Les limites du mouvement CDR de Ras BATH

Ras BATH et les membres du CDR

Les limites du mouvement CDR  de Ras BATH

 

Le premier et seul ennemi du CDR est le CDR lui même. Le fanatisme envers Ras BATH et l’absence de culture associative et militante de nombreux membres de cette organisation pourrait être une bombe à retardement contre ce mouvement qui fait trembler plus d’un aujourd’hui.

L’appartenance à un groupe exprime nécessairement un besoin d’être utile dans une communauté. Celle des membres du CDR s’explique par une volonté de construction nationale. L’excitation mêlée au sentiment d’être intouchable dans un univers politico-sociale folklorique brise tous les codes du débat public dans le monde voulu par certains adeptes de l’expression « choquer pour éduquer ». Critiquer Ras Bath ou le CDR est proscrit pour une partie de la génération du Rasta le plus célèbre du Mali.

Si Ras BATH souhaite demeurer irréprochable, il doit sanctionner ses fanatiques, pardon ses associés quand ceux-ci sortent du moule. Les centaines d’association CDR dans le monde ressemblent de plus en plus à des tirs solitaires que la maison mère ne saurait assumer. La star système guide nombreux maliens à s’afficher publiquement sans fondement militant. Pourtant ils rêvent de peser sur le débat public.  Beaucoup de personnes prennent la parole publiquement à travers les vidéos live sur le réseau social Facebook pour faire dans le sensationnel. À part s’attaquer à d’autres maliens comme eux faiseurs de vidéos en exposant leurs vies privées, ces gens n’ont aucune espèce d’utilité dans le débat public. Dans le cas de la France, le CDR est un poisson à deux têtes au moins. Nous avons eu droit à des batailles rangées de positionnement. Le nombre de vues, de partages et de like sur les réseaux sociaux est devenu le critère de choix. Les capacités réelles sont reléguées au dernier plan. Le CDR doit commencer par éduquer ses propres membres avant de réussir sa grande mission. Ras BATH dispose d’un diamant brut entre les mains. Lui même est né pour réussir le leadership  militant mais il risque de lui manquer des lieutenants fiables pour tailler la pierre précieuse.

Le CDR brasse beaucoup d’argent à travers les levées de fonds pour les dépenses du mouvement notamment les frais liés aux activités du groupe. Les premières fissures viendront du mode de collecte de ces fonds, de la fiabilité des gardiens des fonds et de la capacité des structures de surveillance des fonds.

Le mouvement de Ras BATH ne peut se payer le luxe de malversation financière fut-elle associative.

Le fonctionnement de la structure juridique qu’est l’association est réglementé. L’utilisation des fonds du CDR doit faire une différence entre entretenir Ras BATH et subvenir aux besoins de l’association. Aucune association ne peut lever des fonds dans le but de financer le culte d’un individu. Aucune association ne doit utiliser ses fonds à d’autres fins que celles mentionnées dans ses statuts or aucune institution ne délivrera un récépissé à une association si son but est de nourrir un homme. Le modèle des Ansar Dine de Housmane HAIDARA  est une violation du cadre associatif. Le CDR ne devrait pas suivre ce modèle, il doit éduquer ses membres dans ce sens. Si son but est d’éduquer, il doit commencer par lui-même.

Les derniers bruits émanant du et/ou des CDR France ne rassurent point sur les critères cités. Certains membres accusent d’autres de vouloir détourner l’utilisation des fonds.

Il y’a beaucoup de cacophonies et de tires inamicaux par réseaux sociaux interposés.

Sur un plan cybernétique spatial, le CDR est très limité. Le mouvement n’est présent que sur Facebook et YouTube. Si nous faisons  un diagnostic du référencement des offres du CDR, on peut dire que la structure se prive elle-même d’une présence mieux construite et durable sur le Web. N’ayant ni site web officiel ni blog, ni page officielle Facebook,  le CDR a choisi de produire de l’information que pour ceux qui ont la paresse intellectuelle de lire ou qui ne peuvent pas lire. Sur les autres plateformes du web, le CDR est aux abonnés absents. C’est l’exemple de Twitter utilisé par environ 328 millions de personnes dans le monde (chiffre de Juin 2017). D’ailleurs si le mouvement cadre bien sa communication, il peut générer beaucoup d’argent par son audience. Certainement des esprits maliens malins y ont pensé et le font à la place des membres du CDR. Choquer c’est bien mais monétiser ses efforts c’est intelligent.

Si le CDR veut aller plus loin et plus fort que son statut actuel, il doit draguer plus de monde en faisant en sorte de produire de l’information pour tous. Certains aiment lire, d’autres se contentent de quelques twittes où de vidéos. Facebook et YouTube ne sont pas les réseaux sociaux mais une partie seulement. Il y’a beaucoup de monde dans le CDR, il doit être possible de trouver des gens doués pour gérer la migration vers une offre globale et totale. L’excuse des moyens n’est pas valable. Le CDR ne produit aucun article écrit, sa communication n’a pas évolué depuis le début de l’année dans le sens strict de sa conception. Il gagnerait à promouvoir des lieutenants avec un briefing adapté à chaque lieu et chaque situation. Tous ceux qui prennent la parole ne contribuent pas à l’évolution du mouvement. Le mouvement est impressionnant, l’engouement autour de Ras BATH est phénoménal. L’accueil qui fut le sien à Bamako est un signe que tout le monde a compris.

