Migrants africains : des héros qui ne méritent pas ce discours condescendant

les migrants africains

Migrants africains : des héros qui ne méritent pas ce discours condescendant

L’apport des migrants à l’effort économique des états au sud du Sahara est connu et le rôle qui est le sien est la bouffée d’oxygène dans le cas du Mali et du Sénégal. Il a été démontré plus d’une fois que l’apport des migrants en flux financier est supérieur à celui de l’aide publique au développement. D’ailleurs, depuis que l’aide au développement existe aucun état aidé n’a été développé. Il faudrait penser à stopper l’aide si nous raisonnons en cartésiens.

 

De plus en plus de discours traite l’épineuse question des migrants telle une chose, un meuble. Ce qui est inquiétant, c’est le message envoyé par les pays respectifs de ces migrants. Il n’y a aucune solidarité, aucune compassion. Aucun dispositif ne vient aider ces héros, ceux qui ont refusé d’abdiquer. Personne ne le dit suffisamment mais les migrants sont le mal nécessaire, une espèce de vache à lait.

Le sacrifice légendaire du migrant à laissé des traces au Mali, au Sénégal et dans tous ces pays grands pourvoyeur de migrants.

Ils tiennent l’économie en vie à travers les initiatives entrepreneuriales en transférant des fonds nets prêts à être utilisés contrairement à l’aide au développement qui se cache derrière l’aspect nature en refourguant des apprentis experts à l’Afrique dont les émoluments sont déduits des montants annoncés. Dans le cas des 3,2 milliards promis au Mali par les partenaires à Bruxelles, seul la cour présidentielle et les experts en sorcellerie ont vu la couleur des fonds.

Entre effacement d’une partie de la dette et projets imposés, les maliens ont le temps de crever. Des structures telles le GRDR et le SIAD pourront édifier sur l’impact sociologique et économique des migrants dans leurs pays d’origine.

Effectifs et caractéristiques socio-économiques

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Tableau récapitulatif de la diaspora de migrants maliens en Afrique

Dans ces conditions, l’estimation souvent avancée en 2003, de 4 millions de Maliens vivants à
l’étranger (dont 3,5 millions en Afrique et 2 à 2,5 millions en Côte d’ Ivoire) correspond à une
acceptation de l’identité malienne basée sur le sentiment d’appartenance communautaire. Sous
réserve d’investigations plus fouillées, une estimation plus restrictive conduirait plutôt à nous en
tenir à une population de 2,5 à 3 millions de Maliens vivants à l’étranger dont 2 à 2,5 millions en
Afrique et 1 à 1,2 million en Côte d’ Ivoire (Merabet O., Gendreau F., 2007).
Le cas de la migration en France est singulier au Mali. En effet, si seulement 3% de la diaspora
malienne y réside, plus de 100 000 personnes (MATCL, RACE, 2001), le poids et l’impact économique,
organisationnel, politique et historique, en fait l’un des cas très particulier. Ceci d’autant plus que
l’origine de cette migration est extrêmement localisée dans une région du Mali, celle de Kayes et plus
particulièrement ses zones nord et ouest (Cercles de Yélimané, Diéma). Ici l’émigration est perçue
comme une quête de reconnaissance sociale. La France a été le pays de destination des émigrés de
cette région car ils ont un réseau social bien développé.
Les immigrés maliens de la France ont joué un rôle de premier plan en matière d’élaboration et de
concrétisation des programmes et politiques, tels que jumelage, coopération décentralisée ou FSP
Co‐développement. Ces formes diverses de gestion de migration et développement sont menées sur le double espace du migrant (pays d’accueil et de départ du migrant).
Ces migrations en Afrique si elles n’ont pas toujours été irréprochables dans le contexte de l’accueil et du traitement des migrants, n’est pas celle qui fait la une des médias. En effet, les migrants africains et maliens qui font le choix d’aller en Europe sont qualifiés aujourd’hui de pique assiette. Le discours des dirigeants Français en particulier et européens en général est sans équivoque. Le migrant est le Mal de l’Europe et de plus en plus ces migrants sont assimilés aux facteurs favorisants le terrorisme. En dépit des relations complexes que l’Afrique Francophone lie avec la France, cette dernière voit d’un mauvais œil la présence des ressortissants africains dans l’hexagone.

