l’on retrouve en France, en Italie ou aux USA. Leur sens du travail et de la solidarité a fait de Touba, leur ville sainte la 2nd ville du Sénégal. C’est à Touba que se trouve la 2nd mosquée d’Afrique.

En 2012 le magal de Touba a généré 370 millions d’euros

Le magal (pèlerinage en Wolof) attire chaque année entre 4 et 5 millions de pèlerins, en 2012 celui-ci a généré 370 millions d’euros selon l’ex-ministre de l’intérieur Ousmane Ngom. La participation au magal dispense de la participation au hadj de la Mecque. Cela permet aux Mourides de bénéficier de la manne financière du magal qui est le 2nd pèlerinage de l’islam. Beaucoup de musulmans sont mécontents du traitements qu’ils subissent lors du pèlerinage à la Mecque et soulève souvent l’éventualité de changer le lieu du pèlerinage. En tant qu’Africain cela ne serait-il pas plus logique d’assister au hadj en Afrique afin que les revenus profitent à notre continent ?

Les Mourides sont puissants, on les retrouve également dans les plus hautes sphères de l’état ou du monde des affaires. Les 2 derniers présidents du Sénégal (Macky Sall & Abdoulaye Wade) et l’un des hommes d’affaires et artiste le plus puissant du pays Youssou Ndour sont issus de cette communauté.

La force du mouridisme est d’avoir comme le disait Léopold Sédar Senghor “enraciner l’islam en terre noire, en l’africanisant, en le négrifiant”. Et on constate, que cette région ne souffre pas d’islamisme, une africanisation de l’islam est sûrement la solution à l’islam radicale dont souffre aujourd’hui le continent.

Abeni, correspondante à Lagos

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