Ras BATH le leader du CDR accueilli à Bamako
Ras BATH le leader du CDR lors de son accueil à Bamako

Le CDR présente également toutes caractéristiques d’un mauvais parti politique africain qui tourne autour d’un seul homme. Le peuple du CDR se dédie au guide Ras BATH alors que dans son discours il prône la responsabilité de la génération du Rasta.

Il y’a un culte de Ras BATH or c’est précisément ce que dénonce l’intéressé lui-même.  En est-il conscient ? Est-ce voulu ? Le mouvement doit adopter les bons codes s’il veut se perpétuer. Le mouvement ne communique que via la page Facebook de Ras BATH. Le combat est semble-t-il personnifié sur le plan de la communication. Un mouvement qui revendique autant de sympathisants dans le monde ne peut pas ne pas avoir en son sein au moins une seule personne avertie pour alerter sur ces failles grotesques. Le CDR doit avoir son propre outil de communication indépendant de la personne de Ras BATH. Le CDR doit faire émerger d’autres individus pour palier à une vacance de son leader.

Le mouvement doit engager une éducation de ses propres membres en commençant sans doute par les choquer. Le mouvement y gagnerait en maturité et en consistance. L’influence de Ras BATH est-elle aujourd’hui que ces associés ne pensent pas à ces aspects mais à très court terme, les limites du mouvement peuvent apparaitre à ce niveau.

Cette semaine, Ras BATH s’est rendu chez Ousmane HAIDARA le leader de Ansar dine sur recommandation de son père le ministre Mohamed BATHILY.  Si l’intention est un apaisement du climat social, c’est un geste qui coutera cher à la crédibilité du mouvement.

Jusqu’à preuve du contraire, le père de Ras BATH n’est pas membre du mouvement CDR. S’il peut faire des recommandations à son fils, c’est tout à fait normal et logique, ceci dit, ça aurait dû rester dans un cadre privé sans caméra ni buzz.

C’est dans ce type de situation qu’une communication officielle du CDR aurait été utile en ne reprenant pas l’information. Soit le père de Ras BATH est membre du CDR, dans quel cas, la décision d’aller chez HAIDARA est débattue  en assemblée générale avec les autres pour désamorcer le climat tendu,  soit Ras BATH y va au nom de son père sans mêler le CDR. Après tout ce n’est pas une question de la famille BATHILY qui est à l’origine de la tension entre le CDR de Ras BATH et HAIDARA. Les propos tenus par Ras BATH à l’origine de la tension n’engagent que le CDR et ses membres. A ce rythme, nous verrons sans doute Ras BATH chez Mahamoud DICKO, puis chez IBK, Karim KEITA,  Tiéman COULIBALY et tous ceux qui ont été blessé par ses chroniques pour s’excuser par ce que son père le lui aurait demandé.  Ce fut une grave erreur de communication pour le leader d’un mouvement qui dit « frapper et ne pas regarder derrière ». Le mélange des genres est dénoncé par Ras BATH or cette démarche en est l’illustre exemple.  Ras BATH a dit face à la caméra qu’il est venu sur recommandation de son père. Il fait de facto de son père un moyen de pression sur le mouvement du CDR et il se trouve que ce père est membre d’un gouvernement pour lequel le fils ne fait aucun cadeau. Le grand gagnant de cette rencontre du Banconi est le guide des Ansar dine, HAIDARA. Quelques semaines auparavant il disait que le chef des jeunes drogués qui passent leurs temps à l’insulter sur les réseaux sociaux est venu chez lui pour s’excuser sans donner de nom. Nous avons à présent un nom. HAIDARA prend l’ascendance sur Ras BATH dans la dualité combat idéologique qui consiste à contrôler les esprits par la religion pour l’un et à les réveiller par l’autre.

De plus de en plus d’africains autres que maliens s’intéressent au mouvement dirigé par Ras BATH via les réseaux sociaux. Le CDR doit donner les moyens à son leader pour communiquer avec ces africains dans une langue autre que le Bamanankan. L’influence du mouvement pourrait se rependre au-delà du Mali. C’est tout le mal qu’on peut souhaiter au CDR et à Ras BATH. Les problèmes qui sont à l’origine de la naissance du CDR et de son adhésion populaire sont les mêmes en Côte d’Ivoire, au Congo, en Guinée et ailleurs. Un peu de “choquer pour éduquer” dans ces pays fera du Mali une locomotive sociale en lieu et place du peloton de queue tenu par nos politiques.

Choquer pour éduquer c’est bien mais il faut soit même s’éduquer auparavant au risque d’en être choqué. Le CDR a du pain sur la planche en la matière car la substance qui pourrait le détruire se trouve en son sein. L’autocritique et la remise en question ne font aucun mal.

 

 

Elijah De BLA

 

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