La dépigmentation de la peau : un fléau sanitaire pour nos frères et sœurs africains.

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« Bleaching », « xessal », « tchoko », « kopakola «, autant d’appellations pour désigner un phénomène répandu dans nos communautés africaines : la dépigmentation de la peau.

La dépigmentation de la peau est née dans les années 60 aux Etats Unis dans la communauté noire. Le pouvoir blanchissant de l’hydroquinone fut découvert par des ouvriers travaillant dans le milieu du textile ou du bâtiment entre autre. On utilise en effet ce produit pour délaver les jeans par exemple. L’hydroquinone fut depuis utilisée pour se blanchir la peau, et ce phénomène se propagea à échelle internationale.

D’où vient cette volonté de se blanchir la peau ? Certainement d’une nécessité de plaire. Etre clair étant considéré comme signe de beauté, de réussite sociale. D’autres personne vont utiliser ces produits pour uniformiser leur teint, effacer les tâches du visage rapidement par soi-même sans consulter un médecin spécialisé.

Selon Ferdinand Ezembe, psychologue à Paris spécialisé dans la psychologie des communautés africaines « cette attitude des noirs par rapport à la couleur de leur peau, procède d’un profond traumatisme post-colonial. Le blanc, symbolisé par sa carnation, reste inconsciemment un modèle supérieur. Pas étonnant dans ces conditions qu’un teint clair s’inscrive effectivement comme un puissant critère de valeur dans la majeure partie des sociétés africaines. D’ailleurs, ce sont les pays aux passés coloniaux les plus brutaux qui affichent le plus une attirance pour les peaux claires. Dans les deux actuels Congo, même les hommes s’y mettent et travaillent, comme leurs compagnes, à parfaire leur teint. Il faut même rajouter à cela, l’influence majeure du christianisme en Afrique. La représentation exclusivement blanche des grandes figures de la bible a forcément affecté les peuples noirs dans leur inconscient. Cette idée est renforcée par l’allégorie des couleurs dans l’univers chrétien, basée sur des oppositions entre le clair et l’obscur, les ténèbres et les cieux, où le noir s’oppose toujours à la pureté du blanc. Ce phénomène est si profond qu’il va même plus loin que le simple blanchiment de la peau. On remarque beaucoup de femmes Africaines qui se défrisent les cheveux, qui portent des perruques pour avoir les cheveux lisses comme les occidentaux. Le complexe est là. C’est un peu facile de dire qu’un noir qui se teint les cheveux en blond n’ait agi que par une simple mode. Ce qu’il y a, c’est que les africains n’assument pas des attitudes qui sont souvent inconscientes. Toutes les sociétés noires subissent le joug d’un culte de la blancheur. Les Africains ne se sont pas affranchis d’un poids colonial qui pèse de tout son poids sur leur propre identité ».

Alors complexe ? Objectifs conscients on inconscients ? Toujours est-il que ce phénomène touche toutes les couches de la population et surtout tous les âges. De la jeune lycéenne à la femme active en passant par l’homme cinquantenaire, nombreux sont ceux qui s’y adonnent et ce n’est pas sans conséquences…

Acné, infections, pilosité accrue, transpiration excessive, mauvaises odeurs, vergetures, atrophie, troubles de la pigmentation, hypertension artérielle, complications rénales et neurologiques… La liste est longue et elle concerne toutes les conséquences possibles à l’usage de mauvais produits utilisés pour dépigmenter la peau.

L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) s’appuie sur un rapport d’expertise affirmant que 30 à 40% des éclaircissants de peau vendus contiennent des « proportions

élevées de produits non conformes à la réglementation ». Certains contiendraient même des dérivés de mercure et de produits chimiques extrêmement dangereux pour la santé.

Aux vues de toutes ces conséquences, nous devons lutter pour faire disparaitre cette pratique. L’Etat français reconnait même ce problème au même titre que l’alcool et le tabac ! Alors Mesdames, Messieurs, en cas de problèmes de peau n’attendez pas qu’il soit trop tard et n’hésitez pas à consulter. Mais surtout, gardez en tête que la peau noire est belle ! Avoir un beau teint, ce n’est pas forcément être clair, c’est avant tout avoir une peau lumineuse, qui respire la santé.

Fatoumata Soukouna

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