En tout cas la France traite avec mépris et un soupçon de racisme les migrants venus d’Afrique et du Mali.

Malgré tout ce que ces migrants apportent aux économies subsahariennes, comment en est-on arrivé à un discours condescendants des dirigeants envers ces migrants? Pourquoi les responsables africains s’alignent sur le discours européens sachant que les retombées pour les uns n’ont rien à voir avec celles des autres. Ceux à qui on a confié le sort des migrants au sud n’ont aucune légitimité pour en parler car ils ont pris la part du pauvre. Les migrants sont le corolaire conjugué des dérives du pillage du sud par le nord et de la corruption des dirigeants du sud. Entendre donc les dirigeants africains traiter les migrants avec une condescendance insolente est difficile à accepter. Pour des présidents africains qui déroulent le tapis rouge pour les pilleurs professionnels des richesses du continent, ils devraient élever au rang de héros les migrants qui au risque de leurs vies rapatrient presque 100% de leurs gains au pays.

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L’un des centres de santé financés par les migrants au Mali

Ces transferts d’argents permettent de financer la paix sociale qui garantit aux dirigeants la liberté avec laquelle ils peuvent utiliser de façon ostentatoire l’argent publique pour les besoins privés. Le président Ibrahim Boubacar Keita n’aurait jamais pu s’octroyer une centaine de voyages à travers le monde si la paix sociale n’était pas acquise d’une certaine manière au Mali. Ce même président est prêt à signer n’importe quel document émanent de d’Europe et qui détériore les droits des migrants maliens.

Pour exemple, le Mali s’est montré très maladroit envers la famille d’Adama Traoré, jeune malien injustement assassiné par la gendarmerie française.

Selon la FIDA( fond international de développement agricole) qui avance dans un rapport des chiffre de l’année 2006 sur l’impact des migrations sur les revenus des pays du Sud, les principaux pays bénéficiaires de ces transferts sont indéniablement les pays d’Asie, avec un total de 114 milliards de dollars (dont en particulier 24,5 milliards pour l’Inde, 21 milliards pour la Chine et 15 milliards pour les Philippines), devançant l’Amérique latine (68 milliards de dollars, dont 24 milliards pour le seul Mexique) et les pays d’Europe centrale, du Sud-Est et de l’Est (51 milliards de dollars, dont 14 milliards pour la Fédération de Russie et 8,5 milliards pour l’Ukraine). Le continent africain se situe en retrait, avec une estimation de 39 milliards de dollars (dont plus de 5 milliards pour l’Algérie, le Maroc et le Nigeria), soit un peu plus que le Moyen-Orient (30 milliards de dollars, dont 7,5 milliards pour la Turquie et 5,5 milliards pour le Liban). Près de 60 pays au monde bénéficieraient annuellement de transferts atteignant un milliard de dollars, et 19 pays d’Afrique reçoivent chaque année un montant supérieur à un demi-milliard de dollars.

Il aurait été plus judicieux de sensibiliser les migrants à utiliser des voies qui ne mettent pas leurs en vie en péril.

Les morts dans l’océan sont des morts de trop, l’Europe ne mérite pas qu’on lui donne une vie mais il faut cesser de décourager les candidats à la migration tant que la gouvernance locale sera dédiée au bonheur d’une famille ou d’un clan. Tant que les rapports de l’Afrique avec l’Europe demeureront fondés sur le pillage, il faut laisser chacun aller voir ailleurs si l’herbe est verte.
Nos jeunes migrants et les générations antérieures sont des héros qu’il faut traiter autrement. Imaginez une grève de six mois de transfert de fond des migrants vers l’Afrique…

 

 

Elijah De BLA

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